Rappelons que le Grenelle, grande négociation lancée le 6 juillet et demandée par le Président de la République, doit aboutir à un plan d'action de 20 à 30 mesures concrètes et quantifiables. Les propositions sont élaborées par six groupes de travail qui se penchent chacun sur un thème : la lutte contre le changement climatique, la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles, l'instauration d'un environnement respectueux de la santé, l'adoption de modes de production et de consommation durables, la construction d'une démocratie écologique, la promotion de modes de développement écologique favorables à la compétitivité et à l'emploi. Il est prévu que les groupes se réunissent quatre fois avant de rendre leurs préconisations en vue d'un rapport de synthèse le 27 septembre. Six réunions régionales et un débat sans vote devraient ensuite avoir lieu à l'Assemblée nationale et au Sénat. Le public pourra en outre s'exprimer via Internet. Une réunion finale aura lieu fin octobre, ouvrant selon les sujets, sur un processus législatif ou sur la mise en place de programmes opérationnels au nombre de quinze ou vingt. Un projet de loi de programmation sur les conséquences du Grenelle sera ensuite probablement soumis avant Noël au Parlement, ainsi que d'autres projets de loi en attente (responsabilité environnementale et OGM).
Dans ce cadre, de nombreuses organisations, parmi lesquelles figure désormais la CFDT, ont établi leurs propositions.
Pour le bâtiment, le syndicat se base sur la Recommandation du groupe Facteur 4, installé en 2005 suite à un séminaire gouvernemental sur le développement durable et chargé « d'imaginer et d'évaluer les différentes voies » permettant à la France d'atteindre l'objectif fixé par le président de la République de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre. Cette recommandation préconise la mise en place d'un plan visant notamment à « intégrer des énergies renouvelables dans le bâtiment ». Ce plan devrait selon la CFDT, comporter des mesures phares : l'obligation, pour les constructions d'avant 1975, de procéder, à l'occasion de ventes ou de gros travaux, à une rénovation thermique ; un produit bancaire majoritairement dédié aux actions d'efficacité énergétique du bâtiment ; et un programme ambitieux de formation des artisans et des PME du bâtiment.
C'est par ailleurs la recommandation n°8 du groupe facteur 4 que la CFDT retient pour les transports. Cette recommandation propose au Centre d'analyse stratégique de réexaminer les critères de choix en matière d'infrastructures, tels qu'ils ont été définis par l'ex-Commissariat général du Plan. Le syndicat estime qu'il faut porter l'effort financier en priorité sur les transports de masse (transports urbains, rail, voies d'eau) et se dit favorable à la réduction des vitesses maximales autorisées (120 km/h sur autoroute, 100 km/h sur voie rapide). La CFDT considère également que le kérosène doit être taxé et qu'une redevance routière devrait être imposée au transport routier de fret. Elle souhaite aussi le rétablissement de la vignette automobile avec un contenu écologique fort et que des bilans carbone ou équivalents soient réalisés par les pouvoirs publics avant d'engager tout investissement public d'une certaine taille.
Pour promouvoir les modes de développement durable favorables à la compétitivité et à l'emploi (groupe 6), qui aborde les questions de recherche, innovation, emploi, fiscalité écologique, publicité responsable, la CFDT recommande de développer la taxation ou la subvention vis-à-vis des biens d'équipement et de consommation en fonction du niveau d'émission de gaz à effet de serre due aux consommations d'énergies fossiles qu'ils entraîneront dans le futur. Elle propose l'application d'un dispositif fiscal incitatif en fonction du contenu en carbone au niveau de la consommation d'énergie, et d'agir sur la motorisation des véhicules avec un engagement des constructeurs au niveau européen.
Enfin, pour construire une démocratie écologique (groupe 5) qui s'attache à débattre d'une réforme des institutions et prendre en compte le pilier environnemental du développement durable, la CFDT soumet trois propositions.
En matière de responsabilité sociale des entreprises, la CFDT souhaite une évolution du dispositif de la loi NRE (Nouvelles régulations économiques) dans les grandes entreprises et la mise au point d'indicateurs adaptés aux PME.
Le syndicat préconise également d'intégrer les thématiques du développement durable dans le dialogue des entreprises avec leurs parties prenantes, intérieures ou extérieures.
Enfin, la troisième proposition s'intéresse au Conseil économique et social (CES) pour lequel la CFDT se dit favorable à une réforme en profondeur. Cette réforme doit s'inscrire dans un renforcement de la démocratie par une place plus affirmée de la société civile organisée ne peut être opérée sous le seul prisme des questions environnementales, indique la CFDT. Elle doit en particulier prolonger les réformes mises en place avec la loi de modernisation du dialogue social, ajoute le syndicat qui se déclare favorable à ce que les ONG environnementales aient une place au sein du conseil sur la base de critères de représentativité notamment afin d'assurer la légitimité et l'efficacité des travaux du CES.