Sachant que, pour leurs estimations, les scientifiques prennent en compte les zones recouvertes par au moins 15% de glace, la superficie a atteint cette année les 5,32 millions de km2, soit la plus faible superficie jamais mesurée par les satellites d'observation.
Depuis 1978 la tendance générale est à la baisse. Mais, plus inquiétant encore, l'année 2005 est la quatrième année consécutive au cours de laquelle cette surface à diminué et « on peut [donc] penser avec une assez grande certitude qu'un phénomène de fonte durable est en train de se produire », a expliqué Walt Meier, un climatologue du NSIDC en ajoutant que « cela indique clairement (...) qu'il ne s'agit pas d'une anomalie de courte durée ».
Les experts du NSIDC ont calculé, en intégrant les dernières mesures de septembre 2005, que la calotte glaciaire de l'Arctique se réduisait de 8% environ tous les dix ans alors qu'en 2001, cette vitesse de réduction était estimée à 6,5% par décennie.
D'autres anomalies ont également été relevées. En plus d'une fonte excessive durant la saison d'été, les scientifiques ont observé que la calotte ne se reformait pas totalement pendant la saison hivernal ce qui pousse Julienne Stroeve du NSIDC a prédire qu' « à ce rythme, l'Arctique n'aura plus de glace pendant la saison d'été bien avant la fin de ce siècle ». Se pose alors le problème de la survie de certaines espèces animales. Les ours polaires, par exemple, sont dépendants des glaces où ils chassent et vivent la plupart du temps. L'ours polaire ne gagne la terre ferme que pour passer d'une zone de nourrissage vers une autre, pour chercher un partenaire, pour se reposer ou pour mettre bas. Durant l'été les ours se concentrent sur la terre ferme vivant sur leurs réserves de graisse.
La disparition grandissante des glaces arctiques est la conséquence du réchauffement global de la planète. La température moyenne à la surface de l'océan arctique était entre janvier et août 2005, de 2 à 3°C plus chaude qu'au cours des cinquante dernières années. Et ce phénomène risque de s'accélérer car les glaces réfléchissent une grande partie des rayons du soleil limitant ainsi l'augmentation des températures. Ce cercle vicieux est appelé scientifiquement rétroaction positive. La prise en compte de cette rétroaction pourrait modifier les prévisions actuelles sur le changement climatique. Mais le système arctique est grand et complexe, et comme nombre de facteurs participent à l'évolution de la région, de nouvelles études sont nécessaires.
Article publié le 30 septembre 2005