Pour accomplir leurs cycles de vie annuels, les oiseaux d'eau migrateurs dépendent de régions géographiques séparées pendant les saisons de reproduction et de non reproduction. Les régions peuvent se situer à une distance de plusieurs milliers de kilomètres l'une de l'autre.
Entré en vigueur le 1er Novembre 1999, l'AEWA est un traité international, soutenu par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), visant la protection de 235 espèces d'oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie telles que les canards, les limicoles, les cigognes ou les flamants roses. Les pays devenus parties à l'Accord s'engagent à mettre en place des mesures afin de conserver les populations d'oiseaux d'eau de la région et les habitats dont elles dépendent. À l'heure actuelle, 62 parties sur 118 États de l'aire de répartition en Afrique et en Eurasie ont signé l'AEWA.
Jusqu'au 19 septembre, les 80 pays participant à cette conférence internationale devront débattre de la meilleure manière de restaurer l'état de ces espèces.
Un déclin continu de nombreuses espèces en Afrique et en Eurasie
En effet, dans le cadre de cette quatrième réunion, l'organisme Wetlands International, dédié à la conservation des zones humides, qui a publié un rapport sur l'état de conservation des espèces d'oiseaux d'eau protégées par l'AEWA, observe un déclin continu des populations en Afrique et en Eurasie depuis 1999.
Selon le rapport, le nombre d'espèces d'oiseaux d'eau migrateurs estimées en déclin s'élève à 41% en 2008 (contre 42% en 1999) tandis que seuls 21% des populations sont en augmentation (25% en 1999). 92 populations au total ayant montré une tendance au déclin en 1999 le sont toujours en 2008.
Sur les 235 espèces d'oiseaux d'eau protégées par l'AEWA, 19 espèces sont classées comme ''globalement menacées'' selon la Liste rouge de l'UICN et 15 autres comme ''quasi menacées''; 4 espèces sont classées comme ''gravement menacées'' et 5 comme ''menacées''. Les quatre espèces les plus menacées couvertes par l'Accord figurant dans la catégorie ''gravement menacé d'extinction'' sont l'Ibis chauve, la Grue de Sibérie, le Vanneau sociable et le Courlis à bec grêle. De leur côté, le Cormoran des bancs, le Crabier blanc, la Bernache à cou roux, l'Érismature à tête blanche et le Râle à miroir sont inscrits dans la catégorie ''en danger''.
De nombreuses espèces d'oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie sont victimes de la destruction et l'exploitation non durable des zones humides, de la chasse à la grenaille de plomb mais aussi de la grippe aviaire (H5N1) .
Durant les migrations saisonnières, l'endommagement et la destruction des zones humides provoquée par le développement d'infrastructures, les opérations d'assèchement ou la pollution diminuent leur aptitude à répondre aux besoins des oiseaux d'eau.
Le changement climatique impacte également ces espèces et ne fait probablement qu'empirer les choses. Il affectera probablement tous les écosystèmes (…), explique Simon Delany, Administrateur pour la conservation des oiseaux d'eau au Wetlands International et auteur principal du rapport.
En effet, la désertification croissante et des tempêtes plus fréquentes rendent la migration des oiseaux plus dangereuse. La montée du niveau de la mer menace les zones humides - habitats d'importance cruciale pour des millions d'oiseaux d'eau migrateurs - tant sur le littoral et qu'à l'intérieur des terres. De très grands nombres d'oiseaux d'eau se reproduisent également dans les habitats de la toundra arctique qui sont gravement menacés par la hausse des températures.
Les efforts sur les plans national et international en faveur de la conservation des oiseaux d'eau migrateurs et de leurs habitats doivent être renforcés de manière significative, déclare Bert Lenten, le Secrétaire exécutif de l'AEWA.
Afin de s'adapter aux effets du changement climatique, de nombreux experts recommandent de renforcer les efforts de conservation afin de réduire les autres menaces pesant sur les oiseaux d'eau et leurs habitats et d'accroître les efforts pour désigner, établir et gérer des réseaux de sites et habitats protégés adéquats requis par ces oiseaux à travers leurs aires de migration.