Les défis énergétiques du XXIe siècle nécessitent une action européenne commune, a déclaré dans un communiqué le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, dans le cadre de la sortie du livre vert. L'Union européenne est un élément essentiel dans la fourniture d'une énergie durable, compétitive et sûre aux citoyens européens, a-t-il estimé.
Le premier domaine concerne le marché intérieur de l'énergie. Le livre vert propose de nouvelles mesures pour achever ce marché et notamment : un code de réseau énergétique européen, un plan d'interconnexion européen prioritaire, un régulateur européen de l'énergie et de nouvelles initiatives visant à assurer des conditions équitables, notamment en ce qui concerne la séparation des réseaux par rapport aux activités concurrentielles. Des propositions concrètes seront présentées d'ici la fin de l'année, indique la Commission. Cette analyse constituerait un bilan et un plan d'action réguliers pour le Conseil européen et le Parlement, qui permettraient de suivre les progrès accomplis et de recenser les nouveaux défis et les réponses à y apporter en relation avec tous les aspects de la politique énergétique.
Le deuxième domaine prioritaire s'intéresse à la sécurité de l'approvisionnement sur le marché intérieur de l'énergie. Parmi les mesures éventuelles proposées figurent notamment la création d'un observatoire européen de l'approvisionnement énergétique et la révision de la législation communautaire existante relative aux réserves stratégiques de pétrole et de gaz en vue de pouvoir faire face à d'éventuelles ruptures d'approvisionnement.
Le recours à un bouquet énergétique plus durable, efficace et diversifié, figure parmi la troisième priorité de la commission. Cet objectif pourrait être atteint grâce à l'analyse stratégique de la politique énergétique de l'UE, qui devrait couvrir tous les aspects de la politique énergétique et examiner tous les avantages et désavantages des différentes sources d'énergie, des énergies renouvelables au charbon et à l'énergie nucléaire, estime l'UE.
Afin de garantir la sécurité de l'approvisionnement, tout en respectant le droit des États membres d'effectuer leurs propres choix en matière d'énergie, cette approche pourrait mener à la fixation d'objectifs à l'échelon communautaire en ce qui concerne le bouquet énergétique global de l'UE.
La Commission propose également une série de mesures visant à faire face aux enjeux liés au réchauffement climatique. Un plan d'action sur l'efficacité énergétique devrait être adopté dans le courant de l'année 2006. Il énoncera les mesures que l'Union européenne devrait mettre en œuvre pour économiser 20 % de l'énergie qu'elle consommerait en 2020 si rien n'était entrepris d'ici 2020 et proposera que l'UE établisse une nouvelle feuille de route pour les sources d'énergie renouvelables, qui fixerait des objectifs réalisables à l'horizon 2020 et au-delà et qui permettrait de créer un climat de stabilité pour les investissements et d'améliorer la compétitivité de l'énergie renouvelable en Europe, souligne la Commission européenne.
L'UE estime que le cinquième domaine d'action concerne les technologies à haut rendement énergétique et à faible taux d'émission de carbone (sous entendu fusion et fission nucléaire). Ce marché international en pleine croissance représentera des milliards d'euros dans les années à venir.
Le Livre Vert estime dans sa 6ème action prioritaire de la nécessité d'une politique énergétique extérieure commune. L'achèvement du marché intérieur, la lutte contre les changements climatiques et la sécurité de l'approvisionnement sont des défis énergétiques communs qui appellent des solutions communes, a déclaré M. Andris Piebalgs, commissaire européen chargé de l'énergie. L'heure est venue d'établir une nouvelle politique européenne de l'énergie.
Sur la base des réponses et des commentaires recueillis dans le cadre de la large consultation publique qui aura lieu, et en fonction des conclusions du Conseil européen et du Parlement, la Commission proposera une série de mesures concrètes.
En parallèle à la rédaction du Livre vert par la Commission, le groupe de travail du Conseil sur l'énergie a préparé une nouvelle politique énergétique* qui porte essentiellement sur les questions de l'approvisionnement énergétique.
En France, le Délégué interministériel au développement durable, Christian Brodhag, a mis en place un groupe de travail sur le charbon et a publié un document stratégique intitulé Climate change, energy and sustainable development : How to tame King Coal ?** qui constitue une vue française (mais n'est disponible qu' Anglais!), du sujet « charbon ». Il fait suite au mémorandum de la France pour une relance de la politique énergétique européenne. Ce rapport affirme qu'un recours accru au charbon comme source d'énergie alternative au pétrole est possible, à condition toutefois que la technologie progresse afin de maîtriser les gaz à effet de serre qu'il dégage.
Le recours au charbon ne pourra être compatible avec la maîtrise de l'effet de serre que si un saut technologique majeur est accompli pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, avec notamment des « centrales à charbon vraiment propre », c'est-à-dire avec des systèmes de captation et de stockage du CO2, souligne le Délégué interministériel au développement durable dans un communiqué. L'Europe doit en conséquence, avec les autres grands pays du monde concernés, faire l'effort nécessaire de recherche en la matière et examiner les dispositifs permettant de rendre les centrales à charbon propre efficaces.
La demande énergétique mondiale (et les émissions de CO2) sera en 2030 de 60 % plus élevée qu'aujourd'hui. La consommation mondiale de pétrole a progressé de 20 % depuis 1994, et la demande mondiale de pétrole devrait continuer à croître de 1,6 % par an.
Selon le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, les émissions de gaz à effet de serre ont déjà augmenté la température mondiale de 0,6 °C et, si aucune mesure n'est prise, l'homme sera responsable d'une augmentation comprise entre 1,4 et 5,8 °C d'ici la fin du siècle. Toutes les régions du monde (y compris l'UE) devront faire face à de graves incidences sur leurs économies et écosystèmes.
*http://register.consilium.eu.int/pdf/en/06/st06/st06878.en06.pdf
**http://www.ecologie.gouv.fr/IMG/pdf/KINGCoaldefinitive.pdf