La Directive 94/62/CE du Parlement européen et du Conseil, du 20 décembre 1994, relative aux emballages et aux déchets d'emballages impose aux États membres de recycler selon les matériaux, entre 15% et 60% de ceux-ci à l'échéance de 2008. Pour le verre ce taux est fixé à 60%. Ainsi plus de 30 ans après le premier Geste Verre et avec près de 57% de taux de recyclage en 2006, l'objectif est pratiquement atteint, indique Michel Gardes, président de Verre Avenir, organe chargé d'assurer la promotion du verre d'emballage et de l'information des collectivités, des établissements scolaires et du citoyen.
Pourtant, le bilan 2005 et 2006 montre un vrai coup de frein, s'inquiète Michel Gardes. En effet, la croissance de la collecte en verre mixte estimée à 5 % n'a été que de 1 % en 2005. Et ce taux de 60 % défini par la Directive Européenne n'est pas une fin en soi, mais plutôt un ordre de grandeur qui peut être dépassé, explique-t-il. En outre l'industrie verrière se prépare à un objectif plus amitieux pour l'horizon 2009/2014 qui sera défini en 2007. De plus, les verriers doivent répondre à une demande croissante d'emballages en verre blanc, et ne disposent pas pour cela, du calcin adapté.
Autre constat : la qualité du verre collecté s'est dégradée pour au moins deux raisons : le système de collecte au porte-à-porte et la multiplication d'implantations de conteneurs inappropriées pour une collecte de qualité. La collecte en porte à porte, qui représente aujourd'hui 20 % du volume collecté a en effet permis d'obtenir des résultats quantitatifs mais la qualité du verre collecté a été affectée, explique Verre et Avenir. Lorsque les citoyens trient chez eux, la tentation est grande pour les consommateurs de mettre tout le verre ou ce qui est identifié comme tel dans le bac à verre : le plateau cassé du micro-ondes, par exemple, qui est en… vitro-céramique, et qui ne fondra pas à la même température que le verre d'emballage, produisant les fameux infusibles dans les fours ; ou le verre ébréché qui, en se cassant lors de la collecte, va produire de la poussière de verre, et pas du calcin. C'est encore le cas pou la vaisselle (plats et assiettes cassés en verre trempé ou en céramique/faïence).
Si ces contraintes sont désormais prises en compte par les traiteurs qui ont mis de nouvelles techniques au point comme la détection spécifique par laser pour détecter le vitrocéramique, le coût s'en ressort en Recherche & Développement comme en équipement matériel. Dans ce contexte, il est évident qu'il vaudrait mieux faire porter l'action sur l'amont (la communication vis-à-vis du consommateur ou le mode de collecte) pour améliorer la qualité, plutôt que sur l'aval (des investissements coûteux qui devront être pris en compte dans la chaîne du recyclage), estime l'organe de communication de la Chambre Syndicale des Verreries Mécaniques de France (CSVMF).
Rappelons que les enjeux écologiques du recyclage du verre sont grands. L'utilisation du calcin dans le processus de fabrication du verre a pour avantage écologique majeur d'économiser de l'énergie, puisque le verre collecté fond à température moins élevée que les matières premières naturelles, donc plus facilement et plus vite. Il permet à ce titre de limiter le rejet de CO2 dans l'atmosphère. En effet, chaque tonne de calcin enfournée permet de réduire d'environ 500 kg les émissions de CO2 par rapport aux matières premières. Il a en outre pour avantage de réduire le prélèvement sur les ressources naturelles, puisque le calcin se substitue aux matières premières (sable de silice, calcaire et carbonate de soude) qui entrent dans la composition du verre. Enfin, il permet de diminuer le volume des déchets et de valoriser au maximum les déchets ménagers en évitant la mise en décharge ou l'incinération. À l'heure actuelle son recyclage évite le rejet de 2 millions de tonnes de déchets ménagers par an, souligne Michel Gardes.
Les enjeux sont tels qu'ils est essentiel pour le citoyen, la collectivité autant que pour les verriers d'accroître quantitativement le recyclage du verre. Une plus grande quantité de verre recyclé, ce sont des coûts de recyclage moindre pour la collectivité, explique Verre et Avenir. La vente du verre aux verriers-recycleurs procure des ressources financières aux collectivités territoriales alors que la gestion du déchet non valorisé a un coût qui pèse sur les finances locales. Et comparée au recyclage, l'élimination en incinérateur représente un surcoût de 68,10 € à 133,10 € par tonne, supportée par les collectivités. Les verriers ont également intérêt à augmenter le taux de recyclage pour pérenniser leur approvisionnement en calcin mais aussi pour les rejets de CO2. Rappelons en effet que l'industrie du verre a été intégrée dans les plans nationaux d'allocation de quotas (PNAQ) de gaz à effet de serre.
Si les aspects quantitatifs sont primordiaux, la qualité est également essentielle car le verre de collecte non conforme aux Prescriptions Techniques Minimales (P.T.M) est refusé et mise en décharge aux frais de la collectivité !