Comme chaque année, l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) a publié, le 17 novembre dernier, son référentiel des salaires des cadres (1) . L'édition 2022 regroupe 111 familles de métiers dont, pour la première fois, deux intégrant les secteurs de l'environnement. La première rassemble tous les professionnels de l'ingénierie énergétique et environnementale : des acousticiens et hydrauliciens, aux ingénieurs CVC (chauffage, ventilation et climatisation) en passant par les ingénieurs d'études en efficacité énergétique. La seconde famille concerne les métiers spécialisés en hygiène-santé-environnement (HSE), à savoir les directeurs du développement durable, les responsables HSE ou bien les ingénieurs en sûreté nucléaire.
D'après les données statistiques de l'Apec, le salaire annuel brut médian des cadres sur ces postes s'élève, pour la première famille, à 40 000 euros (ou, entre 42 000 euros en région parisienne et 39 000 en dehors) et, pour la seconde, à 47 000 euros. Ces deux chiffres s'avèrent en dessous de la moyenne générale de l'ensemble des cadres fixée à 51 000 euros brut par an (en très légèrement augmentation par rapport aux années précédentes).
Une rémunération en évolution
Comment expliquer cette disparité ? D'après Gilles Rocquelain, le président du bureau environnement et biodiversité de Syntec Ingénierie, une fédération professionnelle qui rassemble les ingénieurs et techniciens de 400 entreprises de la construction, de l'industrie et de l'environnement, il s'agit d'un désavantage historique. « Par rapport à un certain nombre de métiers historiques de l'ingénierie, qui relèvent d'une expertise reconnue sur des ouvrages d'art ou des bâtiments par exemple, les métiers de l'environnement demeurent plus récents. De plus, certains d'entre eux souffrent, encore aujourd'hui, de leur existence initialement apparue en réaction à différentes obligations réglementaires. Les enjeux associés donnent une plus grande valeur à ce qui autrefois apparaissait comme une contrainte. » Ce poids serait toutefois en train de s'alléger, selon Julie Liénard, directrice de la branche RH du cabinet de conseil et de recrutement Imagreen. « Les pénuries sont constantes sur ces métiers et les postes sont par conséquent fortement demandés. Nous n'avons donc aucun doute sur le fait que, naturellement, leur rémunération va progressivement augmenter. »
En quête de « sincérité » écologique ?
« La plupart des ingénieurs en deuxième partie de carrière ou en reconversion, par exemple partant du pétrogazier pour rejoindre les énergies renouvelables, se montrent prêts à faire un effort sur la rémunération, explique Agathe Purcell. Ils donnent désormais davantage d'importance aux évolutions au sein de l'entreprise et aux cultures, aussi bien écologique que managériale, de l'entreprise. » Ce souci de l'ADN du recruteur, partagé d'autant plus par les jeunes ingénieurs diplômés en quête de sens et d'utilité à la société, Gilles Rocquelain l'a constaté. « En tant que recruteur, c'est maintenant à nous de faire nos preuves lors des entretiens, de montrer la sincérité de nos engagements en matière de RSE au-delà de simples déclarations. »