Face à la croissance de la population lupine et à la colère des éleveurs, le Gouvernement prévoit de reconduire l'expérimentation mise en place en juillet dernier consistant à augmenter le taux de prélèvement annuel de l'espèce et à concentrer les interventions sur les territoires où les attaques sont les plus nombreuses. Le ministère de la Transition écologique soumet à la consultation du public (1) , jusqu'au 25 décembre, un projet d'arrêté (2) permettant cette reconduction et qui s'appliquera sur l'année 2020.
Ce dernier met en avant l'avis (3) rendu en février 2019 par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et le Muséum d'histoire national d'histoire naturelle (MNHN) sur la révision du taux de prélèvement du canidé. Les auteurs indiquent que la population de loups connaît une croissance exponentielle avec un taux d'accroissement de 13 %. Pour autant, ces derniers préconisent une gestion adaptative plutôt que la seule définition d'un taux de prélèvement. Le conseil scientifique du plan national d'actions sur le loup, créé en février dernier, a rendu un avis positif (4) sur ces conclusions.
Adapter le cadre réglementaire
L'expérimentation consiste à assouplir les possibilités de prélèvement dans les « cercles zéro », c'est-à-dire les communes qui connaissent plus de quinze attaques par an. Ces « cercles zéro » ont été inscrits dans un arrêté du ministre de l'Agriculture paru le 4 décembre, permettant ainsi « un renforcement des mesures de protection dans les foyers de prédation ». L'expérimentation consiste aussi à donner la possibilité de prélever jusqu'à 19 % de la population de Canis lupus. Le cadre réglementaire pourra être adapté en fonction de l'évaluation de la dynamique de la population, dont les résultats seront publiés en juin 2020, indique le ministère de la Transition écologique.
Les organisations agricoles ont multiplié les demandes d'assouplissement du cadre réglementaire ces dernières semaines. Le 15 novembre, la Confédération paysanne a réclamé le déclenchement automatique de l'intervention des agents de la brigade loups de l'ONCFS en cas d'attaque sur des animaux non protégeables, suite à une attaque sur un troupeau d'alpagas. Dix jours plus tard, la FNSEA réclamait une régulation du loup sans plafond « tout au long de l'année et sur tous les territoires », après avoir précisé que 10 486 animaux avaient déjà été tués par les prédateurs au 31 octobre. La Coordination rurale, enfin, a demandé, le 2 décembre, de retirer le loup du statut d'« animal strictement protégé » prévu par la Convention de Berne.