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Qualité et traitement de l'air intérieur dans les lieux de santé

Qualité de l'air intérieur : une prise de conscience tardive pour un enjeu majeur Actu-Environnement.com - Publié le 28/11/2011
Qualité de l'air intérieur : une prise...  |    |  Chapitre 6 / 7
L’importance de la qualité de l’air intérieur dans les établissements de santé est une préoccupation croissante, qui résulte de l’évolution des pratiques de soin, du vieillissement du parc immobilier et de la présence de personnes fragiles.

© TrudiDesign

Les démarches environnementales globales sont encore peu répandues dans les 3.000 établissements de santé que compte la France (hôpitaux, cliniques, maisons de retraite…) même si des initiatives émergent. La conception des établissements de santé et leur organisation sont avant tout pensées pour répondre à leur rôle premier : la santé de 18 millions d’usagers chaque année. Or, ''tous les services hospitaliers sont exposés aux composés organiques volatils (COV), seuls les blocs opératoires le sont dans une moindre mesure'', estime Olivier Toma, président du Comité pour le développement durable en santé (C2DS).

Matériaux de construction, mobiliers et activités de soin : trois principales sources de pollution

Cadre réglementaire du système de traitement d'air à l'hôpital
Le système de traitement d'air d'un hôpital et tout établissement de santé est soumis à différents textes réglementaires : Code du travail pour le personnel, Code de la santé publique (CSP), règlement sanitaire départemental (RSD) pour les visiteurs et les patients, Code de la construction, code de la sécurité.
Les textes mentionnent une obligation de ventilation naturelle ou mécanique qui est obligatoire dans la chambre des patients.
Dans les locaux à pollution spécifiques les concentrations moyennes en poussières totales et alvéolaires de l'atmosphère inhalées par une personne sur une période de 8 heures ne doivent pas dépasser respectivement 10 et 5 milligrammes par mètres cube d'air.
La spécificité de l'activité de soin amène en effet un confinement particulier des espaces dans les établissements de santé confrontés à trois principales sources de polluants intérieurs : les matériaux de construction (COV, phtalates issus des revêtements PVC, fibres minérales dans les faux plafonds et double cloison murales), les mobiliers (émanant du formaldéhyde qui est un contaminant prioritaire…), les activités humaines (moisissures...) et les activités professionnelles (produits nettoyants et désinfectants, produits de soins...). L'utilisation de certains produits comme les gaz anesthésiques (à base de protoxyde d'azote, desflurane, sevoflurane) ou désinfectants et stérilisants (composés des substances d'ammonium quaternaire, polyhexanide, polyalkylamine, éthanol, n propanol, acide péracetique…) dans certains services hospitaliers, par exemple, associée à une mauvaise ventilation peut ainsi entraîner une pollution impactant personnel et patients, visiteurs...
"Améliorer la qualité de l'air intérieur au sein d'un hôpital signifie de veiller notamment à la qualité des peintures, à la nature des colles utilisées pour fixer sol et protections murales ou présentes dans les meubles, à la qualité de matériau des sols - dont le lavage de ceux en PVC peut occasionner la libération de phtalates (composés semi-volatils) -, à la toxicité des produits nettoyants utilisés quotidiennement en quantité colossale et à celle des produits de désinfection et de soins", avait déjà expliqué en septembre 2007 Véronique Molières, co-fondatrice du C2DS dans la revue bimestrielle ''Techniques hospitalières''.
Mais la qualité de l'air dans les établissements de soins reste encore appréhendée à travers la lutte contre les infections nosocomiales (aéroportées ou manuportées) et toute contaminations microbiologiques.

Etablissements de santé, parents pauvres des études de l'Oqai ?

Alors que l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (Oqai) créé il y a 10 ans surveille les polluants des logements, des écoles et crèches ou bureaux, il prévoit seulement ''à terme'' d'étudier les lieux de vie accueillant des populations vulnérables comme les personnes âgées ou hospitalisées… Aucun indice spécifique ne permet donc d'analyser les contaminants des espaces à risque tels que le service de stérilisation et les blocs opératoires. ''Or, la problématique de la qualité de l'air se pose en particulier au regard du personnel d'entretien, de stérilisation et de bloc opératoire, soumis à une exposition particulière compte tenu des produits utilisés pour leur profession, et au regard des patients fragiles (patients immunodéprimés, prématurés dans les maternités, enfants, personnes âgées...)'', selon Véronique Molières. Une réflexion sur le long terme doit pourtant être engagée pour éviter que le secteur de la santé soit lui même à l'origine de risques sanitaires.

