La méthanisation s'invite jusque dans les alpages. Dès cet été, le groupement pastoral du Plan Pichu, un plateau de prairies montagneuses couvrant les communes de Granier et d'Aime-La-Plagne, en Savoie, va produire son biométhane en autoconsommation. L'objectif ? Valoriser les tonnes de résidus de petit lait, pour notamment chauffer le lait restant afin de fabriquer du fromage de Beaufort.
Mission : valoriser le petit lait
Les trois troupeaux de 430 vaches qui composent l'alpage produisent chaque année, entre mi-juin et fin septembre, 55 tonnes de Beaufort. Cette fabrication artisanale s'appuie sur 550 000 litres de lait de vache. Le lactosérum, ou petit lait, inutilisable, constitue 90 % de cette production laitière. Pour s'en débarrasser en contournant l'interdiction d'épandage brut, l'alpage avait jusqu'à présent recours au lombricompostage. Au fil des années, la solution s'est cependant révélée inadaptée à la production de grands volumes de lait. « L'atelier de fabrication vieillissant et les mauvaises performances du système de traitement du lactosérum ont conduit à une réflexion globale visant à maintenir et pérenniser la fabrication du Beaufort », explique l'alpage du Plan Pichu.
En 2021, le groupement pastoral décide donc d'investir environ un million d'euros pour réhabiliter complètement son atelier de transformation du fromage. Plus de 500 000 euros sont consacrés au développement d'un système de microméthanisation et de gestion des effluents. Le choix du groupement s'inspire d'autres opérations similaires dans les environs, notamment la récupération, en cogénération, par la société Savoie Lactée, à Albertville, du lactosérum de diverses coopératives. « Pour l'équipe de Plan Pichu, la solution de facilité aurait été de faire descendre le petit lait de l'alpage jusqu'à Albertville, mais, au-delà de l'empreinte carbone liée au transport, cette option nécessite aussi de rafraîchir le petit lait pour le transporter : trop compliqué », souligne l'alpage.
Microméthanisation locale et circulaire
Du reste, le digestat de méthanisation « va continuer son processus de dépollution en rejoignant les eaux blanches et les eaux vannes à travers un décanteur, puis un lit d'infiltration (de 1 000 m2) en arrivant à des niveaux d'épuration permettant le rejet en milieu naturel (directement sur place) », détaille l'équipe du Plan Pichu.