Amorce - association des collectivités et des acteurs des déchets - a rendu publique mi-décembre une nouvelle étude en partenariat avec l'Ademe (1) , visant à aider les collectivités à évaluer les coûts et optimiser la gestion des déchets organiques des ménages, effectuée soit par traitement mécano-biologique (TMB), soit par compostage de biodéchets collectés sélectivement.
L'objectif est d' ''évaluer de manière homogène et neutre les performances techniques et économiques des unités de TMB et des installations de traitement des biodéchets, et l'impact de tels choix sur la gestion globale des déchets ménagers de la collectivité'', a expliqué Amorce. Le but étant aussi d'aider les élus à atteindre les objectifs fixés par la loi Grenelle 1 de valorisation matière et organique des déchets ménagers de 35% en 2012 et de 45% en 2015, ainsi que l'objectif de réduction de 15% de déchets incinérés ou stockés en 2012.
Le périmètre de l'étude comporte les déchets organiques mais également les ordures ménagères résiduelles (OMR) et les emballages. Un ensemble d'indicateurs de coûts et de performance de la gestion de ces déchets, tenant compte du service rendu à l'habitant, a été défini. Parmi les indicateurs ''quantifiables'' retenus dans l'étude figurent le nombre d'habitants par déchèterie et de points de regroupement, le tonnage de déchets collectés en porte-à-porte mais aussi le taux de foyers équipés d'un composteur individuel ou de quartier.
Sept exemples de gestion sont ainsi présentés dans ce rapport. Il s'agit de quatre collectivités (dont le nombre d'habitants varie de 42.000 à 270.000) traitant leurs OMR par procédé mécano-biologique (TMB) et trois collectivités (de 41.000 à 205.000 habitants) compostant les biodéchets collectés sélectivement. Les quantités totales de déchets ménagers inclus dans l'étude sont en moyenne de 426 kg par habitant par an avec des extrêmes à 300 kg (collectivité avec redevance incitative) et 530 kg par habitant par an (collectivité collectant beaucoup de déchets verts).
Evaluer la distribution des coûts
Cette étude ''a permis aux collectivités qui ont participé de se rendre mieux compte de la distribution de leurs coûts entre les différentes étapes de la gestion des déchets considérés'', souligne Amorce. Cet exercice ''permet des simulations globales, et de peser avantages et inconvénients par rapport à la gestion globale des déchets considérés (…) Il s'agit surtout de sortir des débats entre les tenants de tel ou tel mode de gestion des déchets organiques, qui présentent souvent des coûts ou des impacts partiels, sans considérer qu'il peut être légitime de dépenser plus si le service rendu est jugé supérieur'', indique l'association d'élus.
En octobre dernier l'association de consommateurs UFC-Que-Choisir avait dénoncé dans une étude une gestion des ordures ménagères par les collectivités trop chèrement payée par les consommateurs. Cette étude de l'UFC faisait suite au rapport de la Cour des comptes qui avait également pointé en septembre dernier la dérive des coûts en la matière.
La collecte sélective plus onéreuse
Résultats : pour les sept cas étudiés, la collecte sélective coûterait plus cher qu'une collecte des OMR par traitement mécano-biologique à la tonne. En effet, chiffre Amorce, ''le coût de collecte + traitement par TMB des OMR'' varie de 146 à 177 euros la tonne alors que ''le coût de collecte + traitement des biodéchets séparés'' varie de 153 à 372 euros la tonne.
Le gisement capté par cette collecte sélective n'étant pas très important (une partie des fermentescibles reste dans les OMR), la dépense reste toutefois ‘''modérée'' et le coût technique des systèmes avec collecte sélective des biodéchets est ''seulement un peu plus élevé que celui des systèmes avec traitement mécano-biologique'', nuance l'étude. Ainsi, les coûts techniques (2) globaux (définis dans la matrice des coûts développée par l'Ademe) de gestion des déchets concernés par l'étude varient de 64 à 81 euros par habitant par an pour les collectivités avec TMB (soit 145 à 179 euros la tonne) et de 74 à 103 euros par habitant par an pour les collectivités avec collecte sélective de biodéchets. Ce qui équivaut à 210 à 247 euros la tonne. Cependant, ces coûts dépendent de l'ensemble des choix de gestion des déchets de chaque collectivité (notamment incinération ou stockage des OMR).
TMB : un meilleur taux de valorisation des matières organiques …
Autre constat : les schémas de gestion des déchets incluant un traitement mécano-biologique (TMB) ''captent plus de matière organique et produisent plus de compost''. Pour les collectivités utilisant un TMB, Amorce note 22% à 55% de valorisation organique sur l'ensemble du gisement de déchets étudié, ''sachant que deux collectivités ont beaucoup de déchets verts à gérer''. Concernant les collectivités utilisant la collecte sélective des biodéchets, si celle-ci ''permet de séparer à la source 47 à 88 kg par habitant desservi par an de déchets organiques des OMR", le taux de taux de valorisation organique global (compost produit + pertes de fermentation) reste inférieur et ''varie de 14% à 32%''.
… mais un compost de qualité moindre
Toutefois, la qualité du compost obtenu par TMB est plus ''aléatoire'' avec une ''marge plus faible'' par rapport aux seuils de la norme en vigueur NF U44 051. La teneur relevée en certains polluants métalliques (zinc, cuivre et plomb) est ''plus élevée'' pour deux composts obtenus par TMB. Idem pour la teneur en métaux + verre > 2mm.