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Actu-Environnement

Des villes durables, si dynamiques (2)

La ville durable Actu-Environnement.com - Publié le 14/11/2011
La ville durable  |    |  Chapitre 3 / 5
B. La chaleur, une énergie pas « fatale »

1. La chaleur, premier poste de consommation énergétique de France

La chaleur est le premier poste de consommation énergétique nationale. Ce qui n'a pas échappé au groupe de travail du plan Bâtiment Grenelle qui, dans la cinquième proposition de son rapport final intitulé « Leviers à l'innovation dans le secteur du bâtiment » suggère d'« Autoriser EDF ou tout autre industriel à vendre tout ou partie de la chaleur issue de ses processus de production ». De là à transformer les « cheminées » des réacteurs nucléaires en chaudières géantes... et le problème est résolu !

2. Développer le chauffage-urbain

En attendant, le fait que le chauffage du résidentiel et du tertiaire représente un tiers des émissions de GES de France présente l'intérêt non seulement de s'intéresser aux déperditions thermiques, mais aussi de développer des solutions de réseaux de chaleur.

Les réseaux de chaleur pour chauffer la ville datent de l'époque romaine. Aujourd'hui, selon le pôle de compétence et d'innovation Réseaux de chaleur du Centre d'Études Techniques de l'Équipement (Cete) de l'Ouest :
− 1/3 de la chaleur produite est distribuée au tertiaire ; 60 % est consommée au niveau des bâtiments publics, du secteur hospitalier, de l'enseignement et de la Défense
− 2/3 de la chaleur produite est distribuée aux logements ; soit environ 2,1 Meq logements, dont plus de la moitié relèvent de la catégorie « logements sociaux ». Dans le parc national d'habitat social, 17% des logements sont d'ailleurs chauffés par un réseau de chaleur.

Mais sur la globalité de la chaleur consommée par l'ensemble du parc résidentiel et tertiaire de l'hexagone, seuls 5 à 6 % de cette chaleur est distribuée par réseaux de chaleur. Le potentiel de développement des réseaux de chaleur est conséquent !

D'où les objectifs du Grenelle de l'environnement : d'ici 2020, tripler le nombre d'équivalents-logements raccordés aux réseaux de chaleur (soit 6 M environ) et 75% d'énergies renouvelables et de Récupération (ENR&R) dans les sources d'approvisionnement des réseaux.

Depuis 2009, l'étude d'opportunité de raccordement à un réseau est obligatoire pour toute opération d'aménagement soumise à étude d'impact (article L128-4 du Code de l'urbanisme).

3. Les ENR&R, qu'est ce que c'est ?

Récemment, l'Ademe a accordé une subvention du Fonds chaleur au projet de transformation en chaudière géante un data center . Dans un contexte où ce fond est menacé de rabot, cette nouvelle augure d'un élargissement de la définition des énergies de récupération de chaleur.

Pour l'instant, selon l'Ademe, les énergies de récupération de chaleur sont « la valorisation de la chaleur résiduelle issue de l’incinération des déchets urbains et assimilés et la valorisation des biogaz issus de méthanisation ».

4. Le secteur des déchets mobilisé

Début 2008, le rapport n°239 du sénateur Laurent Béteille déposé le 26 mars 2008 recensait déjà deux syndicats mixtes engagés dans une démarche de PPP.
Selon le Cete Ouest : « L'incinération des ordures ménagères est une importante source d'énergie du chauffage urbain : en 2008, elle apporte 22 % de la chaleur distribuée par les réseaux. D'ici 2020, la quantité d'énergie fournie par la valorisation des déchets devra avoir doublée, passant de 400 à 900 ktep. Il peut donc exister des liens forts entre la compétence de traitement des déchets et le développement du chauffage urbain ».
Comme l'indique l'Observatoire des déchets d'Ile-de-France, l'Ordif, le rapport d'information du sénateur Béteille ayant servi de base aux discussions sur le projet de loi relatif aux contrats de PPP recensait début 2008 deux syndicats de gestion des déchets ménagers engagés dans un PPP.

