La présence de particules accroît le risque de mortalité due à des maladies respiratoires chez les bébés de moins de 12 mois. De plus, les concentrations accrues de particules fines dans l'atmosphère augmentent les risques d'hospitalisation en urgence pour des causes cardiovasculaires et respiratoires. Selon des estimations, les risques relatifs de mortalité due aux maladies cardiovasculaires et au cancer des poumons s'accroissent respectivement de 12 et de 14 % par augmentation de 10 µm /m3 des PM 2,5.
Selon l'évaluation systématique des données réalisée en 2004 par le Centre européen de l'environnement et de la santé de l'OMS à Bonn, la pollution atmosphérique a réduit l'espérance de vie dans l'UE de 8,6 mois en moyenne en 2000 et de 10,2 mois pour l'Allemagne.
L'étude de l'OMS souligne que 80.000 vies pourraient être sauvées d'ici à 2010 grâce à l'application de la directive 1999/30/CE dans l'UE. Cette directive fixe la valeur limite journalière des PM10 à 50 µg/m3 et leur valeur limite annuelle à 40 µg/m3 tandis que chiffres sur les PM 2,5 se doivent d'être mesurés et communiqués.
À l'heure actuelle, dans de nombreuses villes, les concentrations de PM10 sont supérieures aux valeurs limites fixées par l'Union européenne. Au cours du premier trimestre 2005, la valeur limite journalière a été dépassée pendant plus de 30 jours dans plusieurs villes allemandes, précise l'OMS.
Les particules ignorant les frontières, une proportion importante des concentrations observées dans un pays sont en fait dues aux émissions provenant d'autres pays. Ainsi, il a été estimé que 14 % (en moyenne) des concentrations de PM2,5 en Allemagne sont d'origine française. À l'inverse, les émissions de particules en Allemagne se retrouvent dans les concentrations de PM2,5 d'autres pays (elles représentent par exemple 21 % du total de ces concentrations au Danemark et 20 % en République tchèque).Le caractère transfrontalier de la pollution par les particules exige que tous les pays prennent des mesures qui profiteront à la population européenne, souligne le docteur Roberto Bertollini, directeur du Programme spécial sur la santé et l'environnement au Bureau régional de l'OMS pour l'Europe.
Les données font clairement apparaître que les effets sanitaires négatifs de l'exposition aux particules, leur coût pour la société européenne et la capacité de la législation européenne actuelle à réduire ces effets sont des arguments décisifs en faveur de la poursuite et du renforcement des efforts de toutes les parties prenantes pour réduire la pollution atmosphérique, a encore déclaré le docteur Marc Danzon, directeur régional de l'OMS pour l'Europe. Outre l'aspect humain, il s'avère que la réduction de la mortalité imputable aux particules en suspension engendrerait un gain annuel estimé entre 58 et 161 milliards d'euros, et le coût des maladies dues à ces particules diminuerait de 29 milliards d'euros par an.
L'OMS coopère actuellement avec la Commission européenne dans le cadre du programme à long terme 'Air pur pour l'Europe' (CAFE) afin d'élaborer d'une part une politique intégrée de protection de la santé et de l'environnement contre les effets les plus importants de la pollution atmosphérique, et d'autre part une Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU). C'est cette dernière que devraient s'appuyer les stratégies nationales en matière de réduction de la pollution.
Notons que pour l'OMS, les mesures telles que la régulation de la circulation ou l'amélioration des espaces urbains au niveau local s'avèrent très efficaces pour réduire l'exposition des personnes vivant dans les points de concentration de la pollution, mais elles ont un impact limité sur la protection de la société dans son ensemble : d'autres mesures (augmentation du rendement énergétique, utilisation de combustibles plus propres dans les habitations, l'industrie et les véhicules, et installation de dispositifs tels que des filtres à particules sur les pots d'échappement) sont également importantes pour réduire la pollution et l'exposition de la population aux particules. Elles ne seront toutefois pas suffisantes sans un véritable engagement de la société en faveur de la pureté de l'air.