Conférence organisée par l'Institut océanographique de Paris :
Lucien Laubier, professeur à l'université de la Méditerranée
Survivre dans les abysses : un exploit de la nature
La lumière solaire ne pénètre pas au-delà de 500 à 600 mètres dans l’océan et les végétaux verts ne peuvent s’y développer. Pourtant, la vie existe, jusque dans les plus grandes profondeurs de l’océan. Comment les animaux abyssaux parviennent-ils à vivre dans de telles conditions ?
Il y a un siècle et demi environ, un spécialiste américain, Alexandre Agassiz, proposait l’hypothèse de la chute de grandes carcasses d’animaux vivant près de la surface jusqu’aux plus grands fonds, sans en apporter la moindre preuve. Il faudra attendre la fin du 20e siècle pour observer la réalité de ce processus. Parallèlement des particules beaucoup plus petites, de l’ordre de quelques dizaines de micromètres, descendent très lentement depuis la surface. Grandes et petites particules alimentent, en tous les points de l’océan, un écosystème profond que l’on qualifie pour cette raison de détritique.
Un autre mécanisme a été découvert à la fin des années 1970, c’est la chimiosynthèse, pratiquée par diverses bactéries ; l’énergie d’une réaction chimique, une oxydation ménagée, remplace l’énergie solaire. La chimiosynthèse se substitue à la photosynthèse. Deux substrats sont exploités par les bactéries : l’hydrogène sulfuré, produit de la réduction des sulfates de l’eau de mer (donc d’origine non biologique) et le méthane, résultat de la dégradation ultime de la matière organique (donc d’origine biologique). Il n’est pas surprenant dans ces conditions que la biodiversité des fonds abyssaux soit très élevée.
Membre de l’Académie de Marine, correspondant de l’Académie des sciences, membre de l’Académie des technologies, professeur à l’université de la Méditerranée, Lucien Laubier a été directeur de l’institut océanographique de Paris de 2001 à septembre 2006.
Il a partagé sa carrière entre l’Université et le Centre national pour l’exploitation des océans. Après une thèse de doctorat sur l’écologie des fonds coralligènes de Méditerranée, il a contribué à la création au CNEXO d’un département de recherche pluridisciplinaire (notamment en halieutique et aquaculture) qu’il a dirigé de 1970 à 1976.
Il a ensuite été successivement directeur du Centre océanologique de Bretagne, directeur des Programmes et de la coordination puis directeur scientifique du CNEXO, jusqu’à la création de l’Ifremer.
Directeur des Relations de Coopérations internationales de l’Ifremer à partir de 1989, il a été nommé Conseiller scientifique à la Représentation permanente de la France à Bruxelles de 1992 à 1996. Il a ensuite dirigé le Centre d’océanologie de Marseille de 1996 à 2001. Océanographe biologiste, il a dirigé les recherches françaises sur les écosystèmes profonds, et initié les études des peuplements associés aux sources hydrothermales et aux suintements froids de profondeur.
Il a participé à divers programmes de recherche en aquaculture. Il a acquis, avec la direction des recherches sur l’impact de l’échouement de l’Amoco Cadiz en 1978, une compétence en matière de pollution par hydrocarbures
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