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Actu-Environnement

L'éco-conception a toutes les chances de devenir un outil incontournable

Alors que la France a été le premier pays à se doter d'une norme sur l'éco-conception, les applications pratiques se font attendre. Pourtant la démarche est avantageuse et permet de réduire les nuisances environnementales à la source.

Gouvernance  |    |  F. Roussel
En matière de protection de l'environnement, si des principes de bon sens, comme « éviter une pollution plutôt que d'en réparer les dommages », suscitent une large adhésion, leur mise en oeuvre reste limitée. Or de nombreuses problématiques environnementales seraient en partie résolues si l'environnement était intégré dans les mécanismes de prise de décision que ce soit dans les politiques, les investissements ou encore dans la conception des produits, biens ou services, autrement dit l'éco-conception.

Encore trop souvent perçu comme complexe, le processus d'éco-conception consiste à intégrer l'environnement dans les phases de conception ou d'amélioration d'un produit. Cette approche a pour but de réduire les impacts sur l'environnement en passant par une prise en compte globale des nuisances (consommations d'énergies et de matières, rejets, émissions et déchets), à chaque étape de la vie du produit (analyse du cycle de vie ou ACV), de sa fabrication à sa valorisation en fin de vie, en passant par ses étapes de distribution et d'utilisation. Les améliorations environnementales envisagées doivent bien sûr être réalisées tout en conservant la qualité, l'aptitude d'utilisation et les fonctionnalités des produits.
L'éco-conception est ainsi par nature une démarche préventive. Par rapport à l'ensemble des démarches d'amélioration environnementale des produits, la signature spécifique de l'éco-conception est cette prise en compte des différents impacts et la vérification que les améliorations préconisées pour réduire certains d'entre eux ne se traduisent pas par l'aggravation d'autres (transferts de pollution).

Approche volontaire et positive de l'environnement, l'éco-conception présente de nombreux avantages et peut représenter un facteur de valorisation, tant pour l'entreprise que pour chacun de ses acteurs :
D'une part, c'est une démarche standardisée qui bénéficie d'un référentiel international : l'ISO 14062 intitulé « Management environnemental – Intégration des aspects environnementaux dans la conception et le développement de produits ». De portée générale, cette norme expose les concepts et propose des principes de base pour prendre en compte l'environnement dans les activités de conception et de développement de produit, en mettant en lumière les principaux enjeux stratégiques pour l'entreprise. Il ne s'agit pas d'un référentiel dédié à la certification de la démarche mais d'une norme de promotion des bonnes pratiques, qui vise à conférer au concepteur des éléments de bon sens écologique aptes à guider ses choix.
Aujourd'hui, l'éco-conception relève essentiellement de démarches volontaires. Néanmoins, elle aide d'ores et déjà les entreprises à atteindre des objectifs réglementaires spécifiques. Il existe en effet des obligations réglementaires liées à la conception des emballages, comme le décret 98-638 du 20 juillet 1998 qui édicte des exigences en matière de prévention par réduction à la source, de minimisation de l'utilisation de substances dangereuses et de possibilité de valorisation en fin de vie. D'autres réglementations s'intéressent plus particulièrement à certaines étapes du cycle de vie des produits, par exemple dans le domaine des produits électriques et électroniques et là encore, l'éco-conception devient incontournable.

D'autre part, tous les produits sont concernés par l'éco-conception : leur quasi-totalité nécessite de la matière et de l'énergie pour la fabrication et le transport, des emballages pour être protégée et finira un jour sous forme de déchets. Tout produit peut donc être amélioré. Le produit éco-conçu est un produit ayant fait l'objet d'une démarche d'éco-conception. Quand elle donne lieu à des améliorations significatives, on peut qualifier le produit d'éco-produit qui sera alors source de moins d'impacts sur l'environnement, tout au long de son cycle de vie, par rapport à d'autres produits d'usage similaire.

