La facture énergétique de la France poursuit son envolée de +34,7% en 2005 pour atteindre 38,26 milliards d'euros, après des augmentations de 24,1% en 2004 et 5,4% en 2003, selon les chiffres du ministère. Elle dépasse ainsi le niveau du premier choc pétrolier mais sans atteindre celui de 1981 et pèse trois fois plus qu'en 1997.Cette facture représente ainsi 2,26% du PIB, soit plus qu'en 2004 (1,72%). En moyenne sur les six années 2000 à 2005, le poids de la facture énergétique de la France se situe à un niveau élevé de 1,66 point de PIB, en hausse de 0,63 point par rapport à l'année 1997, souligne la Direction Générale de l'Énergie et des Matières Premières. Les importations d'énergie ont représenté 50,25 Md€ (+33,5% par rapport à 2004) et les exportations 11,98 Md€ (+29,9%). La hausse de la facture tient donc surtout à celle des cours internationaux des énergies fossiles, indique le ministère.
En revanche le ministre s'est réjoui des progrès de l'efficacité énergétique et de la stabilité de la consommation d'énergie. La consommation totale d'énergie primaire s'élève à 276,5 Mtep, en croissance de +0,3% (contre +1,0% en 2004) et s'affiche donc en net retrait par rapport [NDLR : à la croissance] au PIB (+1,4%), indique le ministère. Le « bouquet » énergétique primaire de la France en 2005 comprend 41% d'électricité nucléaire, un tiers de pétrole, 15% de gaz, 5% de charbon, 5% d'énergies renouvelables thermiques et de déchets (bois, biocarburants, ordures ménagères,...), 2% d'hydraulique et d'éolien.
Ce bouquet énergétique n'est d'origine fossile, donc à base de carbone, qu'à hauteur de 53%, alors que cette part avoisine 80% pour la moyenne européenne, souligne la direction Générale de l'Énergie. L'origine de cette maîtrise de consommation énergétique réside notamment dans des modifications de comportement : les économies d'énergie sont encouragées par les nombreuses mesures incitatives, notamment fiscales prises par le Gouvernement et sans doute influencées par la hausse des prix du pétrole, a indiqué François Loos. Ces économies constatées nous rapprochent de l'objectif de la loi de programme du 13 juillet 2005, soit une réduction de -2% de l'intensité énergétique par an d'ici 2015, a-t-il précisé.
Selon les chiffres du ministère de l'économie et des finances, l'intensité énergétique de la France a baissé de -1,6% pour l'énergie finale, (directement achetée par le consommateur) contre -1,4% en 2004. De plus, d'après les chiffres rendus publics, la consommation d'énergie finale baisse dans tous les secteurs d'activité (-0,6% pour l'industrie, -2,7% pour l'agriculture, -0,8% pour les transports), sauf dans le résidentiel tertiaire (+0,6%).
En y regardant plus en détail, la hausse des prix des énergies entraîne quelques évolutions de comportements voire de changement sur les sources d'approvisionnements. Dans le résidentiel tertiaire, la consommation de gaz progresse de +0,8%, tandis que sur les transports, le kilométrage moyen des voitures particulières chute de 3,0% et les ventes de carburants routiers baissent de 1%. Parmi ces carburants, la consommation de gazole progresse de 0,9%, du fait de la diésélisation persistante du parc automobile, alors que la consommation d'essence accroît sa chute, de 6,0%. Il s'ensuit une sensible hausse des importations de gazole tandis que les biocarburants croissent fortement de 18%.
S'agissant de la production d'électricité, la faiblesse de l'hydraulique (-13%) due à une faible pluviosité, qui n'est pas suffisamment compensée par la légère hausse du nucléaire (+0,7%) ni par le doublement en puissance de l'éolien, entraîne un fort appel aux centrales thermiques classiques d'origine renouvelable ou non (+11%), explique le rapport. Les centrales au charbon sont particulièrement mises à contribution, mais la cogénération semble avoir marqué le pas selon les premiers relevés d'EDF concernant « l'obligation d'achat » (14,7 TWh en 2005, contre 17,1 TWh en 2004). Au total, la consommation d'énergie pour les centrales thermiques classiques fait un bond de +13%.
À partir des bilans de l'énergie, la Direction Générale de l'Energie a estimé que les émissions de CO2 progressaient pour la deuxième année consécutive, avec 0,3%, cette année et +0,2% en 2004. Le fort appel aux centrales électriques thermiques classiques (+14% pour les émissions dont elles sont à l'origine), notamment au charbon, a plus que compensé les baisses enregistrées sur tous les autres secteurs (-1,0% pour les seuls transports), indique t'elle. Si l'on ne tenait pas compte des « puits de carbone », ni des autres gaz à effet de serre, le niveau des émissions de la France en 2005 serait de 3,7% au-dessus du niveau de 1990 (mais 18% en dessous de celui de 1980), précise la direction.
Le ministre de l'Industrie a tenu à préciser que comparée aux autres pays de l'OCDE, la France est l'un des pays dont le ratio des émissions de CO2 par rapport à la population ou au PIB est un des moins élevés, ce qui ne nous exonère en rien de nos efforts à accomplir sur le long terme.
Le récent « Mémorandum de la France pour une relance de la politique énergétique européenne dans une perspective de développement durable » suivi par la parution du Livre vert de la Commission sur une « Stratégie européenne pour une énergie sûre, compétitive et durable » nous ouvrent des pistes pour améliorer la situation énergétique de l'Union, indique François Loos. Que ce soit pour le climat ou pour la sécurité d'approvisionnement, il nous faut poursuivre et intensifier les efforts d'économies d'énergie et nous préparer à des « mix » énergétiques moins carbonés, ajoute t'il. Le Ministre rappelle à cet égard la publication prochaine du rapport du Groupe « Facteur 4 » présidé par Christian de Boissieu.
* Le bilan et la facture énergétique de la France pour 2005
Graphique : Émissions de CO2 dues à l'énergie (en millions de tonnes de carbone, selon une méthodologie développée par l'Observatoire de l'énergie à partir des bilans de l'énergie, avec correction climatique).