Total va transformer sa raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne) en une plateforme de production de biocarburant et de bioplastique, a annoncé le groupe pétrolier le 24 septembre. L'entreprise compte investir « plus de 500 millions d'euros » pour achever cette transformation « à l'horizon 2024 ». « Parallèlement, le raffinage du pétrole brut s'arrêtera au premier trimestre 2021 et le stockage de produits pétroliers fin 2023 », ajoute l'entreprise.
Cette reconversion du site s'explique par les difficultés rencontrées sur le pipeline d'Ile-de-France (PLIF) qui relie sur 260 km Grandpuits au port maritime du Havre et permet l'approvisionnement en brut de la raffinerie. « En 2019, la raffinerie de Grandpuits avait dû s'arrêter pendant plus de cinq mois à la suite d'une fuite apparue sur le PLIF », explique Total, précisant qu'une première fuite était déjà survenue en 2014 en Seine-Maritime. Actuellement, le pipeline ne fonctionne qu'à 70 % de sa capacité pour éviter un nouvel accident. « Le remplacement du PLIF est la seule solution pour revenir à un fonctionnement normal de la raffinerie, mais nécessiterait un investissement de près de 600 millions d'euros », explique le groupe pétrolier, qui préfère donc transformer le site.
« Sur les 400 postes que compte aujourd'hui la plateforme de Grandpuits et le dépôt associé de Gargenville (Yvelines) 250 postes seront maintenus », assure le groupe pétrolier. Par ailleurs, « la plateforme de Grandpuits continuera à faire appel en priorité à ses entreprises partenaires, représentant l'équivalent de 200 emplois à temps plein ». Aujourd'hui, les entreprises partenaires intervenant sur la plateforme emploient 300 personnes.
Production de PLA et recyclage du plastique
Après conversion, la raffinerie disposera d'une capacité de production de biocarburant de 400 000 tonnes par an : une capacité de 170 000 tonnes sera dédiée aux biocarburants aériens, 120 000 tonnes aux carburants routiers et 50 000 tonnes à la production de naphta pour bioplastique. « Elle sera alimentée majoritairement par des graisses animales en provenance d'Europe et des huiles de cuisson usagées qui seront complétées par des huiles végétales de type colza, à l'exception de l'huile de palme », annonce Total.
Parallèlement, Total construira en partenariat avec Corbion, un groupe agroalimentaire néerlandais, une usine de production d'acide polylactique (PLA, pour polylactic acid), un plastique fabriqué à partir de sucre. Cette résine, présentée par Total comme étant biodégradable et recyclable, « répond à une demande en forte croissance, en particulier dans les marchés des films, des conditionnements rigides et dans de nombreuses applications industrielles ». Avec une capacité de 100 000 tonnes par an, cette usine permettra aux deux entreprises de devenir le premier producteur mondial de PLA. Les deux partenaires disposent déjà, depuis 2018, d'un site de production en Thaïlande.
Le recyclage des plastiques complétera la transformation du site : Total, en association avec Plastic Energy, construira une unité de valorisation chimique des plastiques. « Cette unité pourra transformer des déchets plastiques par un procédé de pyrolyse [en une] matière première permettant la fabrication de polymères présentant des qualités identiques à celles des polymères vierges. » L'usine, dont la mise en service est annoncée pour 2023, pourra traiter 15 000 tonnes de déchets plastique par an.
Enfin, Total va construire deux centrales photovoltaïques, l'une d'une capacité de 28 mégawatts (MW) (sur le site de Grandpuits) et l'autre de 24 MW (sur celui de Gargenville). Elles « contribueront à l'ambition de Total de fournir de l'électricité verte à l'ensemble de ses sites industriels en Europe ».