Pour la banque mondiale, cette tendance devrait se poursuivre aux vues de la croissance économique de ces deux pays. Mais l'institution précise que cette augmentation des émissions a eu lieu en dépit des améliorations d'efficacité énergétique menées par la Chine dans la dernière décennie. En effet, en 1992, un dollar de PIB a été associé à la production de 4,8kg de CO2 alors qu'en 2002, chaque dollar de PIB était associé à 2.5kg de CO2.
Selon Steen Jorgensen, vice-président pour le développement durable à la banque mondiale, cette réalité nous prouve que nous devons trouver des moyens innovants pour engager les principales économies mondiales afin de résoudre le problème global du changement climatique. La banque mondiale s'inquiète surtout des conséquences des changements climatiques sur les pays pauvres. Tous les pays sont vulnérables au changement climatique, explique Warren Evans, directeur environnement de la banque mondiale, mais les pays les plus pauvres sont plus exposés et n'ont pas les moyens de s'y adapter. Le changement climatique risque ainsi d'entraver les efforts de réduction de la pauvreté dans les pays africains dépendants de l'agriculture et dans les secteurs côtiers, explique-t-il. Pour lui, accélérer les initiatives de développement de lutte contre les changements climatiques est un besoin pressant afin d'éviter des désastres humains.
Afin de préciser la situation, la banque mondiale envisage de développer un programme d'analyse pour évaluer et comprendre à quel degré les variations du climat influencent la production agricole, la ressource en eau, la santé humaine dans les pays en développement. Elle prévoit de s'intéresser tout particulièrement à l'Inde, au Brésil, à l'Afrique du sud, au Mexique et à la Chine.
Dans cette optique la banque mondiale et le FMI ont présenté fin avril dans un rapport commun, un cadre d'investissement intitulé « l'énergie et le développement propres » pour amplifier les investissements énergétiques tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Selon ce rapport, les pays en développement et les économies en transition auront besoin d'investissements à hauteur de 250 milliards d'euros par an pour assurer leurs besoins en énergies traditionnelles comme le pétrole et le gaz et renouvelables comme le solaire ou l'éolien. Des besoins supplémentaires évalués entre 8 et 32 milliards d'euro par an seraient essentiels pour réaliser les adaptations rendues nécessaires par les conséquences des changements climatiques.
Pour Robert Watson, conseiller scientifique à la banque mondiale, le problème n'est pas technologique puisque selon lui, nous avons un large éventail de technologies pour la production énergétique et l'utilisation de l'énergie qui peuvent efficacement relever le défi des besoins énergétiques des pays en développement. Le problème viendrait d'un manque d'investissement du secteur privé dans ce domaine.
Monsieur Watson a également rappelé que selon lui les combustibles fossiles continueront à être employés et seront une forme dominante de production énergétique au cours des 20 à 30 années à venir. C'est pourquoi ce rapport encourage l'utilisation dans cette période de centrales thermiques et nucléaires, ainsi que le gaz naturel pour assurer la transition avant que les sources d'énergie renouvelables ne deviennent commercialement viables, a-t-il expliqué.
Les avis divergent encore quant au financement du nouveau cadre d'investissement. Quatre nouveaux instruments de financement sont à l'étude. Il s'agit notamment de financements combinés public/privé ou encore de l'utilisation des quotas de dioxyde de carbone. Des précisions seront apportées lors de la réunion annuelle en septembre à Singapour.