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Démantèlement : le peu de retours d'expérience soulève des incertitudes techniques et financières

L'énergie nucléaire Actu-Environnement.com - Publié le 09/05/2011
L'énergie nucléaire  |    |  Chapitre 5 / 9
Après l'arrêt définitif d'exploitation d'une installation nucléaire, celle-ci doit être démantelée, c'est-à-dire assainie avant d'être déconstruite. ''L'objectif du démantèlement est de parvenir à un état où l'impact et le risque résiduels de l'installation sur le public, les travailleurs et l'environnement sont aussi faibles que possible'', explique l'ASN. À l'issue des opérations de démantèlement, l'installation est normalement déclassée et rayée de la liste des installations nucléaires de base.
De nombreuses incertitudes demeurent cependant, notamment sur le temps nécessaire au démantèlement complet et sur son coût réel. Le peu de retours d'expérience rend les estimations difficiles.

Neuf réacteurs en démantèlement partiel

Le démantèlement fait l'objet d'un encadrement strict, il doit être autorisé par décret, selon la loi du 13 juin 2006. Trois ans avant la mise à l'arrêt définitif du site, l'exploitant doit en informer les autorités et l'ASN, et doit transmettre un plan de démantèlement de l'installation, accompagné d'une étude d'impact sur l'environnement.
En 2001, EDF a décidé le démantèlement de neuf réacteurs définitivement mis à l’arrêt : Brennilis, Bugey 1, Chinon A1, A2 et A3, Chooz A, Creys-Malville et Saint-Laurent A1 et A2. Le groupe prévoit un démantèlement complet de ces réacteurs d’ici à 2025.
Trois phases sont nécessaires afin d'aboutir au déclassement du site. Elles peuvent s'échelonner sur plusieurs décennies.
La première phase consiste en la mise à l'arrêt définitif du site. Le combustible est alors déchargé, les circuits sont vidangés et les installations non nucléaires mises hors services sont démontées. EDF estime qu'après cette première phase, ''99,9 % de la radioactivité est évacuée de l’installation''. Plusieurs pays, comme la Grande-Bretagne ou les États-Unis, ont fait le choix de commencer l’assainissement et le démantèlement de leurs centrales plusieurs années après la fin de leur exploitation, afin de faciliter le nettoyage (perte de radioactivité naturelle). EDF, de son côté, a opté pour un démantèlement immédiat après l'arrêt d'exploitation.
La phase 2, c'est-à-dire le démantèlement partiel, peut ensuite démarrer. Il s'agit de démonter les équipements et les bâtiments, mis à part le bâtiment réacteur qui doit faire l'objet d'un traitement spécifique et être mis sous surveillance. Les déchets doivent être conditionnés et évacués vers des centres de stockage agréés. ''Ces deux premières phases de déconstruction sont effectuées au cours des 10 années qui suivent l'arrêt de la production d'électricité'', estime EDF.
Vient ensuite la phase la plus délicate : le démantèlement total. Aucun des neuf réacteurs en cours de démantèlement n'est parvenu à ce stade. Il s'agit de démonter le bâtiment réacteur, ainsi que les matériaux et équipements encore radioactifs. EDF estime que cette étape ''dure environ 10 ans''.

Les incertitudes sur le coût et le financement

En 2005, plusieurs instances nationales se sont penchées sur le financement du démantèlement donnant lieu à un certain nombre de remarques et recommandations. Les coûts de déconstruction sont, de manière largement partagée, estimés à 15 % de l'investissement initial, avec de nombreuses incertitudes.
La Cour des comptes s'inquiétait, en janvier 2005, de l'insuffisance des provisions passées par EDF, Areva et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), rappelant que par le passé, les coûts de démantèlement avaient été largement sous-estimés. Elle craignait de fait un éventuel report de la charge sur des exercices ultérieurs, c'est-à-dire les consommateurs futurs. Ce qu'EDF nie : ''depuis le début du fonctionnement de son parc de centrales nucléaires, le coût de leur déconstruction a été pris en compte'' et intégré ''dans le prix de vente du kWh''. Une affirmation largement remise en cause actuellement par les débats sur le prix du kWh et la sortie du nucléaire. Nicolas Sarkozy a promis le 2 mai 2011 un nouvel audit sur le financement et le coût de démantèlement du nucléaire.
La loi de 2006 exige que les exploitants d'installations nucléaires évaluent, ''de façon prudente, les charges de démantèlement de leurs installations et celles de la gestion de leurs combustibles usés et déchets radioactifs''. Les provisions afférentes à ces charges doivent être affectées à titre exclusif à leur couverture.

L'exemple de Brennilis : de nombreuses incertitudes techniques et financières

Le réacteur à eau lourde de Brennilis a été mis à l'arrêt en 1985. La phase 1 du démantèlement a été effectuée en 1992. La déconstruction partielle n'a démarré qu'en 1997. Autorisé par décret en février 2006, le démantèlement complet a été arrêté en juin 2007, sur décision du Conseil d'Etat, saisi par le réseau Sortir du nucléaire (l'étude d'impact n'avait pas été rendue publique). Peu après, un rapport de l'ASN a accablé EDF sur la gestion du démantèlement (sous-évaluation de la radioactivité, non conformité des déchets…).
La Commission d'enquête publique demandée par le Conseil d'Etat a quant à elle rendu son verdict en mars 2010 : avis défavorable à l'unanimité.
L'autorisation de reprise des opérations est attendue pour cet été. Mais de nombreuses incertitudes demeurent, notamment quant à la gestion des déchets issus du démantèlement. Celles-ci ne concerneraient que 1 % des déchets, ceux de haute activité, estime EDF. Le centre de stockage qui pourrait les accueillir n'est pas attendu avant… 2025.
Finalement, la Cour des comptes a estimé que la facture pourrait être 20 fois plus élevée que prévu…
Pour EDF, le démantèlement de ses 9 premiers réacteurs n'est pas représentatif de l'ensemble de son parc : ''les coûts de déconstruction des centrales nucléaires de première génération actuellement à l'arrêt ont été estimés réacteur par réacteur. En effet, leurs conceptions initiales rendent les travaux de déconstruction plus complexes, les installations ne bénéficiant ni de l'effet de taille, ni de l'effet de série dont bénéficieront les réacteurs à eau pressurisée actuellement en fonctionnement''. EDF avance aujourd’hui le chiffre de 2 milliards d’euros pour la déconstruction en cours des neuf réacteurs.

Sophie Fabrégat

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