L'érosion est un phénomène naturel, dû au vent, à la glace et particulièrement à l'eau. Elle peut faciliter ou provoquer des dégâts aux installations ou à la qualité de l'eau. À plus long terme, elle a pour conséquence une perte de la fertilité et un déclin de la biodiversité des sols.
L'analyse des coulées boueuses établie par IFEN d'après une base de données réalisée en tenant compte des demandes d'indemnisation au titre des catastrophes naturelles et des coulées ayant fait l'objet d'un arrêté de catastrophe naturelle*, indique qu'entre 1985 et 2000, 17 282 événements sont survenus sur 11 415 communes, soit près du tiers des communes françaises.
Cette analyse met en évidence une augmentation significative des demandes d'indemnisation à compter de 1991. En effet, de 1991 à 2000, 9 403 nouvelles communes ont subi des coulées boueuses, estime l'Ifen, soulignant que 48 % des 1 742 communes déjà affectées avant 1991 l'ont encore été durant cette période.
L'IFEN note toutefois que l'augmentation des coulées, à partir de 1991, est sans doute amplifiée par une meilleure maîtrise de la procédure « catastrophe naturelle ».
De plus, l'intensité et la fréquence des événements dépendent de l'occupation (pratiques agricoles, artificialisation) et de la nature des sols, du relief et des précipitations. Les dommages dépendent notamment de l'urbanisation des zones exposées. Les risques varient fortement suivant les saisons et les régions. Les régions les plus menacées sont, en été et au printemps, les régions de grandes cultures, sensibles aux orages ; en automne, les régions méditerranéennes ; en hiver, les régions du nord et de l'ouest, ainsi que la Lorraine et le Languedoc-Roussillon.
Ainsi, les résultats montrent que 35 % des événements soit 5,3 à 10,6 coulées par 100 km2 se sont produit dans les régions Languedoc-Roussillon, l'Île-de- France, Picardie, Nord – Pas-de-Calais et Haute-Normandie.
Les régions au relief plus accentué** (Midi-Pyrénées, Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Basse-Normandie, Rhône-Alpes) subissent 34 % des événements soit 3,4 à 4,4 coulées par 100 km2.
Les régions, qui présentent des sols et des paysages très diversifiés, sont moins affectées par l'érosion comme la Corse, la Bretagne, le Pays de la Loire, la Provence-Alpes-Côte d'Azur, la Bourgogne et l'Aquitaine avec 24 % des événements et 2,2 à 3 coulées par 100 km2. Les taux de croissance de la densité de population y sont élevés, tout en présentant, sauf pour la Provence-Alpes- Côte d'Azur, des densités de population inférieures à la moyenne nationale, note l'IFEN.
L'Auvergne, la Champagne-Ardenne, le Centre, le Poitou-Charentes et le Limousin font partie des régions les moins touchés avec 8 % des événements de moins de 1,7 coulée par 100 km2.
Ces régions sont soit herbagères ou boisées, soit sans relief marqué. Elles présentent les densités de population les plus faibles (excepté pour le Poitou-Charentes) et trois d'entre elles (Champagne-Ardenne, Auvergne, Limousin) ont vu leur population décroître de 1990 à 2000.
L'IFEN rappelle que l'Agence européenne pour l'environnement (AEE) évalue approximativement à 17 % la surface du territoire européen affectée, à des degrés divers, par l'érosion. Dans toute l'Europe, l'aggravation des phénomènes d'érosion a été observée localement, soit en raison des activités humaines, soit du fait des évolutions climatiques : une augmentation des précipitations dans le nord de l'Europe est probable.
La confrontation avec des données issues de modèles d'érosion et de scénario d'évolutions démographique ou climatique laisse craindre, pour certaines régions françaises, une aggravation des impacts de l'érosion, estime l'ifen.
Etablie au niveau de l'Europe, la carte de l'aléa*** montre que la France est concernée à la fois par le risque de type méditerranéen, très présent en Italie et en Grèce, et le risque plus diffus des grandes plaines agricoles du nord de l'Europe.
*répertoriées dans la base Corinte du ministère de l'Écologie et du Développement durable
**Les facteurs explicatifs des coulées peuvent y être très variés : vignobles de coteaux pour l'Alsace et une partie de Rhône-Alpes, cultures de printemps sur sols limoneux en Midi-Pyrénées et Basse- Normandie. Midi-Pyrénées, Alsace et Rhône-Alpes présentent de fortes augmentations de densité de population ; ces deux dernières régions étant parmi les six régions les plus peuplées de France.
***L'aléa est caractérisé par cinq classes : le niveau 5 représentant la probabilité la plus élevée qu'une érosion se produise.