"On ne peut pas donner des leçons aux pays d'Afrique sur la protection des éléphants et, en France, ne pas être capables de vivre avec les loups, lynx ou ours", avait déclaré le candidat Macron au WWF en février. Le futur Président de la République indiquait vouloir dépassionner le débat sur la présence du prédateur dans les campagnes françaises.
C'est d'ores et déjà le cas de Cap Loup qui, dans un communiqué, estime que "rien ne change" par rapport à la politique précédemment menée. Les associations formant ce collectif se disent "évidemment opposées à ce projet d'arrêté qui sacrifie, comme les années précédentes, des dizaines de loups pour contenter les lobbies agricoles et cynégétiques, sans résoudre aucune des difficultés des éleveurs et sans favoriser la cohabitation entre les loups et les activités humaines".
Ce quota n'est pas fixé au hasard, explique toutefois le ministère de la Transition écologique, qui rappelle que ce nombre avait été fixé à 36 pour la "campagne" 2016/2017. Un nombre porté à 40 par un arrêté interministériel paru le 16 juin. Il est fondé sur le bilan du suivi hivernal (3) de l'espèce par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Or, ce bilan fait état de 57 zones de présence permanente contre 49 à la fin de l'hiver précédent et d'un effectif total estimé à 357 individus contre 293 un an plus tôt. Des chiffres qui se heurtent aux conclusions d'une expertise scientifique publiée fin mars, menée par le même établissement et le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), qui estimaient que les prélèvements autorisés étaient susceptibles de menacer la survie de l'espèce en France.
"Tolérance zéro face au loup"
Les organisations agricoles, qui sont toutes montées au créneau sur ce dossier, disent avoir ressenti sur le terrain cette augmentation de la population lupine. Ainsi, dès le lendemain de la nomination du gouvernement et avant même les résultats du bilan hivernal, la Coordination rurale lui demandait "d'endiguer, par une réglementation adaptée, la prolifération du loup et par là-même d'assurer la sécurité publique". Et d'ajouter : "A défaut, cette prolifération pourrait constituer une carence de régulation de nature à engager la responsabilité de l'Etat".
La Confédération paysanne lui emboîtait le pas fin mai, soulignant que le dernier bilan du suivi hivernal confirmait "bien les ressentis des éleveurs et bergers". Le syndicat pour une agriculture paysanne demandait à nouveau à ce que "les prélèvements de loups soient effectués en fonction des dégâts sur les troupeaux" et à ce que le prochain plan loup 2018-2022 inscrive la baisse de la prédation comme objectif majeur.
Dès le lendemain, c'était au tour de la FNSEA et de la Fédération nationale ovine (FNO) de réclamer une tolérance zéro face au loup. "Qui aura le courage de dire que la présence du loup a un coût économique et financier croissant et démesuré ? Vingt-cinq millions d'euros pour la seule année 2016 !", s'indigne le syndicat majoritaire qui avance le chiffre de 10.000 animaux tués par le prédateur en 2016.