En France, si la quantité de déchets potentiellement valorisables par voie biologique est estimée à près de
400 millions de tonnes, une part infime de ces déchets est aujourd’hui traitée de cette manière. Selon l’ADEME,
1,5 millions de tonnes de déchets des industries agroalimentaires,
1 Mt de déchets de l’industrie papetière,
6 Mt de boues,
2 Mt de déchets verts et
300.000 tonnes de biodéchets sont valorisées de cette manière.
150 Mt d’effluents d’élevage sont également valorisées chaque année mais principalement sous forme d’épandage direct.
Un parc d'unité de traitement qui progresse pour la méthanisation…Selon la dernière étude ITOM de l’ADEME qui ne porte que sur les installations recevant des ordures ménagères, la France comptait en 2006,
3 unités de méthanisation accueillant des déchets organiques provenant des ordures ménagères. 147.000 tonnes de déchets ont ainsi été dirigées vers ces centres de traitement en 2006.
Dans un recensement plus récent et plus complet (octobre 2008), le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement Durable et de la Mer (MEEDDM) a identifié
220 installations de méthanisation (en dehors de celles qui traitent les boues de station et celles des industries agroalimentaires) dont : 15 en fonctionnement et 10 prêtes à démarrer, 22 dédiés aux ordures ménagères (9 en fonctionnement et 13 projets), 49 projets collectifs avec approvisionnements variés, 148 projets dédiés aux matières agricoles (9 en fonctionnement).
Une étude conjointe de l'ADEME et de Gaz de France recensait pour sa part en 2005, 130 unités de méthanisation implantées sur 100 sites industriels pour traiter leurs effluents et près de 140 méthaniseurs installés sur les stations d'épuration pour traiter les boues d'épuration.
…et le compostageSelon un audit réalisé en 2006 et 2007 par l’ADEME,
820 plate-formes de compostage tous déchets confondus ont été identifiées sur le territoire. L'ADEME a estimé à 6 millions de tonnes de déchets par an les capacités de traitement de ces installations dont 4 millions de tonnes de déchets verts et 1 million de tonnes de boues brutes. Selon l'audit, ces installations ont une capacité moyenne de 10.000 tonnes par an et ont permis de produire près de
2,5 millions de tonnes de compost. Le compostage connaît depuis quelques années une croissance importante tirée notamment par le développement du compostage des déchets verts reçus en déchèteries. Cette croissance s'explique aussi par le développement du co-compostage (mélange de boues de station d'épuration et de déchets verts).
En France, 62% du compost produit par ces installations est utilisé en agriculture. Le secteur des grandes cultures en est le plus friand avec 92% des débouchés.
La place du biogaz dans le mix énergétique françaisLe traitement par méthanisation offre la possibilité d'une double valorisation des déchets : valorisation matière et
valorisation énergétique. En effet, brûlé, le biogaz obtenu peut produire de l'électricité et/ou de la chaleur. Epuré, il peut être utilisé comme carburant par les voitures fonctionnant au gaz naturel voire injecté dans le réseau de gaz naturel.
Pour autant, les différents modes de valorisation énergétique ne sont pas égaux quant à leurs bénéfices environnementaux. Tout dépend du choix du mode de valorisation énergétique (production d'électricité seule ou cogénération), des filières substituées de production d'énergie et de l'efficacité de la technologie utilisée. Ainsi, la
cogénération (production de chaleur et d'électricité) est plus intéressante que la production seule d'électricité du fait d'un rendement global plus élevé de l'installation. Il est important également qu'une majeure partie de la chaleur produite soit valorisée dans un
réseau de chaleur. La qualité des substrats traités entre également en ligne de compte. La graisse animale produit par exemple davantage de biogaz que les végétaux.
En 2007, grâce à ses unités de méthanisation et à ses centres de stockage de déchets, la France a produit
310.000 tonnes équivalent pétrole (tep) de biogaz. Plus de la moitié (161 ktep) provient non pas des centres de méthanisation encore peu nombreux, mais des décharges et 144 ktep proviennent des stations d'épuration selon les données du baromètre Eurobserv'ER. Le pays se situe ainsi à la cinquième place au niveau européen derrière l'Allemagne (2.383 ktep), le Royaume-Uni (1.624 ktep), l'Italie (406 ktep) et l'Espagne (329 ktep).
Ce biogaz a été valorisé en
541 GWh d'électricité et 53 ktep de chaleur. Son utilisation sous forme de carburant n'est pas encore développée à grande échelle en France. Mais en 2007, le plus grand centre européen de production de biogaz destiné à être utilisé comme combustible pour le transport a ouvert ses portes à Lille dans le cadre du
projet européen BIOGASMAX. Ce projet vise à démontrer la pertinence de la filière de biométhane-carburant sur la base d’expérimentations concrètes et consiste à analyser l’ensemble de la chaîne du biométhane, du « puits à la roue », c’est-à-dire de la production de biogaz brut à partir des déchets organiques jusqu’à l’utilisation du biogaz épuré (biométhane) dans les véhicules de transports. En traitant les déchets organiques ramassés et triés par la municipalité de Lille, le centre produira 4 millions de m3 de biogaz par an, qui sera transformé en carburant et sera utilisé par 150 bus appartenant à la flotte du réseau de transport municipal.
