Ralliant les septiques à leurs causes, les Etats-Unis et cinq puissances d'Asie-Pacifique (Australie, Chine, Inde, Japon, Corée du Sud) ont annoncé le 28 juillet 2005 avoir conclu un accord pour « compléter » le protocole sans que celui-ci n'impose de contrainte ni de calendrier. Les domaines de l'accord vont d'un charbon propre à l'énergie nucléaire civile en passant par l'énergie éolienne et solaire, selon le communiqué commun.
Les signataires travailleront ensemble à la diffusion de technologies pour promouvoir la croissance économique tout en permettant une réduction significative de l'intensité des gaz à effets de serre. Ils entendent créer un contexte favorable pour le développement, la diffusion, le déploiement et le transfert de pratiques et technologies rentables et plus propres, existantes ou à venir.
Les ONG et associations écologistes de l'environnement ont condamné cet accord soulignant qu'il n'impose aucune obligation aux signataires.
Pourtant, la politique environnementale poursuivie par l'administration Bush est de plus en plus critiquée au sein même du pays. Durant l'été, des villes américaines et des organisations écologistes ont été autorisées par un juge fédéral de San Fransisco à porter plainte contre des agences fédérales de développement américaines (Overseas Private Investment Corp. et Export-Import Bank). Ces agences financent des projets pétroliers et gaziers à l'étranger (centrales énergétiques, champs pétroliers, oléoducs et gazoducs) à l'origine du rejet de plus 2,1 milliards de tonnes de dioxyde de carbone et de méthane chaque année, soit environ 8 % du total mondial et près du tiers des émissions américaines.
Les ONG Greenpeace et Friends of the Earth et les quatre villes d'Oakland, Santa Monica, Arcata (Californie) et Boulder (Colorado) reprochent aux agences fédérales de financer des projets ayant un impact effet sur le changement climatique plutôt que de soutenir des projets de développement d'énergies alternatives plus respectueuses de l'environnement que les énergies fossiles.
De plus, Neuf Etats du Nord-Est des Etats-Unis achèvent la mise au point d'un accord de réduction des émissions de gaz à effet de serre, selon le quotidien américain New York Times. Le Connecticut, le Delaware, le Maine, le Massachusetts, le New Hampshire, le New Jersey, l'état de New York, l'Ile de Rhode, et le Vermont prévoient de réduire de 10% les émissions de leurs usines électriques d'ici 2020.
Un marché de régulation des émissions de CO2 devrait être mis en place pour 600 usines productrices d'électricité. Un plafond total devrait être fixé autour de 150 millions de tonnes de CO2 par an et devrait être maintenu jusqu'en 2015.
Malgré ces prises de position de plus en plus nombreuses, la loi sur la réforme de la politique énergétique qui a été définitivement adoptée après un vote du Sénat fin juillet s'inscrit en demi-teinte.
Cette réforme, qui coûtera finalement 11,5 milliards de dollars, contre 6,7 milliards initialement prévus par la Maison Blanche, a été présentée par l'administration Bush comme une façon de moderniser la politique énergétique américaine, avec l'objectif de réduire la dépendance des Etats-Unis envers les importations d'énergie. Les ENR devraient y avoir trouvé un terrain de développement favorable. Pourtant, même si ces énergies bénéficient d'un budget parmi les plus élevées (2,7 milliards de dollars) de tout le dispositif, le texte continue à faire la part belle aux énergies polluantes et sans avenir.
• 1,6 milliard de dollars sont alloués pour encourager l'utilisation de ''charbon propre''.
• 1,5 milliard de dollars seront consacrés au développement du nucléaire.
• 974 millions de dollars sont dégagés pour des explorations géologiques et géophysiques visant à détecter d'éventuels gisements d'hydrocarbures.
• 406 millions de dollars sont investis pour encourager les investissements de raffinage.
Ces aides apportées aux compagnies pétrolières américaines qui ont par ailleurs publié des bénéfices importants en raison de la hausse des prix du brut, ont suscité beaucoup de critiques.
Pourtant, à l'inverse, 900 millions de dollars seront consacrés à des incitations fiscales pour encourager l'achat de véhicules ''propres''…
Lors de l'adoption du texte, George W. Bush a annoncé dans un communiqué qu'il félicitait le Congrès pour l'adoption d'une loi sur l'énergie qui va aider à assurer l'avenir dans ce secteur et réduire notre dépendance envers les sources d'énergie étrangères. L'objectif consiste finalement plus à assurer un approvisionnement local d'hydrocarbure même si les autorisations très controversées de forages pétroliers dans une réserve naturelle de l'Alaska sont renvoyées à l'automne, plutôt que de commencer à réduire l'aliénation du pays à l'or noir.
Par ailleurs, les parlementaires ont renoncé à fixer l'objectif de 10% de l'électricité d'origine renouvelable d'ici à 2020 (l'objectif fixé en France s'élève à 21% d'ici à 2010), et à demander à l'administration de réduire d'un million de barils par jour d'ici à 2015 la consommation américaine.
Parmi les organisations de défense de l'environnement ont dénoncé le manque d'ambition de la réforme, les Amis de la terre estime que le texte accorde deux fois plus d'incitations fiscales à l'industrie nucléaire, au charbon, au pétrole et au gaz qu'aux énergies alternatives propres et aux économies d'énergie.