L'Évaluation attribue également une valeur monétaire aux tourbières et aux marécages. Elle estime qu'au Sri Lanka le Muthurajawela Marsh, une tourbière côtière de plus de 3 000 hectares, rapporte près de 5 millions de dollars par an, grâce aux services qu'elle fournit, comme la prévention d'inondations.
Dans la région de Cape Floral en Afrique du Sud, les pertes dues aux espèces allogènes invasives sont estimées à 93 millions de dollars par an.
Une zone humide inviolée au Canada recèle 6.000 de dollars l'hectare, alors qu'une fois convertie à l'exploitation agricole, elle ne vaut plus que 2.000 de dollars.
En tant que lieu de loisir, les récifs coralliens des six Zones de gestion marine des îles Hawaii ont une valeur annuelle allant de 300.000 de dollars à plusieurs dizaines de millions de dollars.
Des études en Algérie, Italie, Portugal, Syrie et Tunisie semblent également indiquer la valeur cachée de forêts intactes. Elles montrent que le bois de construction et de feu tiré de l'exploitation d'une forêt rapporte moins que le tiers des services qu'on en tire telles que la protection des bassins versants, l'absorption de polluants dont les gaz à effet de serre, et en tant que lieu de loisir. On estime que les incendies qui ont ravagé 10 millions d'hectares de forêt en Indonésie à la fin des années 1990 ont coûté 9 milliards de dollars, dus entre autre à des coûts de soin de santés accrus et des pertes en revenus touristiques.
Réhabiliter un écosystème endommagé est également une affaire onéreuse. La Louisiane, aux États-Unis, dépense actuellement des milliards de dollars pour restaurer les zones humides et les marécages du littoral. Ces efforts sont entrepris dans le cadre de mesures visant à réduire les dégâts causés par les ouragans.
Des données économiques, somme toute logiques, mais qui sont confrontées à l'appât du gain immédiat ou à courts termes : l'argent à ses raisons que la raison ne connaît décidément vraiment pas…
Par ailleurs, à l'occasion du lancement régional du nouveau rapport des Nations Unies sur les Objectifs du millénaire pour le développement, le Directeur exécutif du PNUE a signalé l'émergence de nouvelles études sur l'importance d'un environnement sain dans la lutte contre la propagation de maladies.
Par exemple, des études entreprises dans les forêts tropicales de l'Amazonie, révèlent la corrélation entre déforestation et paludisme : toute augmentation de 1 pour cent du taux de déforestation est suivie d'une augmentation de huit pour cent de la population de moustiques, vecteurs de paludisme.
Les conséquences s'en font sentir non seulement sur la santé humaine, mais aussi du point de vue des coûts pour la société. Le Produit national brut de l'Afrique en 2000 aurait pu être supérieur de 25 pour cent ou de 100 milliards de dollars, si la malaria avait été éliminée 35 ans plus tôt, selon certains experts.
À la veille du Sommet du G8 à Gleneagles en Ecosse, M. Toepfer a également exhorté les gouvernements à appuyer un réapprovisionnement considérable du Fonds mondial pour l'environnement (FEM). Le FEM est un fonds d'une valeur de plusieurs milliards de dollars, qui aide les pays en voie de développement à mettre sur pied des projets d'environnement et de développement.
L'événement coïncidant avec la Journée mondiale de lutte contre la désertification, M. Toepfer a annoncé le lancement d'un nouveau projet du PNUE/FEM s'élevant à 3,5 millions de dollars dont le but est de combattre la dégradation du sol dans la région du Mont Marsabit au Kenya.
Les chefs d'états se réuniront à New York en septembre prochain pour discuter de la réforme des Nations Unies et de l'état de réalisation Objectifs du millénaire pour le développement.
Article publié le 20 juin 2005