Les 18 communes de la communauté urbaine de Marseille (MPM) produisent 610.000 tonnes de déchets ménagers et assimilés par an qu'elles envoient en décharge près d'Entressen depuis plus de 50 ans. Or cette décharge doit être définitivement fermée en 2006 en vertu de la loi du 13 juillet 1992 qui n'autorise la mise en décharge que pour les seuls déchets ultimes.
En vue de cette fermeture la communauté urbaine de Marseille a fait le choix de se construire un incinérateur pour remplacer la décharge d'Entressen. Elle a donc recherché pour cela un terrain. Après plusieurs propositions dans le Nord puis dans l'Est de la ville de Marseille qui ont provoqué un lever de boucliers de la part des populations locales, la MPM a opté pour un terrain appartenant au Port Autonome de Marseille sur la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, commune de l'agglomération nouvelle Ouest Provence.
Ce choix révélé au grand jour en octobre 2002 n'a cessé depuis, de mobiliser l'ensemble de la population, des élus locaux ainsi que les présidents du Conseil Régional et Général, tous opposés au projet de l'incinérateur pour des raisons de santé publique.
Ces opposants tentent par tous les moyens de convaincre Jean-Claude Gaudin, Maire de Marseille et président de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole, premier défenseur du projet, d'abandonner l'idée de l'incinérateur. Ils ont multiplié les initiatives dans ce sens : manifestation, vote d'une motion contre l'incinération, lettre ouverte au gouvernement… Ils ont également reçu le soutien de nombreuses associations de défense de l'environnement, de partis politiques et d'élus d'autres communes. Mais la communauté urbaine de Marseille continue de considérer que l'implantation d'un incinérateur est le meilleur projet pour traiter ses déchets, a déclaré à l'AFP le directeur général des services de la communauté urbaine. Le projet d'incinérateur, qui comprend également du tri sélectif et d'autres traitements demeure le meilleur projet pour résoudre le problème des collectivités et notamment de Marseille Provence Métropole en matière de déchets, a déclaré Gerard Peltzer.
Pourtant le conseil Général des Bouches-du-Rhône propose une alternative sans incinération dans son Plan départemental d'élimination des déchets. Dans sa présentation le Conseil général déclare souhaiter une approche globale de la gestion des déchets à l'échelle du territoire des Bouches-du-Rhône. Une approche « multifilière » privilégiant la collecte, le tri, le recyclage et le traitement biologique, dans un souci de santé publique, de protection de l'environnement, de développement économique durable et d'aménagement équilibré du territoire. Objectifs affichés pour 2015 dans les Bouches-du-Rhône : réduire d'au moins 5% les ordures ménagères produites, augmenter la part du recyclage de 9% actuellement à 23% et faire la part belle au traitement par compostage et méthanisation. Concernant plus particulièrement les déchets ultimes (non valorisables et non recyclables) provenant de Marseille, le Conseil général estime qu'il est possible de les envoyer vers d'autres centrex de stockage de déchets du département pour compenser la fermeture d'Entressen. Ce plan a été soumis à une enquête publique en octobre dernier et pourrait être adopté prochainement.
Le projet d'incinérateur a lui aussi été soumis à enquête publique dans le cadre de la demande d'autorisation d'exploiter au titre des Installation Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE). La commission d'enquête a donné un avis favorable assortie de quelques recommandations. Elle demande notamment d'effectuer un prélèvement en continu des dioxines et des furannes avec un dosage mensuel minimum, d'imposer à l'exploitant un engagement concernant le strict respect des procédures de maintenance et des normes réglementaires de rejets et d'associer les populations au travers d'une Commission Locale d'Information et de Surveillance (CLIS) qui doit être créée dans les plus brefs délais. Elle recommande également de prévoir, lorsque cela sera techniquement possible, la mesure en continu des dioxines et des furannes dans les fumées et d'associer l'exploitant à la demande d'une enquête épidémiologique sur la zone de Fos-sur-mer.
La procédure d'autorisation suit donc son cours et ne semble pas affecter par l'hostilité que rencontre ce projet malgré la mobilisation assidue et grossissante des opposants.
Dernière manifestation en date, le référendum consultatif organisé hier par Ouest Provence pour les habitants de l'agglomération. Ainsi à la question « Acceptez-vous que les élus de Ouest Provence, compétents de par la loi en matière d'urbanisme et d'environnement, soient dépossédés de la maîtrise de l'évolution industrielle et environnementale de la zone de Fos ? » 94,8% des votants ont répondus « NON ». Aujourd'hui les urnes ont parlé. Si Fos-sur-Mer est encore en France, on ne peut pas faire abstraction de ce vote, a déclaré le maire de Fos-sur-Mer, René Raimondi juste après la proclamation des résultats.?Il a précisé qu'il allait demander une audience au président de la République Jacques Chirac afin que les voeux de la population soient entendus et le projet d'incinérateur abandonné.