Un peu moins de deux ans après son appel aux parties prenantes du tourisme de l'Union européenne à s'engager dans une démarche de transition durable et numérique, la Commission dresse un premier bilan des progrès accomplis par ce secteur, dans un rapport publié mardi 30 janvier. Dans le cadre de ce « Parcours de transition », 204 organisations avaient pris 424 engagements dans les 27 domaines d'action identifiés : transport multimodal, circularité des services (consommation locale et lutte contre le gaspillage notamment), méthodologie de l'empreinte environnementale des produits, sensibilisation aux besoins en compétences, etc.
Couvrant toutes les thématiques, ces engagements locaux provenaient de 34 pays issus de l'Union européenne, notamment l'Espagne, la Belgique et l'Italie, ou en dehors (Albanie, Japon, Norvège, Royaume-Uni, États-Unis). Pour la région Pays de la Loire, par exemple, l'objectif était de permettre à tous les voyageurs d'accéder à leur destination par des moyens de transport verts, sans recourir à leur voiture. Pour Bordeaux Métropole, il s'agissait de construire une feuille de route du tourisme urbain avec l'ensemble des parties prenantes : habitants, élus, associations, professionnels et institutionnels. À noter que les PME étaient à l'origine de 16% des projets.
Le tissu économique en première ligne
La Commission européenne a examiné la nature et l'avancement de ces engagements. Le plus grand nombre, soit 45, a porté sur le soutien aux entreprises touristiques en transition, permettant l'essor des innovations commerciales et technologiques en termes d'offres d'activité, de valorisation ou de préservation des ressources naturelles. Viennent ensuite les projets liés au développement de stratégies touristiques et à l'amélioration des statistiques et des indicateurs. Les actions en faveur de la résilience et de l'inclusion ont également progressé mais de manière moins importante. Les parties prenantes se sont moins appropriées ce volet, préférant le laisser aux acteurs publics, constatent les rapporteurs.
Ces parties prenantes ont en revanche largement participé au développement d'initiatives en matière d'éducation et de formation, en particulier auprès des salariés déjà en poste dans ce secteur. L'étude souligne toutefois qu'un engagement plus fort des États permettrait un renforcement des compétences locales et régionales, tout en anticipant les futurs besoins sur le marché de l'emploi. En 2022, 56 500 personnes avaient bénéficié d'actions de perfectionnement ou de reconversion. « Ce nombre doit doubler pour atteindre l'objectif de former 10 % de la main-d'œuvre touristique chaque année », jugent les experts de la Commission.
Des actions bien engagées
En octobre 2023, sur les 204 organisations qui avaient exprimées leur soutien au processus de transition, 63 % ont formulé et soumis des engagements d'actions concrètes et complétées d'objectifs ou d'indicateurs en termes de résultats. Sur cet ensemble, 36 % peuvent déjà être partagés et 8 % sont entièrement réalisés. Les progrès les plus importants ont été accomplis dans les domaines de la politique et de la gouvernance : amélioration des indicateurs, élaboration de stratégies touristiques globales, etc. Autant de sujets sur lesquels les organisations publiques se sont beaucoup investies. Ainsi, 19 États-membres ont développé des stratégies touristiques durables et nombre d'entre eux créent ou ont créé des mécanismes de collecte de données pour suivre leur programme. Tous les domaines de travail progressent et doivent être soutenus, estime la Commission.
Une dynamique à élargir
Cet état des lieux laisse par ailleurs entrevoir un certain potentiel d'évolution. Ainsi, remarquent les rapporteurs, certaines initiatives en matière de changement climatique, de tourisme culturel ou de bien-être des communautés locales ont tendance à se recouper, montrant que le cadre de la Commission, vu de manière non-restrictive, représente surtout « une invitation à agir et à réfléchir sur l'avenir du tourisme. »
Dans le même temps, les discussions entre parties prenantes ont mis en évidence la pertinence d'y inclure d'autres, comme le soutien au voyageur responsable, mais aussi de s'ouvrir à d'autres univers comme ceux de la science comportementale, des activités régénératives ou de l'économie sociale. Écosystème complexe et diversifié, le tourisme comptait plus de 3,2 millions d'entreprises en 2022, dont 92 % de micro-entreprises, et autour de 20 millions d'employés.