Le nouveau gouvernement a été annoncé ce mercredi, comprenant dix huit ministres et quatre secrétaires d'Etat auprès du Premier ministre. Nicolas Hulot a été nommé ministre d'Etat à la Transition écologique et solidaire, devenant ainsi le numéro 3 du gouvernement. Il aura auprès de lui une ministre déléguée aux transports, Elisabeth Borne. Jacques Mézard devient le ministre de l'Agriculture, tandis qu'Agnès Buzyn se voit nommée ministre des Solidarités et de la Santé et que Richard Ferrand arrive au ministère de la Cohésion des territoires. Les passations de pouvoir ont été organisées dans la foulée. La nouvelle équipe gouvernementale se réunira jeudi 18 mai en Conseil des ministres.
Les réactions ne se sont pas faites attendre. Nombre d'acteurs analysent la nomination de Nicolas Hulot comme un signal positif envoyé aux acteurs de la transition énergétique. Daniel Bour, président d'Enerplan, y décèle un "signe encourageant qui témoigne d'une volonté que la France figure parmi les pays de référence dans ce domaine en pleine révolution technologique". Les tweets et communiqués de presse insistent sur trois qualités de Nicolas Hulot : c'est un "homme de convictions" (WWF France), au fait "des enjeux environnementaux (eau, air, déchets…) mais également - et ce n'est pas si courant - des questions essentielles en matière de protection de la biodiversité" (Allain Bougrain Dubourg, président de LPO France) et capable d'incarner la transition écologique "pour tous les citoyens français et au-delà" (Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables).
Certaines réactions sont plus nuancées. Benoît Hartmann, directeur général du Cler - Réseau pour la transition énergétique, précise bien que seuls le périmètre exact et les moyens financiers du ministère "seront les vrais indicateurs de la volonté du Président et de son Premier ministre en matière de transition". Au sein du parti EELV, on insiste sur l'importance des législatives pour conforter la place des enjeux environnementaux dans les priorités du Gouvernement : "Bon courage à Nicolas Hulot, bien seul pour peser dans un gouvernement pro-charbon, nucléaire, CETA... Il faudra des députés écologistes en appui", a ainsi twitté Julien Bayou, porte parole du parti.
Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique déléguée aux transports
Elisabeth Borne, 56 ans, est nommée ministre en charge des transports auprès de Nicolas Hulot, reprenant ainsi les attributions d'Alain Vidalies, secrétaire d'Etat dans le précédent gouvernement. Diplômée de l'Ecole polytechnique et de l'Ecole nationale des ponts et chaussées, ce secteur d'activité ne lui est pas étranger. Conseillère technique chargée des transports au cabinet du Premier ministre Lionel Jospin en 1997, elle devient directrice de la stratégie de la SNCF en 2002 avant de rejoindre la société Eiffage en 2007.
Après quelques années passées en tant que directrice générale de l'urbanisme à la Mairie de Paris, Elisabeth Borne est nommée préfet de la région Poitou-Charentes en 2013 avant d'occuper le poste de directrice de cabinet de la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal en 2014. Elle occupait jusqu'à sa nomination au gouvernement le poste de PDG de la RATP.
Jacques Mézard, ministre de l'Agriculture
Jacques Mézard succèdera à Stéphane Le Foll au ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. Avocat de métier, cet élu de 69 ans est un représentant du monde rural : conseiller municipal d'Aurillac, conseiller communautaire et président de la Communauté d'agglomération du bassin d'Aurillac, il a été élu sénateur (PRG) du Cantal en 2008. Dans ce cadre, il a été membre des groupes d'études Economie agricole alimentaire (section Trufficulture, oléiculture et cultures traditionnelles), Elevage et Fruits et légumes.
"Nous nous félicitons que le périmètre du nouveau ministère associe l'alimentation à l'agriculture même si nous regrettons qu'il n'ait pas été élargi aux territoires ruraux", a immédiatement réagi la FNSEA. De son côté, la Confédération paysanne attend l'organisation "très rapidement" des états généraux de l'alimentation, promis par Emmanuel Macron : "Ces assises doivent être l'occasion de mettre en avant une politique de la demande alimentaire pour orienter la production agricole. Avec l'ensemble de la société, les paysans ont besoin de politiques publiques alimentaires et agricoles ambitieuses".
Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé
Issue de la société civile, Agnès Buzyn, médecin et chercheuse de 54 ans, est nommée ministre des Solidarités et de la Santé. Elle succède à Marisol Touraine qui a occupé ce poste durant les cinq années du quinquennat Hollande. Depuis mars 2016, Agnès Buzyn présidait le Collège de la Haute Autorité de santé. Elle a occupé la fonction de présidente de l'Institut national du cancer (INCa) depuis mai 2011 au sein duquel elle a notamment mis en œuvre le 3e Plan cancer 2014-2019. Spécialiste des leucémies, elle a aussi conduit des recherches en immunologie à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
De 2008 à 2013, la nouvelle ministre a également présidé le conseil d'administration de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Elle a aussi été membre du Comité à l'énergie atomique (CEA) de 2009 à 2015. Dans un tweet, l'eurodéputée EELV Michèle Rivasi dénonce un "mélange des genres", indiquant qu'Agnès Buzyn siégeait dans les "boards" des laboratoires pharmaceutiques tout en étant vice-présidente de l'INCa.
Richard Ferrand, ministre à la Cohésion des territoires
Conseiller régional socialiste de Bretagne depuis 2010, puis député socialiste du Finistère depuis 2012 avant de rejoindre le mouvement d'Emmanuel Macron, Richard Ferrand, 54 ans, décroche le ministère de la Cohésion des territoires. Le secrétaire général d'En marche !, depuis octobre 2016, succède à Emmanuelle Cosse, ex-ministre du Logement et de l'Habitat durable, bien que ce périmètre ne figure pas dans l'intitulé de son portefeuille. Richard Ferrand devrait aussi succéder à Jean-Michel Baylet qui était notamment ministre de l'Aménagement du territoire.