"Des effets génotoxiques possibles ainsi que des effets neurologiques pendant le développement, étayés par des données épidémiologiques indiquant des effets sur les enfants". Tel est le résultat disponible de l'évaluation des effets sur la santé humaine de l'insecticide chlorpyrifos rendu public par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) le 2 août.
Ces informations avaient été demandées à l'Efsa par la Commission européenne alors que la demande de renouvellement d'approbation de la substance est en cours d'évaluation dans le cadre du système d'examen par les pairs mis en œuvre dans l'Union européenne. "Aucun niveau d'exposition sûr ne peut être fixé pour la substance", conclut l'Autorité sanitaire, qui en déduit qu'elle ne satisfait pas aux critères requis par la législation pour autoriser son renouvellement. L'autorisation actuelle du chlropyrifos expire le 31 janvier 2020.
Une coalition d'ONG, rassemblant Health and Environment Alliance (Heal), Générations futures, SumOfUs et Pesticides Action Network (PAN), exhortent la Commission européenne et les Etats membres à interdire totalement le pesticide suite à cette communication de l'Efsa. "Compte tenu de la quantité de preuves scientifiques déjà disponibles sur les effets nocifs du chlorpyriphos sur la santé – en particulier pour les enfants – les citoyens européens seraient choqués et déçus si le chlorpyriphos était approuvé pour une année supplémentaire", préviennent les ONG.
Le chlorpyrifos figure parmi les 15 substances actives les plus fréquemment trouvées dans les aliments non transformés européens et en particulier dans les fruits, selon une étude des ONG Heal et PAN publiée en juin dernier. Une série d'articles publiés par plusieurs médias européens, dont Le Monde en France, a montré que le processus européen d'autorisation initiale de la substance avait ignoré des centaines d'études indépendantes démontrant ses effets néfastes pour le cerveau et qu'il avait reposé sur une seule étude financée par l'industrie.
"Autorisés à l'échelle européenne, commercialisés dans vingt pays européens, le chlorpyrifos et ses résidus présents dans les fruits et les légumes (…) circulent librement dans l'Union européenne, allant jusqu'à intoxiquer les enfants des huit pays (…) où ce pesticide est interdit", dénonçait en juin l'eurodéputée écologiste Michèle Rivasi. En France, précise Générations futures, cette substance ne compte plus qu'un produit autorisé.