Les nématodes parasites des plantes sont de petits vers ronds de 0,5 mm de longueur en moyenne. Ce sont des microorganismes qui évoluent dans le sol et les racines et provoquent chez les plantes cultivées des maladies de dépérissement accompagnées de différents symptômes : nanisme, retard végétatif, diminution de rendement, voire mortalité des plantes. Les nématodes entraînent donc des dégâts considérables aux cultures, notamment en zone tropicale, et indirectement des nuisances sur l'environnement et la santé humaine du fait des méthodes de luttes employées, notamment l'application de produits phytosanitaires hautement toxiques.
Le plus souvent invisibles, ces nématodes peuvent être disséminés par l'introduction ou l'exportation de produits végétaux lors des échanges touristiques et commerciaux, inter-îles et intercontinentaux. Cette dissémination peut alors avoir des conséquences dramatiques sur les cultures dans des pays où l'économie agricole est le plus souvent fragile. Introduite dans toutes les régions de culture du bananier dès le début du XVe siècle, l'espèce envahissante Radopholus similis, originaire d'Asie du sud-est, a provoqué de gros dégâts agricoles. Il est surtout responsable d'une utilisation massive et chronique de produits phytosanitaires à l'échelon mondial.
Pour limiter ces risques de dissémination la Convention Internationale pour la Protection des Végétaux requiert des gouvernements exportateurs, l'existence d'Organisations Nationales de Protection des Végétaux capables d'établir des certificats phytosanitaires conformes aux normes de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Ces organisations ont donc besoin de bases de données les renseignant sur la présence effective d'espèces parasites, afin de mettre en place des politiques de luttes efficaces, d'où l'intérêt de cet inventaire.
De la même manière, l'émergence de nouvelles espèces peut provoquer des dégâts importants. En Guadeloupe et à la Martinique, le nématode Meloidogyne mayaguensis, provoque le dépérissement des goyaviers. Cette espèce émergente est apparue suite au développement aux Antilles de la culture du goyavier et l'introduction de nouveaux types plus productifs mais plus sensibles. Cette espèce, pour le moment limitée aux zones tropicales, a des capacités parasitaires importantes et présente désormais une menace quant à son éventuelle introduction et acclimatation en Europe.
Ainsi un inventaire comme celui qu'a réalisé l'IRD permet d'identifier les principaux risques liés aux nématodes. Par conséquents, la connaissance des espèces permet d'aider à assurer une surveillance biologique efficace des territoires afin d'éviter l'introduction de nouveaux parasites et leur dispersion, d'aider les producteurs à mener une lutte préventive raisonnée et efficace, d'établir des dispositions réglementaires et de garantir aux pays importateurs de végétaux des produits répondant aux normes.