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Pompes à chaleur géothermiques : la France parmi les leaders de l'UE malgré la crise

La géothermie Actu-Environnement.com - Publié le 14/02/2011
La géothermie  |    |  Chapitre 3 / 6
Avec la Suède et l’Allemagne, le marché français des pompes à chaleur (PAC) géothermiques pour le chauffage des maisons individuelles compte parmi les plus importants d’Europe. Il a progressé de plus de 170% entre 2002 et 2008, passant de 8.000 installations par an à près de 22.000, selon les derniers chiffres communiqués en décembre 2010 par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). La France a représenté 20% du marché européen en 2008.

Côté production : la France disposait fin 2008 d’une capacité de production de chaleur à partir de géothermie de 1.678 MWth, et d’une capacité de production d’électricité de 16,5 MWe (Mégawatts électriques), ce qui en fait le 2ème parc de production installé en Europe, après la Suède. Cette production a augmenté de 66 % ces deux dernières années, et dépasse 1 million de tonnes équivalent pétrole (Mtep), avec le développement des PAC que ce soit pour les maisons individuelles (neuf et rénovation) ou pour le tertiaire et le collectif. Le nombre de foyers équipés de ce dispositif a été au total multiplié par 7,5 depuis 2006, passant de 75.000 à 565.000 fin 2009, selon les statistiques du Comité national de la géothermie installé en octobre dernier.

Une production géothermique boostée par le Grenelle

Pour atteindre l'objectif de 23 % d'énergies renouvelables (EnR) dans le mix énergétique en 2020 fixé par le Grenelle, la France compte sur cette énergie. Sa production devrait être multiplié par 6 en dix ans et pourrait représenter 10% de l'augmentation de la production d'énergie renouvelable (20 Mtep) inscrit dans le Grenelle en 2020. Pour ce faire, le gouvernement vise l'équipement de 2 millions de foyers en PAC géothermiques d'ici 2020. Ce qui représente un investissement de 15 à 20 milliards d'euros. Le secteur pourrait mobiliser plus de 80.000 emplois en 2020 contre 14.000 actuellement.

L'Etat mise aussi sur les réseaux de chaleur alimentés par géothermie profonde. Sous forme de chaleur, la géothermie devrait contribuer ainsi pour 1,3 Mtep ''à l’objectif très ambitieux fixé par le Grenelle'', projette l'Ademe. A la même échéance, il est aussi prévu que 20 % de l'électricité produite dans les DOM (départements d'Outre mer) soit d'origine géothermique, ajoute l'Agence.

Un marché des PAC néanmoins en recul en 2009 et 2010

Toutefois, le marché des PAC a été affecté en 2009 ''en raison de la réduction du nombre de mises en chantier de maisons individuelles, la rénovation ne constituant qu’un secteur encore limité actuellement'', a expliqué en octobre dernier, le ministère de l'Ecologie.

Une tendance qu'avait déjà confirmée l’association française pour les pompes à chaleur (Afpac) début février 2010 accusant un recul des ventes des PAC (dont aérothermiques, PAC air/air, air/eau, eau/eau, sol/eau, sol/sol, PAC ECS…) de 20% en 2009 par rapport à 2008, après ''trois ans de ventes records''. D'autant l'année 2008 avait connu une hausse de plus de 119% du nombre des équipements en France ! Le nombre de pompes à chaleur aérothermiques est ainsi passé de 133.080 en 2008 à 106.543 en 2009 et celui des pompes à chaleur géothermiques de 19.430 à 14.349. L'AFPAC a expliqué ce recul par l'impact de la crise économique sur le marché de la construction neuve (avec une baisse de 30%) et celui de l'équipement de chauffage, un destockage massif et la baisse - de 50 à 40% - du taux du crédit d'impôt intervenu en 2009. Les PAC air/air n'ayant plus bénéficié d'aucune aide.

Même recul du marché des PAC en 2010 impacté à nouveau par la crise mais aussi le prix des chaudières au fioul ''plus attractif'', la poursuite du déstockage ou encore la réduction des permis de construire et le crédit d'impôt passé à 25 % en 2010 pour les pompes à chaleur aérothermiques mais maintenu à 40 % pour les PAC géothermiques … Résultats : si les ventes des PAC géothermiques ont connu une baisse totale de 26% en 2009, elles ont également été réduites de 38% en 2010! ''Les gammes qui subissent de plus fortes baisses sont les PAC Sol/Eau, -63% et les PAC Eau/Eau -45%. Les PAC Géothermie Haute Température représentent 28% du total géothermie'', a précisé l'AFPAC ce lundi 14 février 2011 dans son dernier bilan 2010. Le marché des PAC ECS (eau chaude sanitaire) seule est en revanche en hausse de 67% en 2010, à 7.620 unités. Cette augmentation est notamment due au crédit d’impôt de 40% accordé à l’installation de ces produits. Le marché des PAC Air/Air affiche aussi une hausse de 14% par rapport à l’année 2009 et ''revient au niveau de 2008''. ''Après un deuxième quadrimestre très dynamique (+30% par rapport au deuxième quadrimestre 2009), la période septembre-décembre a vu ses ventes progresser de façon plus mesurée, avec une évolution de 5% par rapport à la même période de 2009'', s'est félicitée l'association.


2011, vers une reprise de l’activité ?

L'AFPAC se veut néanmoins rassurante et attend une reprise de l'activité de la filière en 2011, malgré la réduction du crédit d'impôt sur des équipements. Depuis le 1er janvier 2011, l'installation d’une pompe à chaleur dont la finalité est la production de chaleur a en effet vu son taux baisser de 40 % à 25 %, sauf en cas d’installation d’une pompe géothermique. Cependant, le crédit d’impôt au taux de 40% est cette année étendu à la pose de l’échangeur souterrain d’une pompe à chaleur géothermique et à l’acquisition d’un chauffe-eau thermodynamique.
Côté perspectives 2011 : ''la bonne tenue des produits destinés au confort résidentiel et les conditions climatiques de l’été 2010 laissent présager un démarrage plus rapide de la saison'', selon l'association. La hausse des permis de construire de 10 % en fin 2010 laisse aussi "entrevoir la reprise des mises en construction dans les prochains mois dans les secteurs résidentiels et tertiaires. Enfin, les enseignes semblent relancer de nouveaux investissements laissant augurer une année 2011 au minimum au niveau de ceux de 2010 pour les activités tertiaires. "L’activité des PAC sur eau et la hausse constatée en début d’année 2010 du pétrole devraient provoquer un rebond sur ce marché", projette l'Afpac.

Rachida Boughriet

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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