Mercredi 30 octobre au soir, le Président Emmanuel Macron s'est rendu à Rouen (Seine-Maritime) pour tenter de rassurer les habitants très inquiets des conséquences sanitaires et environnementales de l'incendie de l'usine chimique Lubrizol, survenu le 26 septembre. Durant son déplacement, qui n'était pas prévu dans son agenda, le Président s'est entretenu avec le maire de Rouen et le préfet de Normandie à l'hôtel de ville. Il a ensuite rencontré quelques habitants, mais sous les huées. « Je suis venu porter un message de soutien et de considération pour les Rouennaises et les Rouennais. Nous avons parlé du mois qui vient de s'écouler, des points de préoccupations et de l'avenir », a déclaré le Président. « Je comprends l'émotion de la population, l'inquiétude [autour des odeurs] est légitime mais il ne faut pas de défiance », a-t-il poursuivi. « On continuera à mesurer [les impacts sanitaires et de la pollution], à informer et on continuera la transparence », a assuré le chef de l'État. Il a ajouté que, d'ici le 18 novembre, les premières indemnisations seront versées aux agriculteurs, aux commerçants, aux entreprises et aux collectivités « qui ont eu à subir les conséquences de ce qui s'est passé à Rouen ».
Gestion de crise de l'État
Le Président a surtout défendu la gestion de la crise de l'accident industriel par l'État. « De là où je suis, je n'ai pas vu de défaillance, au contraire j'ai vu beaucoup d'engagements, de détermination et de sang froid. L'ensemble des services de l'État, dans leurs compétences, ont fait ce qu'ils devaient faire », a-t-il réaffirmé. Le Président a remercié « le préfet de Région et avec lui l'ensemble des services de l'État et des services de secours qui, dès les premières minutes, ont eu les bonnes réactions ».
La communication de l'État, après l'incendie de l'usine, a été très critiquée par les habitants, les associations et les élus. Le Premier ministre, Édouard Philippe, à deux reprises, et plusieurs ministres, se sont rendus sur place depuis un mois. Emmanuel Macron a ajouté, devant les Rouennais qui lui reprochaient de ne pas être venu plus tôt après la catastrophe, que le « rôle du Président de la République n'est pas de se précipiter dès qu'il y a quelque chose qui se passe. Mon rôle n'est pas de me substituer à chaque ministre. Je pense que l'État a été là où il devait l'être au moment où il devait l'être », a-t-il réaffirmé.
Le Président a toutefois reconnu « qu'il y a encore des inquiétudes. On voit aussi beaucoup de suggestions de bon sens de la part de nos concitoyens : informer plus simplement et rapidement, perfectionner nos systèmes d'alerte. Cela rejoint les conclusions que nous commençons à tirer de ce que nous avons vécu », a ajouté le Président sur son compte twitter.
Respect des procédures ICPE
Pour rappel, une partie de l'usine de Lubrizol, qui est classée Seveso seuil haut, et une partie des produits stockés dans l'entreprise voisine Normandie Logistique, ont flambé en même temps le 26 septembre. Soit un total de 9 050 tonnes de produits stockés brûlés. L'usine de Lubrizol « est un site Seveso connu et encadré, et dont la classification a permis la bonne réaction des services de l'État, de l'ensemble des forces de secours et des services des élus. Ces installations sont (…) mieux encadrées que naguère », a aussi répété Emmanuel Macron.
En revanche, il n'a pas commenté le respect des obligations des installations classées (ICPE) par l'entreprise. « Normandie Logistique n'était pas un site classé Seveso et il n'y a pas eu les mêmes contrôles que chez Lubrizol [par les services de l'État] », a reconnu, de son côté, Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, interrogée ce 31 octobre au matin par Franceinfo. « On aura à tirer toutes les conséquences. L'industriel [Lubrizol] n'a pas forcément respecté toutes les procédures notamment de déclaration », a souligné la ministre. « Il y a une enquête judiciaire qui permettra de désigner les responsables, et il y a aussi une enquête administrative. Moi j'y ai tenu, pour qu'on tire toutes les leçons - à chaque fois qu'il y a un accident et un accident aussi important - pour améliorer, le cas échéant, notre législation, notre réglementation et nos procédures », a-t-elle poursuivi.