Plus de 29.000 Mwc : la crise économique n'a pas empêché le secteur du photovoltaïque de raccorder en 2011 environ 12.200 MWc de plus qu'en 2010 selon le baromètre photovoltaïque réalisé par EurObserv'Er. La principale zone d'installation demeure l'Union européenne. Elle représente 74 % de la puissance nouvellement connectée. Les pays les plus attractifs ? L'Allemagne et l'Italie : ils représentent ensemble une puissance connectée supplémentaire de près de 17 GWc. Viennent ensuite la France (1,6 GWc), la Chine (2.140 MWc), les Etats-Unis (1.855 MWc) et le Japon (1.296 MWc). "Aucun gouvernement n'avait prévu que le prix des modules photovoltaïques continuerait à chuter, et de façon aussi rapide, souligne le document, cette baisse beaucoup plus rapide que celle des tarifs a conduit à une nouvelle course à l'installation, les investisseurs cherchant à exploiter au mieux le différentiel entre les tarifs d'achat et le coût réel du kWh photovoltaïque". La guerre des prix auxquels se livrent notamment les industriels asiatiques induit une chute des prix des systèmes photovoltaïques. Ainsi le magazine Photon International relève une division par deux de 2008 à 2011. Celle-ci est notamment permise, selon le baromètre photovoltaïque, par l'augmentation des capacités de production, les innovations technologiques et une baisse importante du prix du silicium.
Refonte des systèmes d'incitation
"Dans de nombreux pays de l'Union, les politiques ont aujourd'hui la désagréable impression d'avoir payé au prix fort le développement de la filière photovoltaïque", constate l'étude d'EurObserv'Er. Différents gouvernements ont donc entamé une refonte des systèmes d'incitation. Ainsi, en Italie l'introduction d'une dégressivité mensuelle en septembre 2011 a ralenti le marché début 2012. Un bonus de 10 % est cependant accordé sur le tarif lorsque au moins 60 % des composants du système ont été produits dans l'UE ou dans les pays de l'EEA non membres de l'UE (Norvège, Islande, Liechtenstein). En France, cette éventualité avait été discutée dans des groupes de travail initié par le gouvernement mais reste aujourd'hui en suspens.
Le baromètre estime qu'en 2012 le marché photovoltaïque français ne connaîtra pas de forte progression du fait des mesures prévues par le décret du 4 mars. Celui-ci impose un volume d'installations de 500 MWc par an et un système de dégressivité des tarifs d'achat revu tous les trimestres.
Le gouvernement espagnol a initié au premier janvier 2012 un moratoire à durée indéterminée qui supprime toutes les aides financières relatives aux centrales électriques qui utilisent des énergies renouvelables. En Allemagne, les mesures prises par le gouvernement (dégressivité définie en fonction de la puissance installée l'année précédente) n'ont pas suffi à tempérer le marché : c'est la rupture des stocks qui a modéré les demandes.
"La guerre des prix lancée par les acteurs chinois et taïwanais a fait le bonheur des développeurs et des investisseurs - de grandes centrales particulièrement -, mais elle a jeté l'industrie mondiale du photovoltaïque dans une spirale autodestructrice, analyse EurObserv'Er, la concurrence est devenue extrêmement difficile, voire critique pour de nombreuses entreprises, avec des prix de marché ne reflétant plus les coûts réels de production". De nombreuses entreprises ont déposé le bilan, notamment en Europe. Une des solutions de sortie de crise pourrait être un investissement dans de nouvelles technologies plus efficaces, selon le baromètre. Ce dernier estime que la situation difficile pourrait perdurer jusqu'en 2014.
"La vraie relance du marché devrait intervenir un peu plus tard dans la décennie, quand le coût de l'électricité photovoltaïque se rapprochera du prix de gros de l'électricité. Nous changerons alors de paradigme et la vraie limite de la filière sera alors la capacité des réseaux à l'incorporer", projette le document.