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Formations initiales : une nécessaire adaptation

Grenelle de l’environnement : l’enjeu de la formation des professionnels Actu-Environnement.com - Publié le 02/12/2008
Grenelle de l’environnement : l’enjeu...  |    |  Chapitre 4 / 6
© Lycee COROT
Aujourd’hui, près de 207.000 jeunes sont en formation initiale dans le secteur du bâtiment, un chiffre record qui répond au besoin de rajeunissement de la pyramide des âges de la profession. Mis à part quelques initiatives locales, la plupart des formations professionnelles n’intègrent pas ou peu la question de la maîtrise de l’énergie. Il y a un vrai problème sur la formation des jeunes. Beaucoup d’entreprises peinent à embaucher du personnel qualifié. Il faut des filières diplômantes adaptées et un changement d’échelle complet, note Philippe Rocher, formateur et membre du Syndicat des énergies renouvelables.
Nous avons engagés à ce sujet une réflexion en amont du Grenelle de l’environnement sur sollicitation des professionnels, explique Brigitte Trocmé, adjointe au Chef du bureau du partenariat du monde professionnel et des commissions professionnelles consultatives (DESCO) du ministère de l’Education nationale. Nous avons senti une évolution très forte des professionnels du bâtiment. Il y a un réel marché aujourd’hui.

Faire évoluer les formations traditionnelles de techniciens

Trois questions à Christian Fabry, délégué de l’Ademe Picardie : « Former les jeunes à la pluri-compétence »
A la rentrée 2006, l’Ademe Picardie a lancé, en concertation avec le Conseil régional et le rectorat de l’Académie d’Amiens, un programme de formation initiale des jeunes du bâtiment à la maîtrise de l’énergie et aux énergies renouvelables. Près de 70 enseignants et onze établissements ont rejoint aujourd’hui le programme qui devrait former d’ici 2009, 600 jeunes à la pose d’un chauffe-eau solaire individuel notamment.

Actu Environnement : Qu’est-ce qui a incité l’ADEME Picardie à mettre en place un tel programme ?
Christian Fabry :
C’est le croisement de données sur le bilan énergétique de l’habitat local, le bilan économique et social de la région. Nous sommes face à un parc de logements plus rural que la moyenne française et face à des déterminants économiques et sociaux plus tendus qu’au niveau national : l’indice de pauvreté est plus élevé, en particulier dans 2 départements, certains bassins d’emplois ont des taux de chômage très élevés. Enfin, nous sommes dans la deuxième région de France concernant les moins de 25 ans et cette population est moins diplômée que la moyenne nationale. Nous avons donc eu l’idée de mener des actions de rénovation énergétique du bâti existant afin de lutter contre la précarité énergétique et d’apporter une réponse aux problématiques du marché de l’emploi.

A.E. : Comment la réflexion a-t-elle été menée ?
C.F. :
Nous avons travaillé avec les professionnels du bâtiment. Nous avons fait le constat que les professionnels en activité ont des carnets de commande plutôt remplis, de telle sorte qu’ils ont peu de temps disponible pour se former. La réflexion a donc été orientée vers la formation des jeunes. Nous souhaitions bâtir une formation tournée vers les centres de formation des apprentis et les lycées professionnels. L’idée était d’intéresser les jeunes aux métiers du bâtiment, orientés vers la maîtrise de l’énergie. Nous avons très rapidement reçu l'adhésion des directeurs d’établissements. Ils partageaient l’idée d’intéresser les jeunes à ces métiers en créant un caractère attractif : les énergies renouvelables. Nous avons donc défini un programme cadre d’action auquel ont été associés le Conseil régional et le rectorat d’académie. Dans un premier temps, il a fallu former les enseignants. Pour ce faire, nous avons fait appel à un bureau d’étude. Les équipements pédagogiques ont été cofinancés par le Conseil régional et l’Ademe.