Précisons également que l'éco-conception peut être valorisée et intégrée dans une démarche de marketing justifiée. Pour valoriser une démarche d'éco-conception, l'entreprise peut souhaiter communiquer les résultats obtenus via une promotion particulière auprès de ses clients en développant des déclarations environnementales. Ces messages sont alors portés par les produits ou leurs emballages sous forme de textes explicatifs ou de pictogrammes, normalisés par la série ISO 14020. L'entreprise peut choisir entre trois types de déclaration, chacune normalisée au niveau international : les écolabels officiels (écolabel européen, marque NF-Environnement, …), les autodéclarations ou les éco-profils.

Ajoutons que l'éco-conception est une démarche qui peut répondre aux exigences de plus en plus poussées des clients et des donneurs d'ordre. Que ce soient les acheteurs privés professionnels, dans le cadre de leur système de management environnemental, les acheteurs publics comme les y autorise le nouveau code des marchés publics ou encore le consommateur final de plus en plus sensibilisé aux problématiques environnementales, les clients et donneurs d'ordre imposent de plus en plus souvent des exigences quant aux caractéristiques environnementales des produits achetés. La mobilisation des Français en matière d'environnement n'a jamais été aussi forte : d'après un sondage SOFRES 2004, la pollution arrive en deuxième position des préoccupations des Français (53%) et même si, pour l'instant, les intentions affichées par les consommateurs ne se traduisent pas encore en matière d'achats, elles peuvent présagées d'ores et déjà des évolutions profondes des modes de consommation.
D'ailleurs, les autres parties prenantes (société civile, ONG, riverains, banquiers, assureurs, etc) se mobilisent sur des sujets tels que la gestion des ressources, la diminution des pollutions, la gestion des déchets : ils seront donc tout naturellement amenés, à court ou moyen terme, à s'interroger sur la qualité écologique des produits et sur leur éco-conception.

Face à ses nombreux avantages certains professionnels se sont lancés dans la démarche : de la peinture routière aux chaises de bureaux en passant par les matelas, les tuyaux ou le papier hygiénique. L'éco-conception peut être un puissant moteur d'innovation pour la recherche et certains produits éco-conçus ont été, hors de toute considération environnementale, distingués par le monde de la création et du design pour leur esthétique et leur fonctionnalité.

Quelles que soient leurs motivations initiales, la majorité des entreprises qui ont adopté une démarche d'éco-conception constate des bénéfices particuliers. Ainsi, au-delà de l'objectif de réduction des impacts environnementaux des produits, elle leur a permis de se différencier des concurrents, d'anticiper les crises, les contraintes et les évolutions du marché ou encore de s'appuyer sur un nouveau levier de motivation interne.
Dans une autre mesure, la démarche d'éco-conception, en tant qu'approche proactive, peut permettre d'anticiper et respecter au moindre coût les réglementations environnementales actuelles et à venir, voire de transformer ces nouvelles contraintes en opportunités.

Petit bémol : certains éco-produits peuvent s'avérer être plus chers que les produits qu'ils remplacent. Il existe plusieurs raisons à cela : l'éco-produit est avant tout un produit de qualité et peut donc être plus cher à l'achat qu'un produit de moindre qualité. En revanche lors de leur utilisation, les éco-produits peuvent permettre de faire d'importantes économies. D'autre part, les éco-produits sont moins nombreux et donc fabriqués à plus petites échelles ce qui les rend plus onéreux à fabriquer. Enfin, les innovations technologiques peuvent également générer un surcoût temporaire.

