L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié son baromètre 2020 (1) sur la perception, par les Français, des risques et de la sécurité. Un baromètre qui enregistre chaque année des mouvements d'opinion en fonction de l'actualité, mais qui a été réalisé ici avant la crise sanitaire de la Covid-19.
Dérèglement climatique et perte de biodiversité
Pour les Français interrogés, les deux sujets actuels les plus préoccupants sont la grande pauvreté et l'exclusion (20 %), et le dérèglement climatique (17 %), en hausse constante ces dix dernières années. Sur la question spécifique des sujets environnementaux, c'est le dérèglement climatique qui est nettement en tête, rassemblant environ un tiers des réponses (- 4 points par rapport à 2018 mais + 18 points depuis 2013). La disparition d'espèces animales (15 %) conserve la deuxième position. La troisième est désormais occupée par les dommages dus aux catastrophes naturelles, davantage cités cette année (13 %, + 5 points), dans le contexte des inondations ou des glissements de terrain qui ont eu lieu dans le Sud-Est de la France au moment de l'enquête.
Pas d'effet Lubrizol
Concernant le potentiel catastrophique des installations industrielles, l'étude n'enregistre pas « l'effet Lubrizol », qui aurait pu être attendu à la suite de l'incendie de l'usine chimique le 26 septembre 2019. Pour les Français, les activités les plus à même de provoquer un accident grave ou une catastrophe sont en premier lieu les centrales nucléaires (33 %), le stockage de déchets radioactifs (20 %), les installations chimiques (18 %), puis les laboratoires de recherche sur les virus (7 %).
Les risques auxquels les Français se sentent les plus exposés sont le terrorisme (65 % de risque « élevé »), le cancer (64 %) et les pesticides (55 %). Les inondations et la canicule remontent fortement dans le classement, probablement en lien avec les événements climatiques survenus dans les mois précédant l'enquête. Les centrales nucléaires (44 %) et les déchets radioactifs (44 %) restent positionnés en milieu de tableau.
Solaire et éolien contre nucléaire et pétrole
Attachement au principe de précaution
L'IRSN a également décidé d'insérer dans son baromètre un sondage réalisé sur Internet, après la crise sanitaire mondiale, pour en évaluer les impacts sur les Français. Quarante-quatre pour cent des sondés disent avoir une bonne opinion des experts scientifiques, et 41 %, une opinion ni bonne ni mauvaise. « C'est une dégradation par rapport aux tendances historiques, la moyenne étant jusqu'alors de 55 % de bonne opinion », note l'IRSN. La moitié (50,3 %) des personnes interrogées estime que les décideurs politiques ne prennent pas assez en compte les avis des experts scientifiques. Sont également attachés au principe de précaution 73,5 % des personnes interrogées, qui estiment qu'« en matière de risque, il est normal de prendre toutes les précautions, même lorsque les experts n'ont que des doutes ».