A l'emplacement de l'actuel désert du Sahara, il y a quelques milliers d'années régnait un climat humide et se trouvaient de nombreux fleuves et lacs, dont le Lac Méga-Tchad, explique les scientifiques du CNRS*. Le Lac Méga-Tchad avec plus de 350 000 km2 (soit une superficie équivalente à celle de l'actuelle Mer Caspienne ou de l'Allemagne) est le plus vaste paléolac du Sahara.
Le Sahara n'est pas pour autant un « jeune » désert : d'autres épisodes désertiques antérieurs ont été enregistrés, le plus vieux remontant à 86 000 ans, précisent t'ils.
D'autres indices, trouvés au sein de carottages réalisés dans l'océan au large du continent africain, expliquent les scientifiques, suggèrent l'existence en Afrique du Nord d'épisodes arides antérieurs à ce dernier.
C'est au Tchad et, plus particulièrement dans le désert du Djourab (nord du pays), dans la région de Toros Ménalla, que les chercheurs ont identifié d'importantes formations de dunes fossiles témoignant d'un véritable erg dunaire fossile formé au Miocène supérieur, il y a 7 millions d'années.
Selon eux, ils constituent le plus ancien témoignage direct d'un épisode désertique franc au Sahara, précédant une phase climatique plus sahélienne marquée par la mise en place de paysages verdoyants et de lacs éphémères.
L'identification dans le Djourab d'autres niveaux de dépôts caractéristiques des déserts suggère que le Sahara a connu des conditions arides intermittentes au moins au cours des 10 derniers millions d'années, à l'instar de ce qui a déjà été mis en évidence dans le Quaternaire (de 1,8 millions d'années à nos jours), expliquent-ils dans un communiqué rendu public jeudi soir par le CNRS.
Ces travaux représentent le premier jalon de la reconstruction de l'histoire climatique ancienne du Paléo-Sahara, durant une période encore largement méconnue.
Le Tchad, et plus particulièrement le désert du Djourab (Bassin du Tchad), est devenu une région clef pour étudier l'origine et l'évolution des hominidés anciens. C'est à cet endroit, depuis 1994, que les chercheurs de la Mission paléoanthropologique franco-tchadienne (MPFT) ont mis successivement au jour « Abel », Australopithecus bahrelghazali, premier australopithèque décrit à l'ouest de la Rift Valley puis « Toumaï », Sahelanthropus tchadensis, le plus ancien hominidé connu à ce jour.
*Laboratoire géobiologie, biochronologie et paléontologie humaine (CNRS - Université de Poitiers), Laboratoire domaines océaniques (CNRS - Université de Bretagne Occidentale, Plouzané), Centre de géochimie de la surface (CGS, CNRS, Université Strasbourg 1).
Chercheurs : Mathieu Schuster, Laboratoire Domaines océaniques (CNRS - Université de Bretagne Occidentale, Plouzané), Patrick Vignaud, Laboratoire Géobiologie, Biochronologie et Paléontologie Humaine (CNRS - Université de Poitiers), Philippe Duringer, Centre de géochimie de la surface (CGS,CNRS - Université Strasbourg 1) et Michel Brunet, Laboratoire Géobiologie, Biochronologie et Paléontologie Humaine (CNRS - Université de Poitiers)
**La Mission paléoanthropologique franco-tchadienne (MPFT), dirigée par Michel Brunet, Professeur à l'Université de Poitiers, est une collaboration scientifique entre l'Université de Poitiers, le CNRS, l'Université de N'Djaména et le Centre National d'Appui à la Recherche (CNAR) N'Djaména. Elle regroupe une soixantaine de chercheurs de dix nationalités.