« L'année 2020 constitue, avec la survenance de la pandémie liée au Covid-19, une situation inédite vis-à-vis des activités industrielles. Il s'agit indéniablement du fait marquant le plus significatif qui se sera imposé aux entreprises », relève Cédric Bourillet, directeur général de la prévention des risques, en introduction de l'inventaire 2020 (1) des accidents technologiques. Cet inventaire, réalisé par le Bureau d'analyse des risques et pollutions industriels (Barpi), recense 1 417 événements technologiques survenus en France et enregistrés dans la base Aria au 1er avril 2021, tous domaines d'activités confondus (ouvrages hydrauliques, canalisations, transport, mines, etc.).
Dans les installations classées (ICPE), l'année 2020 a été marquée par 979 événements (incidents, accidents, accidents majeurs) contre 1 145 en 2019. Soit une baisse de 14 %. Cette baisse est plus marquée parmi les installations non Seveso (-15 %). « Une baisse significative des accidents est constatée avec un retour à des niveaux connus plus de cinq ans en arrière pour les établissements soumis à autorisation, enregistrement ou déclaration », rapporte le Barpi.
La baisse des événements est un peu moins marquée parmi les établissements Seveso (-12,5 %). Elle concerne davantage les incidents que les accidents. « Le nombre d'accidents majeurs reste compris dans la fourchette habituelle (environ une demi-douzaine par an) », rapporte le service du ministère de la Transition écologique, avec des conséquences principalement économiques.
Hausse des accidents après le premier confinement
Si l'année 2020 a connu une baisse globale de l'accidentologie, le Barpi a toutefois relevé une évolution contrastée au cours de l'année, en lien direct avec la pandémie : une baisse significative en mars-avril liée à l'arrêt des activités lors du premier confinement, une hausse en mai-juin liée à une reprise d'activité « généralement associée à un regain d'accidents » mais finalement « relativement bien maîtrisée », puis une accidentologie « dans la fourchette basse des cinq dernières années » sur la période septembre-décembre.
« Si l'organisation pour faire face à certaines situations exceptionnelles (agressions naturelles, malveillance, grèves…) doit être prévue et éprouvée par les exploitants, l'analyse de certains événements survenus en 2020 dans un contexte inédit, révèle que la résilience des sites industriels doit également être renforcée en ce qui concerne la sécurité », conclut le rapport. Car, comme le souligne Cédric Bourillet, « la situation de pandémie n'a, à notre connaissance, jamais été étudiée en tant que telle, hormis au travers de plans de continuité d'activité, lorsqu'ils existent ».