Dans ce cadre, l'ASAM, anhydride succinite d'alkéonoate de méthyle, que vient de mettre au point l'Unité de chimie agro-industrielle* de l'INRA, constitue une alternative intéressante. Dérivé de l'huile de colza et obtenu après réaction chimique avec un anhydride, ce produit est 100 % végétal et non toxique. Au cours du traitement du bois, il présente l'avantage de transformer la cellulose en ester de cellulose, une substance non assimilable par les insectes xylophages dépourvus d'enzymes digestives adaptées. L'ASAM n'est donc pas un insecticide, puisqu'il agit en privant les insectes de leur nourriture favorite : la cellulose. De plus, il permet de réduire les risques de moisissure. Pendant le traitement en effet, la solution huileuse remplit les alvéoles du bois et l'empêche de gonfler grâce à ses propriétés hydrophobes. Outre le remplacement des produits toxiques, cette double action va permettre aussi de valoriser des essences européennes en leur conférant les qualités d'imputrescibilité, jusqu'à présent propres aux bois exotiques comme le Teck, l'Iroko ou l'Ipé.
Actuellement, l'ASAM apporte une protection de classe 3 au bois d'extérieur sans contact avec le sol. Des recherches se poursuivent pour atteindre la classe 4 et protéger le bois en contact avec le sol (poteaux, traverses de chemins de fer, jeux d'enfants dans les jardins publics, etc). L'une des voies testées est de modifier partiellement la structure moléculaire de l'ASAM. Elles portent aussi sur le procédé de traitement à utiliser (chauffage, vide ou pression), de façon à optimiser la pénétration du produit visqueux au cœur du bois et obtenir une efficacité pendant 10 ans. Un système d'injection est également à l'étude pour l'utilisation du produit par les particuliers ou pour le bois déjà en place.
Financés par la communauté européenne dans le cadre du programme “SURFASAM” (2005-2008), ces développements associent des représentants de 1 000 PME/PMI de l'industrie du bois, originaires de plusieurs pays (France, Espagne, Grande-Bretagne, Suède, Roumanie, Estonie, Lituanie). Mais pour qu'ils soient utilisés, il est important de réussir la phase de diffusion des résultats auprès de toute la filière bois européenne. Il faut en effet former le personnel des centres de traitement du bois habitué aux solutions aqueuses, à travailler avec des substances plus visqueuses. Egalement coordonné par l'unité de chimie agro-industrielle, ce plan de formation constitue la dernière étape du projet.
*L'Unité de recherche de l'INRA est basée sur le campus de l'ENSIACET, Ecole nationale supérieure des ingénieurs en arts chimiques et technologiques, et de l'INPT, Institut national polytechnique de Toulouse.