L'étude a été lancée en 2000 et coordonnée par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) dans 13 pays - Allemagne, Australie, Canada, Danemark, Finlande, France, Israël, Italie, Japon, Norvège, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Suède. Elle porte sur un panel de personnes - 2.708 cas de gliome, 2.409 cas de méningiome - ayant utilisé un téléphone pendant plus de dix ans. C'est la première du genre à réunir autant de cas exposés, notamment d'utilisateurs intensifs, sur une aussi longue période, indique le Circ dans un communiqué.
L'étude suggère tout de même un risque accru de gliomes (+40%) et de méningiomes (+15%) pour les plus gros utilisateurs de portable, ayant téléphoné en moyenne une demi-heure par jour pendant 10 ans. ''Mais des biais et erreurs empêchent une interprétation causale'', tempère le groupe d'étude Interphone.
De nombreuses limites à l'étude
La conduite de l'enquête n'a pas été sans mal. Attendus pour la fin de l'année 2003, ses résultats sont le fruit d'une négociation ardue entre les membres du groupe d'étude : certains concluant à un accroissement du risque, d'autres non, d'autres estimant enfin qu'il était impossible de conclure…
Autre limite : Interphone s'intéresse aussi à des pratiques en matière de téléphonie mobile bien moins intensives qu'aujourd'hui. Bien que les émissions moyennes des téléphones portables soient en baisse, ''l'utilisation du téléphone portable est devenue beaucoup plus répandue et il n'est pas rare que les jeunes utilisent leurs téléphones portables une heure ou plus par jour'', rappelle le Circ. Or, cette catégorie de la population est exclue du champ de l'étude, qui ne concerne que les 30-59 ans.
Ces éléments ''ne peuvent que contribuer à une sous-estimation du risque réel'', estiment les associations Agir pour l'environnement et Priartém dans un communiqué publié lundi 17 mai. Cette limite est admise par le Circ lui-même, qui appelle à la poursuite de recherches complémentaires. L'Union européenne finance par exemple l'étude baptisée MobiKids, qui se penche sur le risque de tumeurs cérébrales lié à l'utilisation du téléphone portable dans l'enfance et l'adolescence.
L'étude Interphone a été financée par l'Union européenne et les pays participants à hauteur de 19,2 millions d'euros, dont 5,5 millions d'euros provenant d'industriels du secteur. Un ''pare-feu'' assuré par l'Union internationale contre le cancer (UICC) a garanti l'indépendance des chercheurs, assure le Circ.