"On ne peut être le lundi pour l'environnement et le mardi contre l'augmentation du prix du carburant", a déclaré Emmanuel Macron ce mardi 27 novembre à l'Elysée. Le chef de l'Etat présentait la stratégie de l'exécutif et la méthode retenue pour la transition écologique, sur fond de grogne sociale liée à la hausse du coût de l'énergie.
Le président exclut une remise en cause de la fiscalité énergétique, de la même manière que l'avait fait son Premier ministre le 14 novembre. Mais il estime que la transition énergétique ne peut se faire à n'importe quel prix et annonce un débat national "inscrit dans les territoires" et auquel pourront participer les représentants des gilets jaunes. Le chef de l'Etat souhaite voir éclore dans ce laps de temps une méthode permettant de rendre plus intelligente cette fiscalité et de permettre de faire face à de nouvelles envolées des cours mondiaux du pétrole.
La stratégie énergétique de la France passera d'abord par une moindre consommation d'énergie, a admis le chef de l'Etat, mais pour affirmer aussitôt que la stratégie n'était pas de se déplacer moins. "Oui, la voiture a un avenir en France, mais une voiture qui consomme moins et qui pollue moins", affirme M. Macron, qui rappelle le renforcement annoncé de la prime à la conversion. Ce denier cite toutefois les nouvelles formes de mobilité : transport en commun, covoiturage, etc., au lendemain de la présentation du projet de loi sur les mobilités. Quant aux chaudières au fioul, il affirme que l'exécutif n'est pas dans une logique d'interdiction. Nous voulons toutes les renouveler d'ici dix ans et non les interdire, a cherché à convaincre le chef de l'Etat.
Multiplier par cinq la production photovoltaïque
Afin de répondre aux besoins en chaleur et en gaz, ce dernier a annoncé une montée en puissance de la géothermie et de la méthanisation. Ce qui permettrait, concernant cette dernière filière, de conserver une place importante au gaz et d'intéresser le monde agricole.
Concernant la transformation de la production d'électricité, Emmanuel Macron a confirmé, là aussi, l'essor des énergies renouvelables (EnR), affichant comme objectif un triplement de l'éolien terrestre et une production d'énergie photovoltaïque multipliée par cinq d'ici 2030. Quant à l'éolien offshore, le chef de l'Etat a annoncé la mise en service du parc de Saint-Nazaire et quatre nouveaux appels d'offres. Un maintien de la production est annoncée pour l'énergie hydroélectrique.
Le coût actuel des EnR pour l'Etat est 5 Md€/an. Emmanuel Macron annonce qu'il sera porté désormais à 7-8 Md€/ an. "La montée en puissance des énergies renouvelables est inéluctable", a-t-il indiqué, précisant qu'elle n'était pas liée au rythme de fermeture des réacteurs nucléaires.
M. Macron a également insisté sur la nécessaire accélération de la recherche portant sur les EnR, en terme de stockage, de batteries et de technologies hydrogène. Le locataire de l'Elysée a notamment déploré notre dépendance vis-à-vis de la Chine et de la Corée concernant la production des batteries des véhicules.
Fermer 14 réacteurs nucléaires d'ici 2035
Le président a indiqué qu'il tiendrait l'objectif de réduction du nucléaire à 50% du mix électrique, mais a confirmé le report de l'échéance de 2025, pourtant inscrit dans la loi de transition énergétique, à 2035. Il a précisé le calendrier de fermeture des réacteurs nucléaires : 14 réacteurs de 900 MW seront fermés d'ici 2035 : les deux réacteurs de Fessenheim à l'été 2020, puis douze réacteurs entre 2025-2035, dont quatre à six avant 2030.
Le chef de l'Etat a revendiqué une approche "pragmatique et adaptative" prenant en compte les avancées technologiques, l'intégration européenne et la sécurité d'approvisionnement, ainsi que les éventuels problèmes de sûreté. Pour ces raisons, Emmanuel Macron ne précise pas les sites concernés et prévoit des clauses de rendez-vous régulières permettant d'ajuster les trajectoires.
A l'attention d'EDF, le président a précisé qu'aucune fermeture complète de site nucléaire n'aurait lieu. "Réduire la part du nucléaire, ce n'est pas pour autant renoncer au nucléaire", a déclaré le chef de l'Etat. C'est pourquoi il demande de poursuivre les recherches sur les EPR, de telle sorte qu'un bouquet d'options technologiques puissent être proposées en 2021 en vue de pouvoir faire un choix "transparent et éclairé".
Le chef de l'Etat a également annoncé une systématisation des contrats de transition écologique entre l'Etat, les collectivités et les acteurs économiques et sociaux dans les territoires touchés par la fermeture d'installations. C'est le cas de Fessenheim pour le nucléaire et des communes impactées par la fermeture des centrales à charbon, comme Saint-Avold ou Cordemais. Fermeture qui doit intervenir d'ici 2022.