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Évolution des débits du Rhône : agir dès à présent pour réduire les conflits d'usage

L'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse a présenté les résultats de son étude sur l'évolution des débits du Rhône à l'horizon 2055. Et appelle à anticiper ces modifications en suivant les orientations du Sdage.

Eau  |    |  D. Laperche
Évolution des débits du Rhône : agir dès à présent pour réduire les conflits d'usage

« L'été 2022 a été exceptionnel - par la durée de la sécheresse et la canicule qui l'a accompagnée - par rapport au passé. Ce que nous craignons, c'est que nous ne puissions plus la qualifier d'exceptionnelle à l'avenir, d'où la nécessité d'adaptation », a indiqué Laurent Roy, directeur de l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée-Corse (RMC), lors d'un point presse sur l'évolution des débits du Rhône à l'horizon 2055 (1) . Pour mieux comprendre les changements en cours et à venir, l'agence de l'eau RMC a lancé, en 2021, une étude sur les évolutions des débits du fleuve et des prélèvements. Car si aujourd'hui - avec son puissant débit - le Rhône constitue une garantie pour les usagers du bassin, la tendance à la baisse en été demandera des adaptations.

« Le fleuve est un atout pour le bassin : c'est une ressource de substitution possible. Mais au regard des évolutions, l'avenir ne sera pas le même : il faut anticiper », a souligné Marie-Hélène Gravier, chef du service eau et hydroélectricité nature à la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) Auvergne-Rhône-Alpes.

Des évolutions déjà visibles

Parmi les changements déjà éprouvés figure l'augmentation de la température de l'air de + 1,8 °C par rapport aux années 1960. En conséquence, l'eau s'évapore plus, mais les plantes demandent également plus d'eau en raison d'une évapotranspiration accrue (+ 13 %). La pluviométrie s'est également modifiée dans le bassin. Si les volumes annuels restent inchangés, ils se concentrent, en revanche, sur des événements entrecoupés de périodes de sécheresse. Autre grande différence : les précipitations sous forme de neige ont chuté de 10 % par rapport à la période de préchangement climatique. Ce qui n'est pas négligeable, car la neige constitue une forme de stockage de l'eau, normalement restituée au printemps. Désormais, les débits durant l'hiver seront plus importants et ceux pendant l'été diminueront. « Le régime des cours d'eau est modifié, a pointé Laurent Roy. Le débit d'étiage au mois d'août à Beaucaire - proche de l'estuaire – a diminué de 13 % par rapport à la période de préchangement climatique. »

“ Au regard des évolutions, l'avenir ne sera pas le même : il faut anticiper ” Marie-Hélène Gravier; Dreal Auvergne-Rhône-Alpes

En parallèle, l'augmentation de la température des eaux du fleuve a suivi celle de l'air. « Elle est en hausse du fait d'un double effet : l'installation des centrales nucléaires en 1977 et la température de l'air », a précisé Laurent Roy.

Des prélèvements qui peuvent atteindre 30 % du débit

D'après l'étude, l'ensemble de ces modifications va s'accentuer dans les prochaines années. Et les débits pourraient encore augmenter de 22 à 30 % en hiver tandis qu'ils réduiraient de 19 à 21 % en été. « Cette baisse – en cumulé – de 30 % nous conduit à nous interroger sur les usages du Rhône, a noté Laurent Roy. Quand on regarde les mois les plus secs, 15 % du débit sont prélevés en moyenne et nous pouvons atteindre 30 % durant certaines périodes, actuellement rares, comme durant l'été 2022. »

Pour ce qui concerne la répartition des prélèvements, la plus grande part d'eau soustraite et non restituée au fleuve est liée à l'irrigation (48 %), viennent ensuite les transferts hydroélectriques (24 %) - notamment la chaîne hydroélectrique de la Durance avec un rejet dans l'étang de Berre, puis l'eau potable (16 %), l'industrie (5 %) et la navigation (5 %).

