Devant servir de base scientifique à la politique européenne en matière de coexistence de semences transgéniques et traditionnelles, le Centre commun de recherche (service scientifique de la Commission) vient de rendre public une étude sur la présence accidentelle de matériel génétiquement modifié dans les cultures non génétiquement modifiées.
Cette étude a été effectuée par un consortium constitué de l'Institut de prospective technologique (IPTS) du Centre commun de recherche de la Commission européenne, de l'Institut national de recherche agronomique (INRA, France), de l'Université des sciences appliquées de Weihenstephan (Allemagne), et du Desarrollo Agrario y Pesquero (DAP, Espagne). Les cas étudiés concernaient la production de plantes et de semences de maïs, de betteraves sucrières et de coton.
Le rapport conclut qu' il est possible de produire des récoltes respectant le seuil de 0,9% fixé par l'Union européenne, sans grands changements dans les pratiques agricoles en ce qui concerne la betterave sucrière et le coton, si la présence fortuite de matériel génétiquement modifié dans les semences ne dépasse pas 0,5%.
Pour le maïs, certaines mesures complémentaires devraient être prises pour certains champs particulièrement exposés à la pollinisation croisée en raison de leur forme, de leur taille et de leur emplacement par rapport à la direction des vents et aux champs de cultures génétiquement modifiées avoisinants.
Ces changements s'appuieraient sur les pratiques existantes (à savoir l'agrandissement des distances de séparation actuelles entre les champs de production de semences et les champs de production de maïs).
En outre, des mesures complémentaires devraient être prises pour abaisser à 0,3% le seuil de présence dans les semences (par exemple, disposer les parcelles génétiquement modifiées et les parcelles traditionnelles en tenant compte de la direction des vents dominants). Enfin, il ne serait pas possible de garantir une présence accidentelle d'OGM inférieure à 0,1% dans les semences de maïs si les mesures de coexistences étaient limitées à des actions restreintes aux exploitations agricoles individuelles ou à la coordination entre exploitations voisines.
La publication de cette étude intervient alors que la Commission doit publier prochainement un rapport sur les mesures prises dans l'ensemble de l'UE pour assurer une coexistence efficace entre cultures traditionnelles et cultures transgéniques.
Cette publication devrait être transmis à la conférence qui sera organisée conjointement avec la présidence autrichienne pour débattre de la question, et qui se tiendra les 5 et 6 avril, à Vienne. À l'issue de cette conférence, la Commission décidera s'il y lieu de prendre de nouvelles mesures au niveau de l'Union européenne.
Tandis que l'organisation écologiste Greenpeace, a immédiatement dénoncé l'approche de cette étude, on peut en effet constater que malgré un refus majoritaire des OGM par la population, l'UE continue à produire des études d'impact des organismes génétiquement modifiés. Une démarche qui peut certes sembler précautionneuse, mais qui, pour s'inscrire dans la logique du principe de précaution, devrait être associée à un moratoire.