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Actu-Environnement

Une nouvelle pollution de l'eau menace deux villes du centre de la Chine

Une nouvelle fuite de substances toxiques, la troisième en trois mois, menace l'approvisionnement en eau potable de deux villes chinoises. Cette pollution rappelle une nouvelle fois le coût écologique important de la croissance galopante du pays.

Eau  |    |  F. Roussel
Le 4 janvier dernier, une fonderie de la province du Hunan au sud-est de la chine a rejeté accidentellement du cadmium dans le fleuve Xiangjiang qui approvisionne en eau potable la capitale provinciale Changsha, peuplée de six millions d'habitants, et la ville voisine de Xiangtan (700.000 habitants).
Selon un responsable provincial, cité par l'agence Chine Nouvelle, la fuite a été provoquée par une erreur lors de travaux de désenvasement du port de Xiawan. La société chargée de cette tâche a bloqué le flux des eaux polluées de la fonderie déjà « normalement » déversées dans le port (!). Les rejets ont alors reflué dans le fleuve.
D'après les responsables, des mesures d'urgence ont été adoptées : la fuite a été bloquée, les autorités locales ont déversé dans le fleuve une substance destinée à neutraliser la toxicité du cadmium et un barrage a été ouvert pour diluer la substance. Utilisé pour les alliages, le cadmium est cancérigène et peu provoquer des troubles neurologiques à court terme. Selon l'agence Chine Nouvelle, sa concentration était 25,6 fois plus élevée que les normes de sécurité, au plus fort de la pollution, mais elle était redescendue à 0,14 fois samedi. Même si l'incident n'est pas clos, il n'y pas de conséquence pour la vie des habitants, a affirmé un responsable municipal de Changsha. Il semblerait même que l'eau potable n'a pas été coupée.

Ce type de pollution n'est pas rare en Chine. Le mois dernier une fuite au cadmium avait déjà été provoquée par une négligence dans le sud de la Chine, provoquant une coupure d'eau potable durant plus d'une semaine pour des dizaines de milliers de personnes. En novembre dernier, l'explosion d'une usine pétrochimique au nord-est du pays avait provoqué le déversement de benzène dans le fleuve Songhua. Plus de 9 millions de personnes étaient alors privées d'eau potable. Quelques jours plus tard une nouvelle explosion d'une usine chimique aurait eu lieu dans le sud-ouest cette fois-ci et aurait pu être à l'origine d'une autre pollution au benzène, selon l'agence Chine Nouvelle. Produit chimique très volatil, toxique et cancérigène, le benzène provoque plus précisément des leucémies.
Mais les conséquences de ce type d'accident sont difficilement quantifiables sur les plans écologiques et sanitaires. De plus, le manque d'information de la population de la part des autorités locales a tendance à aggraver la situation.

De tels accidents mettent en évidence le coût écologique de la croissance rapide du pays. Supérieure à 9%, cette croissance devrait faire de la Chine, selon l'OCDE, la quatrième économie au monde d'ici cinq ans, mais s'accompagne d'un développement accéléré des infrastructures et des unités industrielles, au détriment de la sécurité de ceux qui y travaillent et de l'environnement. Outre les pollutions accidentelles, la Chine est donc confrontée à des pollutions chroniques majeures : pollution de l'eau, pollution de l'air, gestion des déchets inexistante, etc. Ce revers de médaille a été discrètement abordé au sommet de l'OMC en décembre dernier par les Verts européens et les ONG chinoises mais ce débat est resté en marge du sommet ministériel et des grands débats sur le commerce, l'agriculture ou l'aide alimentaire.
Cependant, il semblerait que la chine soit consciente de la gravité de la situation et de l'enjeu environnemental et sanitaire : Le tiers de nos sols est souillé par des pluies acides ; 41 % des sept grands fleuves chinois souffrent d'une pollution de niveau 5 ; un quart de la population boit et utilise une eau non potable ; cinq des villes les plus polluées au monde se trouvent en Chine... Aussi, si nous ne mettons pas un frein à la pollution liée au développement en restructurant l'industrie et en promouvant une économie de recyclage et les énergies nouvelles, il est à craindre que la pollution atteigne un niveau irréparable, a déclaré Pan Yue, vice-ministre de l'Environnement, dans une récente interview publiée par un journal chinois. Mais, selon le vice-ministre de la Construction, Qiu Baoxing, l'eau est le principal défi posé à la Chine que ce soit pour l'accès à l'eau potable ou pour l'assainissement. Selon les études officielles chinoises, plus de 300 villes de plus de 100.000 habitants souffrent d'un déficit en eau potable, soit près d'une sur deux. Mais selon l'OMS ce serait plus de 700 millions d'habitants qui ne disposeraient pas d'une eau courante de bonne qualité. La Chine constitue donc un marché de premier ordre dans ce domaine qui profite d'ailleurs à de nombreuses entreprises françaises.
Mais ce pays entend également s'améliorer dans le domaine de l'énergie notamment avec l'aide de la France. À l'occasion du salon Pollutec 2005, la France et la Chine ont lancé un programme de coopération environnemental sur l'amélioration de l'efficacité énergétique dans la construction, avec l'appui du Fonds Français pour l'Environnement Mondial (FFEM) qui déboursera une enveloppe de 2,7 millions d'euros. Ce programme, animé par l'ADEME, durera trois ans. L'idée est d'apporter des solutions d'économie d'énergie aux entreprises chinoises et d'accompagner les autorités de pays vers de nouvelles réglementations en matière de chauffage.

Globalement la mobilisation des autorités chinoises concernant l'environnement semble s'intensifier. La SEPA (l'Administration d'Etat pour la protection de l'environnement) a augmenté ses effectifs de 70% quand dans le même temps les autres administrations chinoises ont vu les leurs baisser de 40%. L'organisation d'un salon Pollutec China du 8 au 10 mars 2006 à Shangai témoigne également de la volonté de donner une cohérence entre les discours et les actes. Cependant, même si les dirigeants chinois semblent motivés, ils doivent faire face à la corruption qui sévit dans le domaine de l'environnement. Certains industriels non scrupuleux n'hésitent pas à soudoyer les autorités locales pour poursuivre leurs activités malgré des rejets polluants illégaux. Les décisions de pékins se heurtent donc souvent aux différentes autorités locales que ce soit pour le respect de la réglementation ou lors de la fermeture d'usines polluantes.

Un état des lieux plus complet de la Chine est attendu en 2006 avec la publication de l'examen environnemental de l'OCDE.

Réactions1 réaction à cet article

Coup de gueule

Pas facile de régler les questions environnementales!!!
Je me sens désemparer face à une telle catastrophe, que faire face à une économie qui demande de produire toujours plus et qui donne priorité à l'argent face à la qualité de vie des habitants qui en patissent?
J'espère que des accords internationaux feront avancer les choses (mais bon je reste assez septique)?
Voilà pour le petit coup gueule que je donne qui n'est cependant qu'une infine goutte d'eau...

fab(étudiant) | 18 janvier 2006 à 21h38 Signaler un contenu inapproprié

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