Ce règlement, qui s'appliquera dans les trois ans pour toute substance produite ou importée au-delà de 1000 tonnes par an, dans les six ans pour les quantités comprises entre 100 et 1000 tonnes et dans les onze ans pour les quantités dépassant une tonne, exigera aux producteurs ou aux importateurs de substances chimiques de tester et d'enregistrer celles-ci auprès d'une Agence des produits chimiques, qui délivrera, ou non, des autorisations.
A l'occasion du vote, à Strasbourg, le WWF et beaucoup d'autres ONG de protection de la santé et de l'environnement étaient présents ce jour-là pour manifester devant le Parlement européen. Greenpeace, le WWF, les Amis de la Terre et de nombreuses autres organisations européennes ont salué ce vote bien qu'elles jugent le texte très amoindri.
En effet, un amendement présenté par les conservateurs, les socialistes et les libéraux a été voté, affaiblissant le texte initial sur le volet enregistrement. Les tests toxicologiques sont alléges pour les substances produites dans des quantités inférieures à 100 tonnes par an, à l'exception des plus dangereuses ou des plus exposées. Regretté par les écologistes, il a satisfait les industriels : le projet initial REACH obligeait en effet les industriels à fournir à une agence sanitaire communautaire un dossier d'enregistrement pour toutes les substances produites à plus de 1 tonne par an et dont l'innocuité n'a pu être prouvée.
En revanche, le Parlement a en voté l'obligation de remplacer les substances dangereuses par des alternatives plus sûres, quand celles-ci sont disponibles. Lorsque ce n'est pas le cas, les autorisations seront délivrées seulement pour cinq ans pour encourager le développement de substitutions. Alors que l'industrie européenne de la chimie (Cefic) s'est dite déçue sur ce point, plusieurs ONG, dont WWF et Greenpeace s'en sont réjouit : il s'agit d'une disposition essentielle pour freiner l'accumulation des substances chimiques dans nos organismes et l'environnement. Pour CAP 21, ce volet autorisation constitue de réelles avancées en matière de santé publique tout comme le renforcement du rôle de la future Agence des produits chimiques et la charge de la preuve de l'innocuité sur les industriels.
Le texte doit désormais être adopté à la majorité en conseil des ministres de l'UE. En cas de désaccord, il reviendra en seconde lecture au Parlement, puis fera éventuellement l'objet d'une conciliation entre les deux institutions. Reach pourrait donc entrer en vigueur en 2007
Mais le gouvernement Allemand de Mme Merkel (CDU) issu des récentes élections a obtenu toutefois le report à une date encore inconnue de la décision du Conseil de l'Union sur REACH, prévue initialement pour le Conseil de L'Environnement du 6 décembre prochain.
Les ONG de protection de l'environnement, de la santé publique et de défense des consommateurs se sont indignées de ce report. Il s'agit officiellement de laisser le nouveau gouvernement allemand se mettre en place et affiner sa position sur le texte de REACH indique un communiqué commun de WWF et Greenpeace. En réalité, ce nouveau délai annonce une menace d'affaiblissement supplémentaire de REACH car la CDU allemande agit dans ce dossier comme l'organe politique de géants industriels tels BASF, dénonce Yannick Vicaire, chargé de la campagne Toxiques à Greenpeace France.
Article publié le 21 novembre 2005