Commandé en 2003 par les Parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et rédigé par une centaine d'experts venant de plus de 30 pays, ce rapport fait le point sur les études les plus récentes consacrées à cette problématique.
Les technologies qui seraient mises en œuvre….pourraient abaisser de 30 % ou plus le coût de la lutte contre les changements climatiques, indique le rapport.
Il souligne également que le piégeage et le stockage du CO2 dans des formations géologiques pourraient représenter 15 à 55 % de la totalité des réductions d'émissions requises (entre 220 et 2 200 gigatonnes de CO2) d'ici à 2100 pour pouvoir stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Recensant les projets déjà mis au point, le rapport cite notamment trois sites déjà opérationnels en Algérie, au Canada et dans la mer du Nord, au large de la côte norvégienne.
Quant aux autres applications possibles comme le stockage du CO2 dans l'océan ou sa fixation dans des carbonates stables, le rapport juge qu'elles en sont encore au stade expérimental. Ces techniques sont encore trop énergivores et auraient besoin d'être perfectionnées pour être véritablement envisageables.
Le procédé du stockage du CO2 dans l'océan consiste à libérer du CO2 dans une colonne d'eau océanique via une canalisation fixe ou à partir d'un navire qui se déplace, ou à le déposer sur le plancher océanique à plus de 3 000 m de profondeur, là où ce gaz est plus dense que l'eau. L'inconvénient est que des organismes marins pourraient en pâtir, souligne le groupe d'experts.
D'après le GIEC, même si la formule la plus efficace y compris économiquement reste donc le stockage du CO2 dans des formations géologiques, cette technique pourrait se heurter à des obstacles.
Si les gouvernements n'adoptent pas des politiques de lutte contre les changements climatiques, les différents acteurs ne seront pas incités à recourir à ces techniques. Le volume exact disponible n'est pas connu avec certitude, en particulier dans certaines régions qui connaissent une croissance économique rapide, telles que le sud et l'est de l'Asie. L'adoption des techniques de piégeage et de stockage du CO2 (qui requièrent de l'énergie) pourrait accroître aussi le recours aux combustibles fossiles. Une centrale électrique équipée pour piéger le CO2 aurait besoin de 10 à 40 % d'énergie en plus par rapport à une centrale ordinaire pour produire la même quantité d'électricité, estime le rapport.
Au niveau économique, les techniques de piégeage et de stockage du dioxyde de carbone en l'état actuel des choses augmenteraient ce coût de quelque 0,01 à 0,05 dollar É.-U. par kilowattheure. Il pourrait baisser selon le GIEC, de 20 à 30 % sur les dix prochaines années si les activités de recherche, développement et d'exploitation sont menées à un bon rythme. Il pourrait subir toutefois le contrecoup de la hausse des prix du pétrole, ce qui fait planer, comme le précise le rapport, de grandes incertitudes sur son évolution à court ou à moyen terme.
Les techniques en question pourraient être prises en considération dans l'échange des droits d'émission ou les mécanismes de Kyoto, suggère le GIEC tout en soulignant qu'il faudra peut-être affiner la méthode de prise en compte des réductions d'émissions.
Le rapport prend aussi en compte, les aspects qui ont trait à la santé, à la sécurité et à l'environnement ainsi que les aspects juridiques. Pour le GIEC, les risques potentiels sont les fuites lors du piégeage, du transport et de l'injection du CO2.
Des organisations écologistes comme Greenpeace et le Fonds mondial pour la nature (WWF) soulignent que le stockage du CO2 à grande profondeur ne suffira pas à lui seul à combattre le changement climatique, cette technologie étant encore au stade expérimental et entachée de nombreux risques. Les gouvernements doivent poursuivre leurs recherches sur le stockage géologique mais ils doivent en même temps s'engager à réduire leurs émissions de CO2 beaucoup plus fortement qu'aujourd'hui, précise le WWF qui souligne que toute une série de questions sur le stockage (souterrain ou océanique) du CO2 doivent encore être résolues à ce stade.
Le stockage du CO2 à grande profondeur pose encore beaucoup trop de questions en matière de risques environnementaux, de sécurité et de coûts, juge également Greenpeace qui précise qu'il peut être une option pour l'avenir quand tous les problèmes qu'il pose auront été résolus. Mais en attendant il est urgent d'agir. Et pour agir, il faut déployer massivement les énergies renouvelables disponibles et mener de front l'amélioration de l'efficacité énergétique et les économies d'énergie.
Pour le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), si l'efficacité énergétique et des sources d'énergie plus propres demeurent la solution la plus adéquate au problème du changement climatique, ce nouveau rapport démontre que le piégeage et le stockage du dioxyde de carbone peuvent constituer une mesure complémentaire.
Selon, Michel Jarraud, le Secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), étant donné que les émissions de dioxyde de carbone continuent d'augmenter dans de nombreuses régions du monde, il est primordial que nous exploitions toute possibilité qui s'offre à nous de limiter leur impact sur le climat mondial.