B. Evacuée au fond de la douche... l'eau se transforme en vivier de chaleur

1. 2009, le décret d'autorisation

Le décret n° 2009-649 du 9 juin 2009 relatif à l'entretien annuel des chaudières dont la puissance nominale est comprise entre 4 et 400 kilowatts (JORF n°0133 du 11 juin 2009) a modifié l'article R 224-20 du Code de l'environnement.

Il décrète « ce qu'on entend par :

1° " Chaudière " : l'ensemble corps de chaudière et brûleur s'il existe, produisant de l'eau chaude, de la vapeur d'eau, de l'eau surchauffée, ou modifiant la température d'un fluide thermique grâce à la chaleur libérée par la combustion ;
Lorsque plusieurs chaudières sont mises en réseau dans un même local, l'ensemble est considéré comme une seule chaudière, dont la puissance nominale est égale à la somme des puissances nominales des chaudières du réseau et dont la date d'installation est celle de la chaudière la plus ancienne.
2° " Puissance nominale " : la puissance thermique maximale fixée et garantie par le constructeur comme pouvant être cédée au fluide caloporteur en marche continue ;
3° " Rendement caractéristique " »

Avec cet article, la puissance thermique d'une « chaudière » peut venir non plus seulement directement de la source de chaleur, du « foyer », mais aussi d'un « intermédiaire », d'un fluide caloporteur.

2. De la chaleur précieuse dans les eaux usées

a. Le procédé Degré Bleus®

Fort de ce constat, le procédé Degré Bleus® de la Lyonnaise des eaux (groupe GDF-Suez) a commencé à être déployé. Basé sur le principe simple de pose d'échangeurs thermiques sur les canalisations d'eaux usées, le fluide caloporteur récupère les calories des eaux qui s'y écoulent. Et « remonte » jusqu'à la chaudière par une pompe à chaleur. Avant de repartir vers les canalisations, le tout en circuit fermé.

Dans son rapport d'activité 2009-2010, la Lyonnaise des eaux précise : « Les réseaux publics d'assainissement, propriété des collectivités locales, deviennent un patrimoine susceptible de contribuer à la production d'énergies renouvelables à hauteur de 1 à 3% ».

Inauguré comme un moyen d'alimenter le centre aquatique de Levallois-Perret au printemps 2010, il l'a été cette année pour la première fois sur l'éco-quartier Boule-Sainte Geneviève en cours de construction sur la commune de Nanterre. Une opération d'aménagement urbain de site pollué, une réserve foncière apparue à l'arrêt de l'usine de batterie CEAC-Fulmen.

b. Améliorer durablement l'efficacité calorique du système

L'autorisation récente de taxe pour la gestion des eaux pluviales urbaines devrait inciter la mise en oeuvre de dispositifs pour réduire l'entrée des eaux de pluie – chargées en polluants – dans le réseau d'assainissement urbain : aménagement de sols et bâti végétalisés, de bassins de rétention en surface ou d'ouvrages de stockage enterrés (sous un parking, un espace vert, etc.). D'autant plus que le CSTB vient de certifier les systèmes autocurables de rétention et d’infiltration des eaux pluviales avec l'avis technique favorable apporté à la solution Nidaplast® EP et Nidaflow® (h) de Nidaplast (groupe Etex, un partenaire industriel du Groupe Lafarge).

Ainsi, même posé sur un réseau unitaire de collecte des eaux usées, l'impact de la pluie – froide - sur la variation de puissance thermique du système peut être limité.

Penser au déploiement du système à l'échelle des réseaux publics d'assainissement d'une aire urbaine renvoie bien évidemment au débat sur : « l'eau, bien public universel ».
Tandis que la Ville de Paris teste la récupération de chaleur dans les égouts et que selon la Lyonnaise des eaux, le dispositif sera bientôt mis en oeuvre sur le réseau d'évacuation des eaux chaudes sanitaires de l'Elysée, ce débat se prépare sans doute.

Et peut-être un autre débat, celui non plus du brevet sur le vivant, mais sur la physique.

© Tous droits réservés Actu-Environnement
Reproduction interdite sauf accord de l'Éditeur.

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