A.E. : Quelle est l’idée maîtresse de ce programme ?
C.F. :
Nous cherchons à décloisonner les corps de métiers et à faire naître de nouveaux professionnels de l’économie d’énergie. L’idée est de former les jeunes à la pluri-compétence. Ce qui nous parait important, c’est que quiconque entre dans les métiers du bâtiment connaisse les techniques d’aujourd’hui. Il faut donc faire évoluer d’abord les filières classiques et pourquoi pas, à un moment donné, mettre en place des filières dédiées aux énergies renouvelables ou à la maîtrise de l’énergie.
Si la prise de conscience est là, le temps est toujours aujourd’hui à la réflexion. Quels sont les nouveaux besoins du marché du travail ? Quelles compétences sont aujourd’hui recherchées ?
Nous sommes en train de travailler sur cette question, il y a une certaine inertie, reconnaît Matthieu Orphelin, directeur de cabinet de la présidente de l’ADEME, Chantal Jouanno. Les nouvelles problématiques demandent un changement radical de pratiques. On ne peut pas changer un monde tel que celui du bâtiment du jour au lendemain. C’est une grosse révolution qui ne se fait pas en un jour.
Au niveau de l’Education nationale, la question est de savoir comment ces nouvelles problématiques impactent les formations existantes et s’il est nécessaire de créer de nouvelles formations. Nous sommes plutôt prudents à ce jour sur les métiers spécifiques. Au niveau des techniciens, là où la demande est la plus forte, il y a très peu d’emplois purement fondés sur les énergies renouvelables, analyse Brigitte Trocmé. Nous ne voulons pas répondre de manière trop rapide. Nous sommes aujourd’hui dans une phase mouvante, nous ne savons pas quelles seront les évolutions de demain. Nous avons commandité une étude pour faire un état des lieux de l’évolution des normes dans le bâtiment et voir dans quelle mesure cela impacte les diplômes.
Aujourd’hui, l’Education nationale opterait davantage pour un enrichissement de l’enseignement des formations traditionnelles : qu’est-ce que nous pouvons mettre dans les diplômes existants qui permette de faire face aux nouvelles demandes ? Pour les professionnels, ces nouvelles connaissances doivent s’appuyer sur des compétences traditionnelles. Nous envisageons aujourd’hui des diplômes de type mention complémentaire, spécialisation.
Pour Matthieu Orphelin, il faut ajouter dans chaque formation un volet « techniques durables » qui devra prendre une place de plus en plus importante dans les cursus. Le développement durable doit être enseigné comme la règle. Il ne faut pas des formations aux « mauvaises techniques » et des formations aux techniques de demain. Il faut au contraire mettre du durable dans chaque métier et peut-être créer de nouvelles formations spécifiques à la rénovation du bâtiment.

Former également les maîtres d’oeuvre

Si le besoin de techniciens du bâtiment constitue la plus grosse partie de la demande, les autres formations ne doivent pas être laissées en reste. Aujourd’hui, les écoles d’architecture ont intégré la dimension développement durable de manière périphérique, sans une projection globale sur le bâtiment de l’avenir, regrette Alain Liébard, d’Observ’ER. Il faut un réglage au niveau des curseurs. Un constat partagé par François Pélegrin, architecte urbaniste : l’enseignement et la formation initiale des architectes ne sont pas adaptés aujourd’hui. Pour preuve, notre profession est encore attachée au ministère de la Culture alors que nous demandons depuis des années à être rattachés au ministère du développement durable. Il faut donner à la maîtrise d’oeuvre les justes moyens pour encadrer les travaux. Il faut de nouveaux outils collaboratifs pour faire travailler ensemble l’architecte, le thermicien… Pour Richard Loyan, d’Enerplan, il est également urgent de former les futurs ingénieurs de bureaux d’études afin qu’ils puissent proposer des offres de qualité.
Dans un rapport remis à Jean-Louis Borloo lors du Grenelle de l’environnement, l’architecte Françoise-Hélène Jourda préconisait l’intégration d’enseignements liés au développement durable dans tous les cycles de formation des métiers du bâtiment (architecture, ingénierie, urbanisme, techiniciens…). Comme François Pélegrin, elle soulignait la nécessité de jeter des ponts entre les différents corps de métiers, notamment en créant des cursus communs aux écoles d’architecture et d’ingénieurs.

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