Que ce soit les collectivités, les industries papetières ou les professionnels du recyclage, tous les acteurs de la filière ont à y gagner. Les industries papetières disposent d'une matière première à moindre coût qui réduit de surcroît les coûts liés à la consommation d'eau et d'énergie, avantage environnemental non négligeable. Le recyclage permet aux collectivités d'alléger les coûts de traitement des déchets incinérés ou enfouis. Les professionnels du recyclage, quant à eux, ont en charge la production de ces matières premières en exploitant les gisements des déchets et représentent un secteur économique important. Le chiffre d'affaire du secteur de la récupération et du recyclage s'élevait à 6.300 M€ en 2003 en progression d'environ 5 % par rapport à l'année précédente.
Ainsi, le nombre de collecte spécialisées pour le papier/carton a pratiquement doublé en 5 ans et actuellement, 56 millions de Français ont la possibilité de trier leurs déchets que ce soit au bureau ou chez eux. En 2004, 6 millions de tonnes de papier/carton ont ainsi été collectées et recyclées.
Issus des déchets industriels ou ménagers, les produits récupérés à base de papier et carton doivent satisfaire à un cahier des charges pour être réutilisés mais les fibres recyclées peuvent être employées à des degrés divers dans n'importe quel secteur de l'industrie papetière : emballage et conditionnement, sanitaires et domestiques, journal et impression-écriture. L'industrie papetière a beaucoup investi dans des capacités de transformation de papier recyclé. Ainsi, le taux d'utilisation des papiers et cartons récupérés dans la production globale des papiers et cartons n'a pas cessé d'augmenter et atteignait 58,2% en 2002, plaçant l'industrie papetière française au premier rang du recyclage en France.
Mais depuis, ce taux d'utilisation s'est stabilisé. Résultat, en en 2004, la production nationale a été excédentaire et près de 500 000 tonnes de pâte à papier issue du recyclage n'ont pas trouvé preneur en France. La filière est donc confrontée à une situation inédite : l'utilisation de papier/cartons recyclés (PCR) stagne alors que la production est en constante augmentation (+ 8,1 % en 2004). Les professionnels du secteur craignent que ce déséquilibre ne pèse sur la filière et sur l'avenir de leur entreprises.
Du côté des papetiers, les avis sont différents. Le prix français de la pâte à papier n'a jamais été aussi bas et reste le prix le plus faible d'Europe. D'après eux, cet excédent de matière première à bas prix constitue une chance en permettant de faire des économies au moment où certains industriels étudient des projets d'usines de papier en Europe. Au cours des cinq dernières années une seule unité intégrée de production de papier à partir de fibre recyclée a vu le jour en France, contre quatre en Allemagne, plus en avance dans la politique de collecte.
Pour l'instant les excédents de papier trouvent des acquéreurs en Europe et en Asie par exemple mais cela risque de ne pas durer. Les principaux repreneurs comme l'Espagne se mettent aussi au recyclage et il en sera bientôt de même pour la Chine. Actuellement l'Union européenne doit trouver des acquéreurs pour plus de 5.000.000 tonnes de PCR.
Cependant malgré ces perspectives, les professionnels des déchets estiment que le recyclage a toujours un sens face aux grands enjeux environnementaux de la planète que sont les économies d'énergie et des ressources naturelles. Les besoins en matière première sont toujours aussi élevés et ont tendance à augmenter. Un Américain consomme 350 kg de papier par an contre 33 pour un Chinois et 3 pour un Indien. Pour développer la filière ils préconisent notamment de libérer les échanges internationaux de matières premières recyclées, de sortir ces matières du statut de « déchets » qui selon eux freine le marché, mettre fin aux lobbyings protectionnistes et envisage la mondialisation des marchés comme « une chance pour tous ».