Ce jeudi 27 février, France Énergie Éolienne (FEE) et le Syndicat des énergies renouvelables (SER) se sont exprimés pour défendre l'éolien. « C'est remarquable, parce que cela fait au moins huit ans qu'il n'y a pas eu de conférence de presse commune », alerte Jean-Louis Bal, président du SER.
Aujourd'hui, l'ambition affichée par l'État est jugée satisfaisante : la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), en passe d'être adoptée, prévoit de porter entre 32 000 et 34 000 mégawatts (MW) la capacité éolienne installée en 2028, contre 16 000 MW actuellement. Mais les moyens alloués sont jugés insuffisants. Les deux acteurs réclament donc une « cohérence très claire » entre les objectifs nationaux et les outils mis en œuvre par les pouvoirs publics. Pour atteindre l'objectif 2028, il faudrait installer environ 1 800 MW par an, soit 500 MW de plus qu'actuellement, alerte Nicolas Wolff, président de la FEE.
Le 2 mars prochain, la FEE et le SER feront une série de propositions pour y remédier, dans le cadre du groupe de travail mis en place par le ministère de la Transition énergétique fin 2017, et relancé le 18 décembre dernier.
Une fiscalité au service de la transition énergétique locale
L'éolien est attaqué depuis plusieurs mois, constatent les deux syndicats professionnels. Aujourd'hui, l'heure est suffisamment grave pour qu'ils jugent nécessaire de porter publiquement une position commune. C'est la première fois depuis que la FEE a quitté le SER en 2012…
Le point d'orgue de ce regain de critiques a été atteint le 18 février, à l'occasion d'une audition au Sénat, lorsque la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, a fustigé le « développement anarchique » de l'éolien. Loin d'être anarchique, explique Nicolas Wolff, l'installation des parcs est « sous contrainte ». « Le cadre règlementaire est très stricte », confirme Jean-Louis Bal, rappelant que la décision « est entre les mains de l'État », puisque les préfets décident du développement, ou non, des parcs.
Les critiques traduisent surtout les problèmes d'acceptabilité de l'éolien, ou tout au moins la forte visibilité des opposants. Pour y remédier, les professionnels proposent une mesure phare : mettre en place une fiscalité qui permettrait d'optimiser les retombées économiques d'un parc. Le principe de ce prélèvement serait de ponctionner les parcs éoliens pour accompagner la transition énergétique des territoires sur lesquels ils sont implantés. À ce stade, seul le principe est présenté. L'assiette, le taux de prélèvement et les bénéficiaires, restent à définir. La taxe pourrait porter sur l'investissement réalisé lors de la création des parcs ou sur les revenus des parcs. Les bénéficiaires pourraient être les communes ou les intercommunalités.
Un bonus pour harmoniser le déploiement de l'éolien ?
Reste néanmoins que toutes les critiques ne sont pas déplacées. Au-delà de sa formule choc, la ministre critiquait surtout la saturation de certains territoires. La FEE et le SER reconnaissent que l'éolien est mal réparti, puisque les parcs se concentrent sur deux régions : les Hauts-de-France et le Grand-Est. L'éolien s'est développé dans « les régions avec le moins de contraintes et le plus de vent », justifie Nicolas Wolff. Mais cela n'est pas satisfaisant, concèdent les deux acteurs. Ils reprennent donc à leur compte les termes employés par Élisabeth Borne qui appelait à une répartition « plus harmonieuse » sur l'ensemble du territoire.
Les professionnels proposent une autre façon de procéder, articulée en trois points, explique Nicolas Wolff : il faut libérer de l'espace, générer des autorisations et définir un mécanisme tarifaire pour améliorer la rentabilité des projets dans les zones moins venteuses. Autant d'éléments qui renvoient directement à l'action des services centraux et déconcentrés de l'État.
Quant au dernier point, il pourrait être mis en œuvre par le biais d'un bonus dont bénéficieraient les parcs construits dans les zones moins équipées en éolien. Mais cette option paraît difficile, puisque la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne s'oppose à des appels d'offres favorisant certaines zones géographiques. Pour l'instant, seul l'appel d'offres photovoltaïque concernant le département du Haut-Rhin dans le cadre de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, a eu un passe-droit…