Le principe de fabrication de la neige artificielle consiste à projeter grâce à de l'air comprimé des gouttelettes d'eau dans de l'air ambiant froid (à partir de -8°C). Cependant, lorsque la température extérieure n'est pas suffisamment basse, ce qui arrive de plus en plus souvent, il est nécessaire d'ajouter à l'eau un additif. En France, le produit Snomax® est le seul additif à avoir été utilisé entre 1992 et 2005 par trois stations de ski. Depuis, son utilisation a été suspendue par les professionnels français face à une inquiétude environnementale et sanitaire.
Bien que le Snomax® n'ait jamais fait l'objet d'une interdiction d'utilisation par les autorités sanitaires et qu'il soit par ailleurs utilisé à l'étranger, les professionnels s'interrogent sur l'impact sanitaire et environnemental de ce produit fabriqué à base d'éléments bactériologiques. Cet additif est en effet un produit biologique composé de bactéries lyophilisées et inactivées appartenant à l'espèce Pseudomonas syringae. Cette bactérie se caractérise par sa capacité à synthétiser une protéine particulière dite « glaçogène » qui conduit à la formation de cristaux de glace à une température de -2°C. C'est cette propriété particulière qui est mise à profit pour la fabrication de la neige de culture. À l'heure actuelle, les produits biologiques de type Snomax® ne sont pas encadrés par la réglementation des produits biologiques dits vivants mais pour les populations exposées (skieurs) et les professionnels des stations de ski, la présence de bactéries ou d'éléments bactériens dans la neige de culture pourrait entraîner un risque infectieux, allergique voire toxique.
Afin d'évaluer ces risques, les ministères de la santé et de l'écologie ont saisi l'Agence Française de Sécurité Sanitaire de l'Environnement et du Travail (AFSSET) qui a rendu son avis en début de semaine. Selon les scénarii d'exposition et les populations concernées, l'estimation des risques sanitaires a révélé un niveau de risque « négligeable » pour la majorité des populations concernées qui n'appelle donc pas de recommandation particulière. Pour le personnel chargé de la préparation (nivoculteurs), plus exposés au produit pur ou dilué notamment lors de sa manipulation, l'Afsset conclu à un risque « faible ». Elle recommande par conséquent d'améliorer le conditionnement de l'additif par exemple sous forme d'un sachet hydrosoluble afin d'éviter tout contact avec le produit ; de porter des équipements adaptés de protection individuelle ou encore de limiter en fréquence et en durée les interventions sur les enneigeurs en fonctionnement.
Plus globalement, l'Afsset signale que la qualité microbiologique de l'eau utilisée pour la fabrication de neige est un critère important. Plusieurs études suggèrent un effet multiplicateur potentiel du Snomax® sur des microorganismes présents dans l'eau superficielle utilisée notamment pour la dilution du produit. La composition de l'additif peut constituer un apport en nutriments et donc, dans certaines conditions, faciliter le développement de microorganismes. Une qualité microbiologique insuffisante pourrait constituer un risque sanitaire à ce jour non évalué pour les populations et serait susceptible dans certains cas de dégrader la qualité des sols et de la ressource en eau lors de la fonte des neiges, explique l'Afsset. L'Agence souligne à ce titre l'intérêt que pourrait présenter une campagne d'analyse et recommande une surveillance de la qualité microbiologique des eaux utilisées pour la fabrication de la neige.
L'Afsset a souhaité mettre en garde les professionnels de la montagne avant l'ouverture prochaine des stations de ski et espère que ces recommandations seront prises en compte par les gestionnaires de station.