C'est pourquoi à l'occasion de la réunion qui regroupe actuellement à Berlin les 20 acteurs du GPAO, l'AIE a présenté son dernier rapport intitulé « Utilisation de l'énergie dans le nouveau millénaire : tendance des pays de l'AIE ». Pour Nobuo Tanaka, le directeur de l'agence, les résultats sont clairs : les améliorations de l'efficacité énergétique ont joué un rôle majeur en limitant les augmentations de l'utilisation de l'énergie et les émissions de CO2 dans les pays de l'AIE. Cependant, il est clair que davantage peut être fait.
Selon l'étude de l'AIE, depuis 1990 les économies réalisées grâce à une meilleure efficacité énergétique représentent une réduction des émissions de CO2 de 14% par rapport aux prévisions de référence soit 1,2 milliards de tonnes. Ces économies sont approximativement équivalentes à la consommation énergique annuelle et aux émissions de CO2 du Japon et représentent financièrement 170 milliards de dollars par an. Selon le rapport de l'AIE, dans le secteur industriel, les efforts ont été payants : l'utilisation de l'énergie et les émissions de CO2 sont restées stables depuis 1990, alors que le rendement a augmenté de presque un tiers.
Cependant, selon l'AIE, le taux d'amélioration de l'efficacité énergétique depuis 1990 est deux fois moins important que le taux observé durant les années 70 et les années 80 et la consommation d'énergie continue à augmenter. L'agence estime d'ailleurs que les approches de l'efficacité énergétique devraient être remodelées. Dans les ménages et le secteur des services par exemple, l'utilisation de l'électricité augmente beaucoup plus rapidement que la consommation de carburants comme le pétrole ou le gaz. En conséquence, les équipements et la climatisation rejoignent le chauffage comme source la plus significative d'émissions de CO2. Autre exemple : les nouvelles technologies de moteur et la conception des véhicules ont permis de réaliser des économies significatives pour les voitures de tourisme notamment. Cependant dans beaucoup de pays, ces gains ont été annulés par l'augmentation du nombre de véhicules et le comportement des conducteurs favorisant le « tout-voiture ». Ainsi, désormais, les sources d'économie sont plus diffuses, concernent la population en général et de ce fait nécessitent des politiques nationales actives pour être mobilisées.
Mais en dépit de quelques éléments positifs et bien qu'elle précise toutefois que l'étude porte sur la période 1990-2004 et ne prend pas en compte l'impact de nombreuses politiques entrées en vigueur récemment, la nouvelle publication de l'AEE prouve clairement que les pays ne sont pas sur la voie d'un futur énergétiquement efficace : nous devons trouver de nouveaux moyens d'accélérer le découplage de l'utilisation de l'énergie et des émissions de CO2 de la croissance économique, explique Nobuo Tanaka. Selon lui il reste un potentiel d'amélioration dans les bâtiments, les équipements, l'industrie et les transports. Mais ces améliorations doivent être réalisées plus rapidement que jusqu'à maintenant. Cela exigera une action forte et innovatrice de la part de gouvernements, estime Nobuo Tanaka.
Selon l'AIE, les gouvernements doivent établir et maintenir un cadre global pour surveiller les tendances de consommation d'énergie et favoriser les transferts de données statistiques. L'étude rappelle également que la consommation importante d'énergie demeure profondément enracinée dans le style de vie des consommateurs. Une action très forte est donc nécessaire envers tous les secteurs pour que cette demande soit contrecarrée par des gains d'efficacité énergétique.