Côté réglementation : ''les choses ont commencé à bouger'', avait souligné en mars 2010 Olivier Toma, à l'instar du Plan hôpital 2012 (lancé en 2008) qui prévoit la rénovation du secteur (10 milliards d'euros) alors que l'étiquetage obligatoire des matériaux de construction et d'ameublement relatif aux émissions de COV et CMR (Cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) prévu par le Grenelle ne sera toutefois mis en œuvre qu'à partir de 2012, soit une fois la rénovation des bâtiments commencée ou achevée… Une enveloppe est notamment prévue dans le Plan hôpital 2012 pour le financement des opérations majeures de désamiantage. La surveillance obligatoire de l’air dans certains établissements recevant du public sensible est également une des mesures de la loi Grenelle 2 de juillet 2010 dont les établissements sanitaires et sociaux prenant en charge les mineurs (en vigueur d'ici 2023) trois substances concernées (formaldéhyde, benzène et CO2). Dans le cadre du plan national de Santé Environnement 2009-2013 (PNSE 2), la surveillance de la qualité de l'air deviendra obligatoire dans tous lieux accueillant des populations sensibles d'ici à 2015.

Les hôpitaux HQE, une solution pour limiter les impacts

Pour Olivier Toma, ''il faut identifier à la source les produits toxiques et s'interroger sur leur possible substitution, modifier l'architecture des bâtiments en revoyant notamment les systèmes de canalisations et trouver le mode de traitement approprié. Ces solutions doivent être identifiées à l'échelle nationale''.
Encore au stade de projets et marginaux en France, les nouveaux hôpitaux Haute Qualité Environnementale (HQE) se veulent plus respectueux de l'environnement, plus confortables, plus économes et prennent en compte la qualité sanitaire des matériaux. Un nouveau référentiel (HQE) pour les établissements de santé a été lancé fin avril 2008 par l'organisme certificateur Certivéa, filiale du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB). Ouvert depuis le mois de mai dernier, le nouveau centre hospitalier Alès Cévennes (Chac), dans le Gard, a ainsi été inauguré en septembre présence du ministre de la Santé, Xavier Bertrand. Il s'agit du premier hôpital du pays à se voir attribuer le label HQE. Pour un coût élevé à 130 millions d'euros, la construction de la structure a été pensée de manière à réduire son impact environnemental. Après le projet pilote d'Alès, la ville d'Evry (Essonne), ainsi que celle de Gonesse (Val d'Oise), devraient ouvrir également bientôt leur établissement hospitalier HQE.
Autre initiative : de son côté, l'hôpital de Rambouillet (Sud Yvelines) est équipé depuis le 7 octobre d'installations en cuivre pour lutter contre les infections nosocomiales. Poignées de porte, barres de lits, mains courantes, plaques de propreté en cuivre et alliages de cuivre (labellisés Antimicrobial CopperTM) équipent désormais les services de réanimation et de pédiatrie. C'est la première fois qu'un hôpital français opte pour cette solution qui permet d'éradiquer 90 à 100 % des bactéries présentes sur les surfaces de contact, y compris les bactéries multi-résistantes (BMR) comme le staphylocoque doré résistant à la méthicilline (SARM).

Polémique autour de l'action photo-catalytique de dépollution

Vitres autonettoyantes, peintures dépolluantes, purificateurs d’air, de plus en plus d'établissements de santé misent sur tous ces produits se basant sur l’action photo-catalytique du dioxyde de titane (TiO2) nanométrique qui permettrait de détruire, en présence de rayon UV, les germes et les polluants chimiques et biologiques présents dans l'air intérieur. En janvier 2011, l'équipe de Valérie Keller au Laboratoire des matériaux, surfaces et procédés pour la catalyse (CNRS/université Louis-Pasteur), à Strasbourg a ainsi présenté un procédé faisant appel à la photocatalyse qui viendrait à bout par oxydoréduction des molécules organiques et les micro-organismes. Les tests ont montré que des toxiques comme le monoxyde de carbone, l'acétone ou le MEC (methyl ethyl cétone) sont détruits à 80, 90 et même 100 % après une heure de traitement, a indiqué Mme Keller au quotidien ''Le Figaro''. Des appareils commercialisés par la société Biowind sous licence CNRS et utilisant ce procédé révolutionnaire équipent déjà des cabinets médicaux et des ambulances.
Mais Olivier Toma, président du C2DS estime que ce procédé n'est pas la meilleure réponse pour dépolluer l'air intérieur et pointe notamment l'innocuité des matériaux utilisés à base de dioxyde de titane. ''Si une étude sérieuse montre l'intérêt de ces particules, en particulier pour maîtriser la qualité de l'air dans des atmosphères stériles comme les blocs-opératoires, nous ne demandons qu'à la suivre. En revanche, leur utilisation dans les peintures des couloirs ou des salles d'attente est totalement inutile. Les infections nosocomiales ne viennent pas des murs'', a-t-il indiqué le 16 novembre dans une interview à Actu-Environnement.com.

Rachida Boughriet

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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