Le Gouvernement revoit sa copie sur la pêche à l'anguille d'Europe (Anguilla anguilla), quatre mois après une décision du Conseil d'État en ce sens. Le projet d'arrêté, soumis à la consultation depuis le 10 août et jusqu'à la fin du mois, prévoit l'abrogation de l'arrêté du 9 mars 2023, fixant jusqu'ici les dates d'ouverture et de fermeture de cette pratique pour la période 2023-2024.
En avril dernier, en réponse à une sollicitation de l'Association française d'étude et de protection des poissons et l'ONG Défense des milieux aquatiques, la Haute Juridiction a attesté la non-conformité du texte initial avec le règlement européen de janvier 2023, qu'il était censé respecter. L'arrêté fixait notamment des calendriers de pêche à la civelle (l'avelin marin, de moins de 12 centimètres, de l'anguille d'Europe) et à l'anguille jaune (sa forme dite « de montaison », en eau douce) excédant la durée minimale autorisée de six mois, consécutifs ou non.
Pour corriger le tir, le projet d'arrêté (1) se focalise sur deux dispositions. En premier lieu, il interdit catégoriquement la pêche récréative de l'anguille, « à tous ses stades de développement », dans le domaine maritime « en aval de la limite de salure des eaux » (c'est-à-dire, en mer et en embouchure du fleuve). Par ailleurs, il restreint davantage les périodes de pêche professionnelle pour deux formes de l'anguille d'Europe. Il n'autorise les prélèvements de civelle que dans six des neuf zones réglementaires ou unités de gestion de l'anguille (UGA) : de novembre ou décembre 2023 jusqu'en janvier ou février 2024 en Bretagne et dans les bassins de la Loire, de la Garonne et de l'Adour ; et de février à avril 2024, dans l'Artois-Picardie et en Seine-Normandie. S'agissant de l'anguille argentée (le dernier stade adulte de l'espèce, dit « d'avalaison », atteint au moment de sa reproduction en mer des Sargasses dans les Caraïbes), le projet d'arrêté n'autorise sa pêche qu'en Corse et dans le bassin du Rhône, d'octobre 2023 à mars 2024.