Aux côtés des entreprises, les administrations sont invitées à montrer l'exemple dans le cadre de la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD) adoptée par le Gouvernement en juin 2003. Les achats d'éco-produits font partie intégrante de cette approche éco-responsable et pourraient permettre à terme de valoriser les efforts des entreprises en matière d'éco-conception grâce à des appels d'offres intégrant la qualité écologique des produits. Dans ce but, les administrations ont reçu un guide d'achat en début d'année 2005 et viennent de recevoir le « guide d'achat public éco-responsable : Achat de papier à copier et de papier graphique ». Sachant que le papier constitue le premier consommable utilisé par les activités administratives et représente un enjeu environnemental sensible en termes de lutte contre le changement climatique, contre la déforestation et la pollution des eaux, une réflexion quant à sa qualité écologique et à son usage s'avérait incontournable, a expliqué Jacques ROUSSOT, Président du Groupe Permanent d'Etude des Marchés « Développement Durable, Environnement », rédacteur du guide. Ce nouveau guide apporte des éléments concrets aux principales interrogations posées en matière de commande éco-responsable de papier. Il développe notamment cinq exemples de prise en compte d'aspects environnementaux dans le cahier des charges et dans les critères de choix des offres.
Essentiellement centré sur l'achat de papier, il donne quelques indications pour l'achat de produits papetiers spécifiques (enveloppes et pochettes postales, cahiers). L'objectif fixé aux administrations publiques dans le cadre de la Stratégie nationale de développement durable prévoit que, d'ici 2008, 60% du papier blanc soit recyclé.

Réactions5 réactions à cet article

Privilégier les solutions radicales

Nous souffrons de deux travers :
1 . La difficulté à concrétiser des idées : cf dans l'article :"....la France ...les applications pratiques se font attendre".
2. L'incapacité à privilégier les solutions qui évitent les pollutions plutot que de les traiter
En voici 3 exemples :
a: Au lieu de recycler le papier, il faut NE PAS EN IMPRIMER en utilisant l'envoi et l'archivage par les T.I.C (techniques d'information et de communication).
b: Au lieu de "s'escrimer" à diminuer la consommation des véhicules, combier d'emplois pourraient bénéficier du télé-travail !
c: Et le Pédibus pour les écoliers !

michel souweine | 23 décembre 2005 à 13h42 Signaler un contenu inapproprié
Re:Privilégier les solutions radicales

Bonjour,

Ce sont de bonnes idées toutes simples, tout le monde y a déjà pensé, beaucoup d'entreprises n'impriment qu'en dernier ressort, beaucoup de documents de travail transitent par le web, sauf les documents à valeur juridique et encore cà se fait.

La marche àpied et les transports en commun, c'es bien, mais en province, il n'y a que les jeunes , quelques femmes e les "pauvres" qui les utilisent.

Q'en pensez vous?

Tout celà est valable, le télétravail aussi, mais c'est loin d'êre suffisant.

Isabelle | 24 décembre 2005 à 11h26 Signaler un contenu inapproprié
Ecodurable

L’éco-conception peut en effet être un puissant moteur d’innovation. pour la recherche.Il y'a lieu de s'intéresser aussi bien à la qualité environnementale des produits qu'à leur performance physico temporelle.En dehors de toute considération environnementale, la qualité des produits devra être testée par des essais appropriès(non destructifs pour certains) et le design étudié en rapport avec la durabilité et l'impact sur l'environnement. Combien de produits reconnus par le monde de la création et du design pour leur esthétique et leur fonctionnalité sont remis en cause pour leur non durabilité.Et certains produits "écodurables",conçus donc pour durer , sont facilement acceptés combien même leur aspect exterieur laisse à désirer. La problematique est a centrer, à mon avis, sur l'acceptabilité ou pas d'un produit avant d'engager la recherche sur son impact écologique. Merci à toute l'équipe; joyeux Noel et bonne année 2006

grimess29 | 25 décembre 2005 à 22h00 Signaler un contenu inapproprié
Re:Ecodurable

je suggére d'introduire la recherche sur les usages et de s'interesser à l'acceptation sociale des l'eco conception, de l'eco innovation en examinant ce qui se fait avec l'approche usages de l'internet

massonste | 03 janvier 2006 à 18h14 Signaler un contenu inapproprié
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Anonyme | 19 mai 2006 à 12h52 Signaler un contenu inapproprié

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