intervention 1 : Analyse géohistorique du vignoble mâconnais.(Nicolas Jacob, Géographe, Université Lyon 2)

Les paysages de vignobles sont souvent présentés comme des archétypes de paysages anciens, imprégnés d'une histoire longue. Pour des raisons culturelles ou affectives, ils suscitent par ailleurs un engouement ou un intérêt qu'on éprouve très rarement pour d'autres paysages agricoles. Ils ne sont pas pour autant des espaces stables à travers l'histoire

Une analyse géohistorique du vignoble Mâconnais peut illustrer en effet les nombreuses mutations récentes qui ont marqué ce paysage viticole.
A partir de quelques vues du paysage actuel, on présentera les héritages et les éléments aujourd'hui non fonctionnels, éléments qui incitent à la recherche historique.
La consultation de travaux d'historiens (P. Goujon), de documents d'archives et les observations de terrain permettent de restituer les principales étapes de l'élaboration du paysage tels que nous le connaissons aujourd'hui.
Entre la fin du XVIIIe siècle et les dernières décennies du XXe, la région de Mâcon a connu plusieurs épisodes de flux et de reflux viticoles, liés en grande partie à la conjoncture économique.
Mais le vignoble n'a jamais été reconstitué à l'identique et le paysage est en réalité en perpétuelle transformation : place de la vigne dans l'espace, rapport avec les autres cultures et l'habitat. Ces processus affectent non seulement l'aspect général du paysage, les grandes masses de culture qui le composent, mais transforment aussi sa structure à très grande échelle : taille des parcelles, chemins d'exploitation, organisation de la plantation.

Ces éléments permettent d'approcher plus précisément l'histoire d'un paysage et montrant qu'il ne connaît pas de point fixe, ce qui ouvre par exemple la question de la patrimonialisation du paysage. Mais on trouve aussi quelques enseignements qui débouchent sur la gestion ou l'aménagement de ces espaces : les problèmes d'érosion des terres viticoles sont anciens et on peut dater les transformations de la structure du paysage qui ont des effets sur les flux hydrosédimentaires.

Intervention 2: Transferts de polluants et leurs impacts sur les milieux aquatiques : cas des bassins versants viticoles. (Bernard Montuelle, CEMAGREF Lyon)

Les zones viticoles sont des zones agricoles parmi les plus consommatrices de produits phytosanitaires. Dans ces zones, la structure des bassins versants, les pratiques culturales, les conditions hydrométéorologiques sont des déterminants importants du risque de transfert des résidus de pesticides vers les milieux aquatiques, qui sont le réceptacle final des ruissellements terrestres. L’impact de ces résidus sur les communautés aquatiques peut être important : perte de diversité biologique, perte de la valeur d’usage des milieux aquatiques (valeur patrimoniale, ressource en eau...)

Depuis plusieurs années, un site atelier (Ardières – Morcille, dans le Beaujolais) est dédié à l’étude de ces processus de transfert sur le bassin versant, les moyens de contrôler ces flux et sur la caractérisation fine des conséquences écologiques sur le fonctionnement des cours d’eau qui drainent cette zone viticole intensive.

L’exposé présentera donc un bilan synthétique des connaissances acquises sur le site :

- introduction générale de contexte (problématique de la contamination par les pesticides)
- l’organisation du paysage viticole, les flux polluants et les éléments de ce paysage qui ont une fonction de limitation des transferts (bandes enherbées)
- l’évaluation des effets des résidus de pesticides en milieu aquatique,
- les pistes possibles pour réduire les contaminants et réhabiliter les milieux aquatiques, dans le contexte socio économique viticole.