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Le PNUE utilise l'argument économique pour inciter à protéger les coraux et les mangroves

De manière à inciter les Etats à protéger les coraux et les mangroves, le programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) chiffre les richesses issues de ces écosystèmes marins, dans son dernier rapport publié mardi.

Biodiversité  |    |  C. Seghier
   
Le PNUE utilise l'argument économique pour inciter à protéger les coraux et les mangroves
©PNUE
   
Dans un nouveau rapport du programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) publié mardi dernier, la valeur économique et la fonction de maintien de la vie des récifs coralliens et des mangroves sont mises en avant.
Le rapport estime ainsi la valeur économique totale des récifs entre 100.000 et 600.000 dollars par kilomètre carré par an et celles des mangroves à plus de 900.000 dollars par kilomètre carré par an.

Tirés de la publication intitulée In the Front Line : Shoreline Protection and other Ecosystem Services from Mangroves and Coral Reefs*, réalisés par le Centre mondial de surveillance continue de la conservation de la nature du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE-WCMC) en collaboration avec le Réseau international d'action sur les récifs coralliens (ICRAN) et l'Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN), ces chiffres se basent sur le rôle essentiel joué par ces éléments naturels.

La plupart des bénéfices tirés des récifs coralliens et des mangroves résultent de la pêche, de l'exploitation du bois pour la construction et le chauffage, du tourisme et de la protection du littoral.
Ainsi, avec ses ressources, dans un pays comme l'Indonésie, la valeur économique des coraux atteint 1 million de dollars par km2. Les valeurs les plus élevées ont été enregistrées dans les secteurs fortement dépendant du tourisme, note le rapport.
A Samoa américaine, les chercheurs estiment que les mangroves valent un peu plus de 100.000 de dollars par kilomètre carré, soit 50 millions de dollars par an. En Thaïlande, le chiffre est encore plus élevé : la valeur des mangroves est évaluée à 3.5 millions de dollars par kilomètre carré.

Soulignant que ces écosystèmes sont en voie de disparition rapide, le rapport précise que près d'un tiers des coraux ont déjà disparu et que plus d'un tiers des zones de mangroves ont été détruites. Il avertit également que les récifs coralliens subiront une perte de 60 % d'ici 2030 et que le taux de perte des zones de mangroves est supérieur à celui des forêts tropicales.

Même si la capacité des récifs coralliens à protéger la côte des vagues et des tempêtes varie d'un endroit à un autre et dépend de la topographie et de la taille du récif, le rapport considère qu'un récif corallien typique peut absorber 90 % de la force d'impact d'une vague, protégeant ainsi le littoral et les infrastructures contre l'érosion et les dégâts.
Citant des études au Sri Lanka, le PNUE indique qu'un kilomètre carré de récif corallien prévient annuellement contre l'érosion de 2.000 mètres cubes du littoral.
Selon le rapport, les mangroves dispersent les vagues grâce à la résistance qu'exercent leurs racines et leurs tiges multiples. L'énergie d'une vague peut être réduite de 75 % lorsqu'elle passe à travers 200 mètres de mangroves.
Leur dégradation entraîne inversement des frais : le rapport cite les Maldives qui ont investi 10 millions de dollars par kilomètre dans un brise-lames artificiel protégeant les étendues de sable blanc, ou celui d'un hôtel d'Indonésie qui a dépensé environ 875.000 dollars sur sept ans pour restaurer 250 mètres de plages érodées.

Par ailleurs, 30 millions de petits pêcheurs dans le monde en voie de développement sont dépendante, à différents degrés, des récifs coralliens. Aux Philippines, par exemple, plus d'un million de petits pêcheurs dépendent directement des récifs coralliens pour subvenir à leurs besoins quotidiens, rappelle le rapport qui estime que ce type de pêche rapporte entre 15.000 et 150.000 dollars par kilomètre carré par an. Ainsi, en Asie du sud-est, la pêche dans les récifs apporte presque 2.5 milliards de dollars annuellement et dans les Caraïbes, 310 millions de dollars par an.

De plus, soulignant que les poissons de récif représentent un quart de la pêche mondiale, soit une source d'alimentation pour un milliard de personnes, le rapport mentionne que le Sri Lanka gagne un peu plus de 5.5 millions de dollars par an de telles exportations, permettant ainsi à près de 50 000 personnes de subvenir à leur besoin.

Si les poissons de récif sont importants pour la pêche, les mangroves le sont aussi. Le rapport indique que 75 % des crevettes récoltées commercialement au Queensland en Australie dépendent des mangroves et qu'une forêt de mangrove de 400 kilomètres carrés à Matang en Malaisie produit une pêche d'une valeur de 100 millions de dollars par an.

Le rapport rappelle qu'en 2000 les bénéfices annuels nets du tourisme de plongée dans les Caraïbes s'élevaient à un peu plus de 2 milliards de dollars, dont 625 millions de dollars rapportés directement par les activités de plongée dans les récifs. Par ailleurs, il est précisé que les organismes marins contiennent souvent des composés pharmaceutiques utiles. À ce jour, les organismes de récif ont jusqu'ici révélé un agent anticancéreux et aujourd'hui promettent de grandes avancées dans le traitement du VIH.

La tragédie du tsunami qui a frappé l'Océan indien en décembre 2004 a mis au premier plan le débat sur les capacités de maintien de la vie des récifs et des mangroves sains. Mais ce rapport va plus loin, soulignant que leur importance économique, culturelle et sociale va au-delà de tels événements extrêmes, a indiqué, Klaus Toepfer, le directeur exécutif du PNUE. J'espère que les réalités financières contenues dans cette étude transformeront radicalement l'attitude et le comportement des gouvernements, de l'industrie, des autorités locales et des individus, de sorte qu'ils apprécient davantage et conservent mieux ce capital naturel ; afin qu'ils réfléchissent à deux fois à la pollution, aux changements climatiques, au développement peu raisonable et à d'autres pratiques préjudiciables qui minent rapidement la base économique de tant de communautés côtières à travers le monde, ajoute t'il.

Ce rapport a été divulgué le jour de la troisième Conférence mondiale sur les océans, les côtes et les îles qui se tient jusqu' au 28 janvier, au siège de l'UNESCO à Paris et à la veille de la 9ème Session extraordinaire du Conseil d'administration du PNUE/Forum ministériel mondial sur l'environnement qui se tiendra à Dubaï aux Emirats Arabes Unis, début février.
La troisième Conférence mondiale sur les océans se penche sur les obstacles qui entravent l'implémentation des cibles internationales relatives aux océans, aux côtes et aux petits états insulaires en développement. Quant à la 9ème Session extraordinaire du Conseil d'administration du PNUE/Forum ministériel mondial sur l'environnement, elle accueillera les ministres de l'environnement du monde entier pour débattre des questions clés que sont l'énergie et le tourisme.


*Le rapport complet

Réactions1 réaction à cet article

écosystèmes

encore et toujours il faudra marteler que tous les écosystèmes sont interdépendants et nécessaires au bon fonctionnement de notre planète et de nos économies.

jerome Signaler un contenu inapproprié

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