Par ailleurs, le fleuve comprend également de nombreux barrages au fil de l'eau ou avec stockage. Sont également implantés le long du Rhône 14 réacteurs nucléaires : huit avec des refroidissements à circuit ouvert (qui prélèvent l'eau pour refroidir les installations et la rejettent plus chaude dans le milieu dans des conditions encadrées) et six sont à refroidissement à circuit fermé (sans rejet dans le milieu).

Adapter les usages dans un contexte plus contraint

La réduction des débits concomitante au réchauffement de l'eau pourrait - selon les arbitrages - contraindre les usages ou imposer que des mesures soient prises, comme l'été dernier quand EDF a été autorisée à dépasser les limites thermiques fixées pour ses rejets. « De manière théorique, si les centrales tournaient à 100 % du temps – sans prendre en compte la maintenance effectuée l'été –, cela pourrait conduire à réduire de 10 % la production », a situé Laurent Roy.

Autre conséquence à anticiper : une production théorique également diminuée pour les centrales hydroélectriques, mais également un risque accru d'intrusion d'eau salée de plus en plus haut dans le fleuve, en période de basses eaux.

Certaines initiatives ont d'ores et déjà été lancées pour tenter de s'adapter au changement climatique. Parmi celles-ci, la stratégie du bassin, définie en 2014, fixe trois axes principaux : la rétention de l'eau dans les sols (par exemple en encourageant les pratiques agricoles avec des couverts végétaux), la lutte contre le gaspillage de l'eau (par l'amélioration des techniques d'irrigation, la réutilisation de l'eau dans les procédés industriels, etc.) et le recours à des solutions fondées sur la nature (SFN). « Nous ne ferons jamais mieux que des nappes souterraines pour stocker l'eau, a rappelé Laurent Roy. Pour cela, il faut que l'eau de pluie puisse y parvenir. Quand la rivière peut s'étaler dans son lit majeur, lorsqu'elle est en crue, elle recharge les nappes alluviales. Mais si elle est contenue, l'eau va s'écouler le plus rapidement possible vers l'aval. »

Le schéma directeur d'aménagement et gestion des eaux (Sdage) pour la période 2022 à 2027 prévoit dans ses grands axes, dans un contexte de changement climatique, une gestion équilibrée de la ressource. « Dans le Sdage, il est écrit que les réponses à apporter sont d'économiser l'eau, de désimperméabiliser, de substituer – aider certains secteurs par d'autres – et, dans certains cas, et pas de façon systématique, et également de stocker de l'eau », a souligné Martial Saddier, président du comité de bassin Rhône-Méditerranée.

Les résultats de l'étude seront complétés d'ici dix-huit à vingt-quatre mois sur des données sur l'augmentation de la température du Rhône. « Ces études prospectives vont nous aider, car il faut du temps pour changer de modèle économique, a indiqué Martial Saddier. Cette période va nous faire passer un cap pour une prise de conscience collective. »

1. L'horizon de simulation est sur la période 2040 - 2070

Réactions1 réaction à cet article

Comment se fait-il qu'il y a 2000 ans et plus , nos précurseurs les Romains avaient résolus des problèmes d'acheminement de l'eau sur de grandes distances et que la technique moderne ne soit pas en mesure de stocker ou de récupérer une partie de l'eau abondante par définition lors des périodes d'inondation pour la restituer en période sèche.
Les réseaux de gazoducs du pétrole et du gaz qui devraient être inutiles bientôt pourraient peut-être servir à la distribution de l'eau , plusieurs pays ayant des dizaines et des dizaines de milliers de KMS de gazoducs , financés il est vrai parce que ces fluides avaient une valeur marchande que l'eau n'a pas encore.
Il y a certainement des solutions techniques pour injecter une partie des eaux d'inondation ( dans des zones identifiables de ce phénomène) pour injecter donc cette eau directement dans les nappes phréatiques qui s'épuisent à d'autres moments saisonniers.

Charlazare | 07 mars 2023 à 21h44 Signaler un contenu inapproprié

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